Les Racines du Saule ~2. Le Pétale~

Chapitre 18

C'était décidé, et Nuage de Pétale n'allait pas revenir sur sa décision.
Le Clan Nocturne ne voulait pas que l'on parle des rêves de la Cascade de Nuit ?

Et bien soit, c'était leur problème si leur rêve pouvaient détruire des nuits de sommeils entières. Peu importe ce que le clan des chats morts avait décidé, il parlerait de tout à Nuage Flamboyant, et par la suite, à Nuage d'Averse.
De son rêve, et des deux prophéties.

Il en avait décidé ainsi.

En entrant dans la tanière du guérisseur, l'odeur de la maladie lui frappa les narines et il fronça le museau de dégoût. Comment Moustache de Verdure arrivait-il à vivre dans cet atmosphère de mort ? C'était beaucoup trop lugubre.

Le froid mordant de la saison des feuilles disparues était presque plus accueillant. Pas étonnant que le guérisseur ne dormait presque pas.

Nuage Flamboyant ne semblait pas dormir, elle avait les yeux perdus dans le vide, comme si elle réfléchissait. Moustache de Verdure sortit de la réserve et en apercevant Nuage de Pétale il soupira.

— Ah, tu es là...

Le novice expliqua.

— J'aimerais parler à Nuage Flamboyant juste une petite seconde, je ne dérangerai pas.

— Je suis désolé, déclara le guérisseur d'une voix fatiguée, mais j'ai absolument besoin de toi.

— C'est important, affirma l'apprenti tigré.

Moustache de Verdure le regarda avec supplication.

— Moi aussi c'est important, il faut que tu me rapportes de l'herbe à chat pour Museau Blanc. Elle va vraiment mal, et elle est vielle, tu sais...?

— Mais...

En voyant l'ancienne blanche croupir dans sa litière comme si elle était déjà morte, le coeur de Nuage de Pétale se serra.

— Je ne peux pas la laisser pour aller en chercher, et je crois qu'il en reste près de la Mare aux Rochers. Alors vas-y, s'il te plaît...

Museau Blanc toussa de façon rauque, et durant une seconde, le chat aux yeux bleus crut qu'elle s'étouffait.

Nuage Flamboyant pouvait attendre.

Mais la mort, elle, adorait jouer avec le temps.

— D'accord, je reviens rapidement, acquiesça le novice.

Il sortit précipitamment de la tanière du guérisseur et du camp, sans même saluer Nuage d'Averse qui rentrait d'une patrouille de chasse avec Flèche d'Iris. Les coussinets brûlants, autant par le froid que par l'effort, haletant, les poils dressé et trempé de neige et de transpiration, les moustaches tremblantes, et les oreilles glacés, Nuage de Pétale parcourut la prairie tournoyante jusqu'à la Mare aux Rochers, une toute petite étendue d'eau où les compagnons aimaient venir se prélasser sur les cailloux, et où les chats amateurs de grenouilles venaient chasser.
Mais en cette saison des feuilles disparues, la mare était gelée, les rochers glissants et les grenouilles cachés au fond d'un trou.

Nuage de Pétale s'arrêta de courir, le souffle court. Ses pattes tremblaient, et il chercha rapidement des yeux l'herbe à chat. À quoi est-ce que le remède ressemblait, déjà ?