Les Racines du Saule ~2. Le Pétale~

Chapitre 26

Mistral dépose le campagnol de Pétale au pied d'Azur. Le chaton regarde la proie sans savoir quoi en faire, il lève les yeux vers sa mère en quête de réponse. Celle-ci lui sourit et annonce.

— Tu es assez grand pour au moins goûter de la viande, maintenant. Allez, Azur, goûte ce campagnol.

Tige, allongée dans la paille à côté de lui, est tranquillement entrain de faire sa toilette, et la chatte brune claire lui lance un regard rassurant en souriant.

— Tu vas voir, c'est pas si horrible que ça d'en manger, lui dit la femelle.

Tige est un peu comme une grande sœur pour Azur, ou comme sa tante. Mistral l'a rencontrée peu après la naissance de son grand-frère Pétale, de ce qu'on a dit au chaton. La chatte à la tache blanche sur le poitrail est devenue un membre à par entière de la famille du chat, et Azur n'a jamais vécu sans la connaître. Elle est arrivée bien avant sa naissance, et a aidé Mistral à s'occuper de Pétale lorsqu'il n'était qu'un chaton.
Le chaton tigré de brun se penche vers le campagnol et en prend une petite bouchée. La chair rougie par le sang est froide, contrairement au lait de Mistral, et les os du petit animal craquent lorsqu'il mord dedans. Azur avale difficilement sa première bouchée, et fait une grimace de dégoût.

— C'est pas très bon, se plaint le petit.

Tige rigole et Mistral lui lance un regard mécontent.

— Tu regouteras demain et à chaque lever de soleil qui viennent jusqu'à ce que tu aimes.

— Et... et si j'aime jamais ?, s'inquiète Azur.

— Alors tu seras obligé de manger de la nourriture que tu n'aimes pas jusqu'à la fin de tes jours, pouffe Tige en s'étirant et se levant. Où est Pétale ?, ajoute-elle.

Mistral détourne son attention de son chaton pour répondre à la femelle.

— Il est parti dans les champs pour trouver plus de nourriture.

La femelle ajoute à l'intention d'Azur.

— Si tu ne veux pas du campagnol, on le mangera nous.

— Parti dans les champs !, s'exclame Tige. On devait y aller ensemble pour plus de sûreté, grommelle la chatte.

— Tu dormais, il ne voulait pas te réveiller, explique Mistral en récupérant une bouchée du campagnol.

Tige secoue tout son corps, du bout de la queue jusqu'à ses moustaches, pour se donner de l'énergie, et elle déclare.

— Dans ce cas, je vais le rejoindre.

Azur ne le savait pas, mais les levers de soleil suivants, Mistral aurait complètement oublié sa promesse d'obliger le chaton à goûter de la viande.
Sa mère allait avoir bien d'autres choses à faire.

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Coeur de Pétale se réveilla, et en ne sentant ni la fourrure grise de Pelage d'Averse, ni le chaud pelage de Pupille d'Anis, ainsi qu'un trou d'air à la place de la litière de Poussière de l'Aube, le chat comprit qu'il était déjà tard.

Il se leva et s'étira en baillant, puis fit rapidement sa toilette en regardant autour de lui avant de sortir. Aucuns guerriers n'étaient dans l'antre. Bizarrement, il n'y avait pas plus de chats qui se tenaient près de la tanière des guerriers, ni près de celle des apprentis.
Le félin tigré alla vérifier si les anciens étaient bien là, et en entendant Plume de Mouche rouspéter que les nouveaux guerriers ne s'occupaient plus de lui, il en eut la confirmation.
En se dirigeant vers la cavité principale du camp, le vent ébouriffa son pelage, et la fraîcheur humide de la saison des feuilles naissantes le fit éternuer.
Il se secoua le museau. Ce n'était pas le moment de tomber malade, alors qu'il venait de se faire baptiser guerrier. En arrivant dans la cavité principale du camp, il comprit pourquoi personne n'était là.