Il ne restait plus que deux heures avant l'aube. Avant le départ de Zari. Et Kassyen ne s'était toujours pas pointé.
Assise sur son lit, la jeune femme attendait toujours. Elle n'avait pas quitté la chambre depuis qu'elle était rentrée après avoir aidé Kassyen à échapper aux policiers. Le temps semblait s'être ralenti. Les minutes devenaient des heures et les heures lui paraissaient durer des jours.
Elle avait mis plus d'un mois à retrouver sa trace. Six semaines à voyager sur la Vyra, demandant dans tous les bars si quelqu'un savait où Kassyen Tsekhov se trouvait. Elle n'avait eu aucun indice pendant un long moment. Mais en arrivant à Prerovo, une femme lui avait dit qu'elle l'avait vu à Dnesi quelques jours plus tôt. Malheureusement, le temps que Zari fasse le chemin, il était déjà parti.
Le trouver à Iervana avait été inespéré. À court de pistes, elle s'était rendue ici en entendant parler de la mort du maire, quelques villes plus haut. Et il était là. Après des semaines à voyager, prenant à peine le temps de se reposer, Zari pouvait le voir, courant comme un crétin vers une impasse. Elle avait dû l'aider. Une action contre-nature qui lui avait coûté beaucoup d'effort. Tout comme lui annoncer qu'elle était enceinte. Elle n'avait préparé aucun grand discours et les mots avaient eu du mal à sortir.
Maintenant elle était là, assise, à attendre qu'il prenne une foutue décision.
Une part d'elle voulait partir immédiatement. Si il n'était pas encore venu, cela voulait dire qu'il ne le ferait pas. Cependant, une autre, celle plus pragmatique qui se souvenait des raisons pour lesquelles Zari avait commencé à le chercher, l'empêchait de quitter la pièce.
Zari poussa un soupir et passa une main sur sa tresse, partant de la base de son crâne. Un mouvement que sa mère avait l'habitude de faire lorsqu'elle avait terminé de la coiffer. Zari l'avait repris machinalement, la sensation familière la rassurant quand elle était plus jeune.
Jusqu'à maintenant, elle ne s'était pas laissée envisager ce qui se passerait une fois qu'elle aurait annoncé la nouvelle à Kassyen. Pas vraiment. Si il venait, à quoi ressemblerait sa vie ? Elle n'en avait aucune idée, car imaginer une vie aux côtés de Kassyen Tsekhov était comme imaginer de ne plus jamais manger de kulya de sa vie. Une horreur.
Le regard de la jeune femme glissa jusqu'à l'horloge qui était accrochée au mur. Une heure et cinquante minutes.
Il aimait se faire désirer celui-là. Elle savait qu'il aurait besoin de temps pour digérer la nouvelle. Après tout, Zari avait mit deux jours pour s'en remettre. Mais ça n'empêchait pas toute cette situation d'être dure à supporter pour elle. Elle était normalement très patiente, pouvant attendre des heures dans le noir qu'une cible daigne quitter son appartement. Ce matin, elle n'était pas patiente. Elle voulait bondir sur ses pieds, le retrouver et lui donner la raclée de sa vie pour oser la faire attendre.
Un tic nerveux agitait sa jambe, qui tressautait. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle s'arrêta immédiatement. Elle ne pouvait pas laisser cette situation la déstabiliser. Elle était plus forte que ça. Pour s'occuper l'esprit, elle sortit une dague d'une poche au niveau de son abdomen, et commença à la faire tournoyer dans sa main. Un autre geste habituel qui la calmait, mais qui serait moins acceptable en public.
Un bruit dans son dos la fit se crisper. Quelqu'un était en train de crocheter la serrure de sa fenêtre. Elle jeta un coup d'œil dans le miroir, placé de manière à ce qu'elle puisse apercevoir ce qu'il se passait dans la rue et se détendit légèrement en reconnaissant les traits de l'homme.
Celui-ci entra dans la chambre sans demander l'autorisation, son manteau dégoulinant laissant de grosses gouttes d'eau sur le sol. Dehors, la pluie tombait violemment, rendant plus difficiles les déplacements des policiers qui, elle en était sûre, étaient toujours à ses trousses. Peut-être cherchaient-ils même Zari. Ou plutôt une silhouette se tenant dans l'ombre, et qui avait sauver les fesses d'un assassin.
VOUS LISEZ
The Assassins - T1. Le Royaume des Ombres
Phiêu lưu"Lorsque l'héritier naîtra, les portes du Royaume des Ombres s'ouvriront" La cruauté des hommes a transformé Zari en tueuse. Pour ne plus connaître la souffrance, elle est devenue l'un des monstres qui lui faisaient autrefois peur. Cruelle, impitoya...