1. Zari

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 Le visage dissimulé par son foulard noir, sa capuche relevé sur la tête, Zari sautait de toit en toit, les ombres et la pluie la dissimulant du regard des habitants de Skobah

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Le visage dissimulé par son foulard noir, sa capuche relevé sur la tête, Zari sautait de toit en toit, les ombres et la pluie la dissimulant du regard des habitants de Skobah. C'était le milieu de la nuit. Les seules personnes qui passaient dans les rues sombres étaient des hommes débraillés, sortant d'un bar ou d'un bordel dans lesquels ils s'étaient laissés allés à leurs envies les plus tordues, persuadés que personne n'en saurait jamais rien. Bien sûr ils avaient tord. Les secrets n'étaient pas quelque chose qu'on pouvait garder pour soi à Skobah. Zari en savait quelque chose. Elle n'était arrivée dans la ville côtière que trois jours plus tôt, mais elle savait déjà qui la dirigeait, qui était vendu, et les penchants les plus sordides des officiers et des politiciens.

Cette nuit, Alexander Kotritch, l'homme qu'elle traquait depuis son arrivée, séjournait à la Maison Rose, en apparence, un hôtel dans lequel des touristes mal-informés pourraient s'arrêter, mais en réalité, l'un des nombreux établissements clients du trafic d'esclaves sexuels qui sévissait sur toute la côte du pays. Kotritch était un officier de la police de la ville, mais comme les trois quarts de ses collègues, il était aussi mauvais et coupable que les marchands qui amenaient des jeunes filles à la Maison Rose.

Depuis son perchoir, Zari pouvait apercevoir Kotritch, seul dans une chambre, assis au bord d'un lit. Elle attendit quelques minutes qu'on lui amène une des esclaves. Elle attendit qu'il ferme la porte à clé. Elle attendit, jusqu'à ce qu'il commence à se déshabiller et à s'avancer vers la fille. Puis elle se releva, recula d'une dizaine de pas pour prendre de l'élan et se mit à courir vers le bout du toit. Heureusement pour elle, les bâtiments de Skobah étaient tous très proches les uns des autres, rendant très facile de passer d'un bâtiment au suivant.

Zari atterrit en faisant une roulade sur le toit pentu de la Maison Rose. Elle se figea quelques secondes, s'assurant que les quelques tuiles tombées sur le sol pavé de la rue n'avaient alertés personne, puis, elle alla au bord du toit et sauta pour retomber sur un balcon, deux mètres plus bas. Elle répéta cette action une deuxième fois, arrivant sur le balcon de la chambre de Kotritch. Discrètement, elle sortit ses crochets de sa poche et les enfonça dans la serrure de la porte. Un rictus étira ses lèvres lorsqu'elle entendit le clac caractéristique du déverrouillage. Zari récupéra alors deux de ses dagues, en tenant une dans chaque main et poussa la porte du bout du pied. Elle se glissa dans la pièce, s'approchant silencieusement de Kotritch.

L'officier avait poussé la jeune fille contre le bureau collé au mur faisant face à Zari. Cette dernière pouvait maintenant apercevoir les traits de la fille. Elle ne devait pas avoir plus de seize ans. Ses cheveux noirs étaient soigneusement tressés et elle portait une robe en soie bleue qui la couvrait à peine. La peau brune de ses jambes était couverte d'hématomes. Lorsqu'elle souleva ses paupières jusque-là clauses, ses yeux larmoyants rencontrèrent ceux de Zari. Toute vêtue de noire, trempée, les doigts crispés autour de ses dagues, elle avait de quoi terrifier les femmes les plus courageuses. Elle pouvait voir la peur dans les yeux de la jeune fille, pourtant celle-ci ne dit rien. À sa carrure, il était facile de deviner qu'une femme se cachait sous les couches de tissus noirs. Peut-être était-ce pour ça que l'adolescente ne dit rien alors qu'elle continuait à s'avancer ?

The Assassins - T1. Le Royaume des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant