20. Kassyen

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- Le couvre-feu est instauré ! Veuillez tous vous rendre dans vos habitations avant que les cloches ne retentissent, ou vous serez emprisonnés par les forces d'Artem !

Cachés dans l'ombre, Zari et Kassyen attendaient que le préfet quitte la rue. Assis sur le dos d'un étalon à la robe grise, une main serrant les rênes, l'homme aux cheveux roux répétait cette phrase en boucle. Il était encadré de deux Muets, qui marchaient de chaque côté de lui, leurs regards sans vie rivés devant eux. Partout dans Herzivka, les préfets d'Artem criaient cet ordre.

- Le temple est encore loin ? murmura Kassyen à l'oreille de Zari.

Il ne pouvait pas voir son visage, mais il sentait son corps contre le sien.

- Deux pâtés de maisons, répondit-elle.

Son souffle vint s'écraser contre le cou de Kassyen, dont les membres étaient crispés. Il avait vu avant elle le préfet arriver. Par réflexe, il l'avait attiré à lui avant de la plaquer contre le mur. L'une de ses mains se trouvait contre le mur et l'autre était figée sur sa taille. La zone d'ombre n'était pas très grande, et pour cacher leurs chevaux, ils devaient rester serrés l'un contre l'autre.

- Allons-y, lui intima Zari une fois le préfet disparut.

Ils coururent en tirant leurs montures, traversant une multitude de rues désertes. Au bout d'un moment, Zari ralentit.

- C'est le bâtiment de l'autre côté de la rue, murmura-t-elle.

Elle désigna du doigt une petite bâtisse branlante. Kassyen se demanda si elle plaisantait. Cette maison n'avait rien d'un temple. Avant qu'il ne puisse lui demander si elle se moquait de lui, la Nolie s'élança vers la porte et il fut forcé de la suivre. Zari contourna le bâtiment, puis s'arrêta devant une entrée plus grande, située sur le mur latéral. Elle frappa trois coups réguliers, marqua une pause, puis reprit avec deux coups plus rapides, suivis de deux autres plus lents.

Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur une femme aux cheveux auburn attachés en queue de cheval. De ses yeux bleus, elle les toisa avec suspicion.

- Je ne sers pas les dieux de l'ombre... commença-t-elle.

- Je sers la lumière en agissant tel qu'eux, termina Zari avec assurance.

La rousse s'effaça pour les laisser entrer. Les sourcils froncés, Kassyen emboîta le pas à Zari. L'intérieur était miteux. Les murs étaient effrités et parcourus de fissures menaçantes. Il faisait aussi froid qu'à l'extérieur, ce qui s'expliquait aux fenêtres cassées. Deux hommes étaient assis autour d'une table et jouaient aux cartes à la lueur d'un feu. Le premier était Smoeli et âgé d'une cinquantaine d'années, tandis que le second ne devait pas avoir plus de quinze ans et lorsqu'il pesta contre l'autre, ce fut en varicien.

En entendant les bruits de pas, ils tournèrent la tête vers les nouveaux venus, l'air aussi nerveux que la rousse.

- Lyvia ? quémanda le Smoeli.

- Elle connaît le code, expliqua la rousse en croisant les bras.

- Manni, va chercher notre Amurib, ordonna-t-il.

Le Varicien grogna et lâcha à contre-cœur ses cartes sur la table, puis il partit en courant dans un couloir adjacent pour ramener leur Amurib, ce qui en urwahi, signifiait professeur ou maître.

- Lyvia, va mettre leurs chevaux dans l'écurie.

La rousse attrapa les rênes de Lazeh et voulut en faire de même avec Arez, mais celui-ci renâcla d'un air mauvais. Pour le calmer, Kassyen passa sa main sur sa gorge et attrapa lui-même les rênes avant de les tendre à la dénommée Lyvia. Il frôla ses doigts, et la rousse rougit avant de déguerpir.

The Assassins - T1. Le Royaume des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant