8. Kassyen

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Les policiers marchaient en cadence dans la rue, le bruits de leurs pas se répercutant dans l'atmosphère tendue de la ville. Depuis quelques jours, Iervana était en état d'alerte. Et pour cause, son maire avait été retrouvé mort dans son lit, poignardé en plein cœur. Pour une fois, Kassyen n'était responsable d'aucun des morts découverts ici. Il était arrivé la veille pour un nouveau contrat. Malheureusement, il allait rapidement devoir repartir. Sa tête était mise à prix par la couronne, et il ne pouvait risquer de s'éterniser dans une ville grouillant de policiers.

Il était actuellement installé dans un bar, dissimulé sous son manteau dans un coin de la pièce, sa capuche relevée sur sa tête. Il aurait fait tâche parmi les iervanais, avec ses vêtements noirs dont les multiples poches pouvaient cacher une multitude d'armes, mais ici, il se fondait parfaitement dans le décor. Tout le monde portait un accoutrement douteux.

Depuis qu'il avait quitté Volgosta, six semaines plus tôt, Kassyen avait enchaîné les contrats et avait maintenant récupéré la somme que Zari lui avait volé. Son voyage à Dnesi s'était avéré fructueux. Yukhim Vasylenko n'avait plus aucune concurrence dans la région, ce qui l'avait rendu plutôt généreux. Il avait rajouté deux-cent giraz au prix initial. C'était donc avec huit-cent giraz de plus, que Kassyen avait repris sa route. Route qui l'avait mené ici.

- J'aimerais porter un toast ! s'écria un homme barbu en se mettant debout. Levons nos verres à celui qui a tué le maire ! Que les dieux le bénissent et que Izsyn puisse lui accorder richesse et prospérité !

Tout le monde dans la salle leva son verre en criant. Bande d'idiots.

Il suffisait qu'un seul policier passe dans la rue à ce moment précis pour qu'ils se fassent tous arrêter. Les forces de l'ordre osnoviennes n'étaient pas vraiment connues pour être justes ou clémentes.

- Tu ne lèves pas ton verre, gamin ?

Kassyen tourna la tête vers sa droite. La voix appartenait à un homme d'une soixantaine d'années. Ses yeux verts étaient habités d'une lueur amusée, qui cachait un regard hanté par les décennies qu'il avait vu passer. Ses lèvres étaient étirées en un sourire moqueur qui faisait bouger sa barbe inégale, dont la couleur grise s'accordait à celle de ses cheveux.

Kassyen fronça les sourcils, méfiant. Par réflexe, il déplaça sa main gauche vers sa cuisse, là où une dague était accrochée. L'homme remarqua son geste et éclata de rire.

- Détends-toi, fit-il. J'ai vraiment l'air assez stupide pour attaquer quelqu'un qui a quarante ans de moins que moi ?

- Oui, répondit Kassyen d'une voix grave.

L'autre repartit d'un second éclat de rire.

- Ah les jeunes. Vous êtes vraiment trop marrants.

Kassyen se crispa et jeta un coup d'œil dans la pièce. Quelques personnes avaient tourné la tête dans leur direction, intrigués par ce qui pouvait bien faire rire l'homme. Cela faisait des heures qu'il essayait de ne pas attirer l'attention et ce crétin était en train de tout gâcher.

L'assassin saisit le poignet du vieil homme et le serra, suffisamment fort pour qu'il s'arrête de rire, mais pas assez pour qu'il se mette à crier.

- Ferme-la, grogna-t-il en lui lançant une œillade menaçante.

- Peur de quelques regards, gamin ?

Kassyen contracta sa mâchoire, perdant de plus en plus rapidement patience.

- Eux n'ont pas peur, reprit l'homme en regardant la foule. Enfin, ils prétendent de ne pas avoir peur. Ça les rends stupides et arrogants. La paranoïa et l'agressivité, ça, ça te garde en vie.

The Assassins - T1. Le Royaume des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant