The Assassins - T1. Le Royaume des Ombres

16. Kassyen

Zari était enfermée dans la salle de bain depuis vingt minutes. Elle n'avait pas émis le moindre son, même lorsque Kassyen s'était mis à frapper énergiquement contre la porte pour qu'elle lui ouvre, ni quand il avait commencé à la menacer, ce qui ne lui ressemblait pas. D'habitude, elle surenchérissait toujours en décrivant une mort des plus sordides.

Je vais la tuer.

Kassyen donna un nouveau coup de pied au niveau de la serrure.

- Ouvre cette putain de porte, Nalyensky !

Il avait perdu patience il y a un quart d'heure et avait décidé de laisser court à sa colère. Il se fichait que tous les habitants de cette galerie souterraine puissent l'entendre. De toute manière, la moitié d'entre eux ne pouvait pas comprendre un traître ce qu'il racontait.

Frappé par un énième silence, Kassyen grogna et passa une main dans ses cheveux sous la frustration. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne pouvait pas quitter un interrogatoire alors qu'ils venaient d'avoir des informations et refuser de lui expliquer ce qu'elle avait compris. Elle en savait clairement plus que lui sur ce Royaume des Ombres. Et qu'elle décide de s'en aller sans rien dire, lui donnait des envies de meurtres.

Encore une autre légende de merde, maugréa-t-il intérieurement en se remémorant les paroles du prêtre.

- Je te jure que si tu ne sors pas tout de suite, je vais te... commença-t-il.

Le bruit du loquet de la serrure l'arrêta dans son élan. La porte s'ouvrit d'un coup, laissant sortir une Zari tout aussi enragée que lui. Elle lui envoya un coup de pied dans le genoux, espérant le faire tomber, mais il résista, lâchant tout de même un gémissement étouffé. Cependant, avant qu'il puisse se remettre du choc, elle le poussa violemment contre le mur, son bras plaqué en travers de sa gorge.

- Tu quoi, hein ? Vas-y, je t'en prie, finis ta phrase, cracha-t-elle.

Ses yeux brillaient d'une lueur haineuse. Apparemment, elle n'avait pas apprécié de se faire insulter pendant vingt minutes.

- Non ? poursuivit-elle sans lui laisser le temps de parler. Alors ferme-là ! On sait tous les deux que tu ne me feras rien. Par contre, moi, j'en ai strictement rien à foutre. Tu ne devrais pas oublier que si tu me les brise, je n'aurais aucun problème à te tuer.

Kassyen ricana.

- Vraiment ? Si c'était le cas tu ne serais jamais venue à Iervana. Tu n'aurais pas attendu que je vienne dans ta chambre d'hôtel. Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de mon aide. Et tu n'iras pas plus loin que les menaces, répliqua-t-il.

Le visage de Zari se figea dans une expression colérique.

- Je me demande bien comment j'ai pu penser que c'était une bonne idée.

- On est deux. Seulement je suis au courant, donc n'espère pas te débarrasser de moi aussi facilement.

Les deux assassins se fixèrent en silence durant une minute, n'esquissant pas le moindre geste, que ce soit pour se dégager ou pour s'attaquer. C'était la quatrième fois qu'ils se retrouvaient dans cette position. Kassyen détestait toujours autant être celui qui se faisait menacer. À chaque fois, c'était parti d'un excès de colère l'un contre l'autre. Mais, si la première fois s'était terminée sous les draps, cela n'arriverait plus, et certainement pas cette nuit. Ils étaient trop sobres et trop remontés pour se laisser aller.

Un raclement de gorge sur leur gauche les fit sursauter. Zari s'éloigna vivement de Kassyen, comme si son contact l'avait brûlée. Inna se tenait au bout du couloir, les bras croisés et un sourire amusé étirant ses lèvres.