2. Kassyen

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Kassyen attendait déjà depuis une heure que le comte revienne le chercher. Il était arrivé le matin même à Chivir, décidé à terminer ce contrat le plus rapidement possible pour passer au suivant. Mais Vadesnir avait engagé quelqu'un d'autre. Un autre assassin contre lequel Kassyen allait devoir se battre si il voulait obtenir les dix-mille giraz promis par le comte.

- Quel connard, maugréa-t-il à voix basse en continuant de détruire la table en bois vernis de Vadesnir avec l'un de ses poignards.

Il aurait bien déguerpit, mais il n'arrêtait pas de penser à ce qu'il ferait avec cet argent. Son dernier contrat remontait à deux semaines et il ne s'était fait que sept-cent giraz. Le chiffre offert par Vadesnir était plus qu'alléchant. En tout cas, il était suffisant pour que Kassyen patiente ici depuis soixante minutes.

Alors qu'il était à deux doigts de se lever, un garde entra dans la pièce.

- Le comte est prêt à vous recevoir, dit celui-ci.

Il lança un regard vers la table d'un air réprobateur mais ne fit aucun commentaire. Bonne idée. Kassyen lui aurait sûrement cassé le nez dans le cas contraire.

L'assassin se leva et suivit le garde dans les couloirs, retenant mentalement le chemin pour ne pas se perdre si il devait déguerpir rapidement. Ils marchèrent jusqu'à une porte que l'autre ouvrit sans demander l'autorisation. Le comte Vadesnir était assis à son bureau, les mains croisées sur la surface en bois. En face de lui, se trouvait une femme de dos, sûrement l'autre assassin. En entendant le bruit de la porte, celle-ci se retourna.

Zari Nalyensky.

De tous les assassins qu'il avait rencontré, elle était sûrement l'une des meilleures. Rapide, discrète, efficace, sans pitié. Tant de qualités requises dans leur métier, mais qui la rendaient extrêmement agaçante.

Il ne l'avait pas croisé depuis plus d'un an, toutefois elle n'avait pas changé. Ses cheveux noirs semblaient un peu plus courts qu'avant, mais il ne pouvait en être sûr car elle les avaient noués en tresse. Ses yeux bruns affichaient cette même détermination et colère qu'on trouvait chez beaucoup de criminels. Il détestait l'admettre, mais ne pouvait s'en empêcher à chaque fois qu'il la voyait : elle était diablement belle.

- Nalyensky, dit Kassyen, mettant le plus de mépris possible dans sa voix.

- Tsekhov, répondit-elle, une lueur électrique dans les yeux.

Il avait terriblement envie de la tuer, mais il dut se retenir. Après tout, quoi de mieux que de lui prendre l'argent qu'elle aussi semblait convoiter. Il quitterai Chivir, dix-mille giraz en poche, et elle repartirait en sachant qu'il était plus fort qu'elle.

- Je vois que vous vous connaissez, s'exclama Vadesnir. Bon, comme je le disais à l'instant, celui qui aura Ilchenko le premier, recevra l'argent.

- Il sera mort avant demain matin, dit Zari en se tournant vers le comte.

- Demain matin ? C'est ambitieux ça, Nalyensky, surtout pour toi, s'exclama Kassyen sur un ton de défi.

- Tu te sens pas capable d'y parvenir en une journée, Tsekhov ? Problèmes de performance, peut-être ?

Sa mâchoire se crispa devant le sous-entendu. Il la détestait tellement.

- Tuez-le, c'est tout ce que je vous demande, fit Vadesnir d'un geste dédaigneux de la main. Vous avez deux jours. Ce délai passé, je descendrais de deux-mille giraz chaque jour. Maintenant, si vous voulez continuer à vous chamailler, faîtes-le en dehors de chez moi. Mik, Rohin, escortez-les tous les deux jusqu'aux portes.

The Assassins - T1. Le Royaume des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant