Cela faisait trois jours qu'un déluge quasi-ininterrompu s'écrasait contre le feuillage des arbres, glissant ensuite jusqu'à un sol devenu boueux. Les premières gouttes étaient tombées lorsque Zari et Kassyen se trouvaient au milieu de la Lisov Fieletovny, aussi appelée la forêt pourpre, connue pour ses grands chênes centenaires aux troncs d'un rouge inhabituel. Elle s'étendait de la ville de Chisarav à celle de Dershyn, sur une centaine de kilomètres. Pensant que ce n'était qu'une averse, les deux assassins avaient continué leur chemin, voulant rejoindre le Nord le plus rapidement possible. Seulement soixante-douze heures plus tard, le mauvais temps persistait, et ils étaient tous deux trempés jusqu'aux os.
- Je suis presque sûr qu'on est déjà passés devant cet arbre, s'exclama Kassyen.
Lassée, Zari poussa un soupir en réajustant sa capuche sur sa tête.
- Non, les branches sont plus basses, observa-t-elle en pestant intérieurement.
C'était la quatrième fois qu'il sortait cette même phrase ces deux dernières heures. Lui ne voyait que des copies du même tronc, quand Zari remarquait les nuances qui différaient dans chaque arbre. Elle avait grandi dans la forêt, c'était son élément. Seulement ce n'était pas celui de Kassyen, qui était persuadé qu'ils tournaient en rond.
- Vraiment ?
- Arrête de me poser cette question, répliqua la Nolie. Je suis sérieuse, je vais finir par enfoncer ta tête dans l'un de ces troncs.
Le brun lui jeta un regard noir à la dérobée.
- C'est de ta faute.
Zari grogna de frustration. Si il repartait sur un autre monologue, comme quoi elle était la raison pour laquelle ils étaient dans cette forêt, mouillés de la tête aux pieds, et non en train de boire un thé sous une tente nolie, elle mettrait ses menaces à exécution.
- Change de discours. Ça commence à devenir assommant.
- Non, objecta Kassyen. Si tu m'avais écouté, on en serait pas là. Donc, tant que je ne verrais pas Dershyn à l'horizon, je continuerais à le répéter. On est ici à cause de toi.
- Lequel d'entre nous a un être humain qui grandit dans son corps déjà ? Parce qu'à t'entendre te plaindre, on pourrait se tromper, grommela Zari, de mauvaise humeur.
- Hilarant, Nalyensky, rétorqua-t-il en lui lançant un autre regard noir.
Elle poussa un soupir d'agacement et reporta son attention devant elle. Elle ne savait pas comment elle avait pu le supporter jusqu'ici, mais ce qui était sûr, c'était que sa limite était proche. Une quinzaine de minutes plus tard, alors qu'elle savourait le silence, il lui balança une couverture à la tête.
- Elle est sèche, dit-il sans autre explication.
- Et ça justifie que tu m'agresses avec ?
- Met-la. Tes lèvres commencent à devenir bleues, expliqua-t-il.
La jeune femme considéra la couverture. Celle-ci avait l'air douce et chaude, et Zari était frigorifiée. Elle enroula donc la couverture autour de ses épaules et poussa un soupir d'aise, se sentant déjà plus protégée des intempéries.
Sa main gauche alla se poser sur son ventre sous la couverture. À travers les couches de tissu mouillé, elle pouvait en sentir la forme qui s'était arrondie ces dernières semaines. Elle commençait à être à l'étroit dans son pantalon et elle devrait bientôt acheter de nouveaux vêtements.
Une chose en amenant une autre, elle se mit à repenser à ce que Kassyen lui avait dit lorsqu'ils avaient quitté Tvarni. Ce n'était pas la première fois que son esprit divaguait vers cette conversation. Ça lui arrivait un peu trop souvent d'ailleurs. Le problème était qu'il n'avait pas complètement tord. La plupart du temps, Zari oubliait qu'elle était enceinte. Comme lorsqu'elle s'était faite attaquée.
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The Assassins - T1. Le Royaume des Ombres
Pertualangan"Lorsque l'héritier naîtra, les portes du Royaume des Ombres s'ouvriront" La cruauté des hommes a transformé Zari en tueuse. Pour ne plus connaître la souffrance, elle est devenue l'un des monstres qui lui faisaient autrefois peur. Cruelle, impitoya...