Chapitre 5

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20 Décembre 2014


Je suis fatiguée.

Pourtant, j'ai dormi... un peu. J'ai rêvé de toi et de notre rencontre. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivée. Les souvenirs qui me reviennent sont généralement ceux de ton absence mais pas cette fois.

Je n'arrive pas à croire que je me souvienne avec précision de ce que nous nous étions dit, de ce que tu m'avais fait ressentir, de la façon dont tu avais pris ma défense. C'est difficile pour moi d'accepter que notre histoire n'était pas aussi sérieuse pour toi qu'elle ne l'était pour moi, que tu as joué avec moi, avec mes sentiments. Même si c'est la vérité.

Ça me fait toujours aussi mal.

Je m'étais pourtant promis que, plus jamais, je ne me laisserais assujettir par ton souvenir. Je pensais être assez forte pour pouvoir revenir ici, sans en être affectée. Je me trompais. Tu es là, présent en moi à chacun de mes pas, à chaque mouvement, à chaque respiration. C'est un véritable calvaire à supporter. Un poids bien trop énorme pour moi. Tu me hantes plus que jamais, comme si je n'avais jamais quitté ces lieux. Je me rends à l'évidence, je n'aurais pas dû revenir, mais il est trop tard maintenant, bien trop tard pour faire marche arrière.

Tu me manques terriblement.

C'est comme une sensation de vide intense que rien ne peut combler. C'est plus fort que moi, plus fort que ton absence, plus fort que ma volonté. Je sais que je suis en train de sombrer une nouvelle fois dans la dépression. Je sais que d'ici quelques jours, je n'aurai plus la force de me lever, ni de m'occuper de Lucas ou de moi-même. Je sais que les cauchemars vont revenir et que je vais me réveiller en hurlant en plein milieu de la nuit ou la respiration haletante sans comprendre pourquoi. Je sais que je devrais partir, emmener Lucas loin d'ici autant pour lui que pour moi. Mais pour aller où ? Ma vie entière tient dans ce petit sac de voyage et je ne prends jamais le temps de me poser où que ce soit.

Je n'ai nulle part où aller.

Je n'ai aucun port d'attache et cette vie me convenait, mais je ne peux pas imposer ce train de vie à Lucas. J'ai essayé d'oublier en quittant cet endroit, de recommencer ma vie, de guérir, mais je n'ai réussi qu'à me fermer à mes sentiments. Mon retour m'a fait retrouver certaines sensations, pas les meilleures mais elles me viennent de toi donc je les garde.

Je me tourne sur le côté et je passe la main sous mon oreiller afin de trouver ma position. Mes doigts rencontrent une étoffe et je me redresse pour voir de quoi, il s'agit.

Ton sweater.

Je l'avais oublié celui-là. Il est exactement à l'endroit où je l'avais mis avant de partir. Je n'avais pas l'intention de revenir, mais pourtant j'ai bien pris soin de cacher tous les objets qui me rappelaient ton existence afin que ma mère ne les brûle pas comme elle m'en avait menacé plusieurs fois. Je me souviens de l'avoir porté pendant des mois après ton départ. Je ne m'en séparais jamais. Ça la rendait folle de me voir m'accrocher à ce qui me faisait tant souffrir. Elle ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas comprendre que ça me rassurait. Ça me prouvait que tu avais été réel et pas seulement le fruit de mon imagination. Je me disais que, peut-être, tu reviendrais, au moins pour récupérer tes affaires.

Mais tu n'es jamais revenu.

Je ne t'en veux pas. C'était de ma faute, après tout. Oui, c'était forcément moi. Qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ? Tu m'as fui moi. Pourquoi ? Je n'ai pas encore trouvé de réponse à cette question. Peut-être que tu ne m'aimais pas, ou pas autant que moi. Peut-être que mon amour t'a fait peur, que tu n'étais pas prêt. Peut-être que tu as rencontré quelqu'un d'autre...

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant