Chapitre 23

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25 Décembre 2014

C'est une quinte de toux qui me réveille.

J'ai la gorge en feu.

C'est comme si je me consumais de l'intérieur.

Cette douleur, je la connais bien. C'est exactement ce que j'ai ressenti à mon réveil à l'hôpital. Ce même sentiment oppressant d'impuissance. Chaque fois que le respirateur m'envoyait de l'air dans les poumons, j'avais cette terrible sensation de suffocation. L'oxygène me brûlait comme un brasier. J'avais l'impression que ma poitrine allait finir par éclater comme un ballon de baudruche.

Je ne l'ai plus ressenti depuis que mon père a débranché l'appareil, en tous cas plus avant cette nuit et ça c'est à cause de mon rêve. Comme si j'avais besoin de me rappeler de ce moment pénible de ma vie.

Moi qui espérais connaître la fin de l'histoire, me souvenir enfin de ce qui m'était arrivée, me revoilà au point de départ. Je n'ai fait que revivre le début de ma descente aux enfers.

Je tousse encore une fois dans l'espoir de faire disparaître les dernières brides de mon rêve encore ancrées en moi. Ce qui est étrange avec ma mémoire, c'est que malgré le fait que j'ai totalement oublié une nuit de mon existence, tout le reste semble s'être figé dans les moindres détails, entre le moment de notre rencontre et mon départ précipité la veille du mariage.

Mes souvenirs sont d'une précision d'horloger.

Si bien que je ressens, encore aujourd'hui, ce foutu respirateur me malmener. Tous mes souvenirs, excepté cette maudite nuit et je désespère de savoir un jour ce qui s'est passé exactement, à moins que je ne te retrouve. Toi seul peux me dire ce qui m'est arrivée. Il faut que tu me racontes cette partie de l'histoire.

J'en ai besoin pour guérir, pour ne plus souffrir.

La douleur de mon cœur s'est réveillée. Ta disparition avait laissé un si grand vide dans ma vie que je le pensais impossible à combler. Heureusement, Nathaniel m'a prouvé que j'avais tort. Ce que je ressens aujourd'hui est plus apparenté à une affreuse culpabilité.

Je t'ai laissé tomber.

À trop m'auto-apitoyer, je n'ai pas su voir ce qui était pourtant si évident. Tu ne t'es pas enfui. On t'a forcé à partir. Sais-tu seulement que je suis encore en vie ?

Tu me manques.

Tu étais bien plus que l'homme que j'aimais, tu étais une partie de moi. On était complémentaire et aussi sur la même longueur d'onde. Pour être tout à fait honnête, c'est notre complicité qui me manque, pas l'amour que l'on éprouvait l'un pour l'autre.

Mon cœur appartient désormais à Nathaniel. C'est de lui dont je suis amoureuse et je n'ai plus peur de l'admettre. Je sais que tout a été très vite entre nous mais je n'ai aucun doute à son sujet. Je peux avoir confiance en lui. J'ai envie d'avoir confiance en lui.

Comme j'ai eu confiance en toi.

Je pensais que je ne vivrais plus jamais un amour aussi fort avec un autre que toi. J'en étais arrivée à la conclusion que ma vie n'avait plus aucune valeur. Je crois que tout ça c'était trop d'un coup pour moi. L'hôpital, ta disparition, les accusations qui pesaient sur toi, c'était bien plus que je ne pouvais le supporter et ça m'a menée à prendre de mauvaises décisions.

Mais je vais mieux aujourd'hui.

Ça m'a pris dix ans pour guérir de toi. Dix longues années à me torturer, à essayer de comprendre ce qui avait pu se passer, ce qui avait pu te changer en ce monstre qui m'avait été dépeint.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant