Chapitre 14

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17 Mars 2004

Le calme est revenu.

C'en est même angoissant. Avec le temps, j'ai compris que dans cette maison, le silence n'est pas forcément annonciateur de bonnes nouvelles mais au moins, je sais que l'orage est passé.

J'ouvre les yeux et je fixe mon réveil.

Il ne reste qu'un quart d'heure avant qu'il ne se mette à sonner. Un quart d'heure de calme avant de devoir entamer cette journée. D'un côté ce n'est pas une mauvaise chose car j'ai hâte de retrouver Duncan mais je sais qu'avant ça, je vais devoir affronter ma mère et cette perspective n'a rien de plaisante, au contraire, et j'ai envie de rester cacher au fond de mon lit.

Le soleil éclaire déjà une bonne partie de ma chambre et j'ai l'impression d'avoir essuyé une tempête. Pourtant, la pièce n'est pas plus mal rangée que d'habitude mais rien ne me paraît en ordre comme si c'était moi qui n'étais pas à ma place.

J'ai toujours cette sensation bizarre quand je me sens coupable. Je culpabilise d'avoir provoqué cette dispute entre mes parents, surtout vis-à-vis de mon père mais ma mère... Elle peut être une telle peste quand elle s'y met et même si je sais que je ne suis pas de taille à l'affronter, je ne peux pas m'en empêcher. Je suis consciente que je ne devrais pas entrer dans son jeu, elle est bien plus forte de moi et elle finit toujours par gagner.

Je suis lessivée.

Je n'ai plus la force ni l'envie de passer mon temps à me battre contre elle. Je refuse pourtant de la laisser gagner, sans même protester. Nous allons devoir parler toutes les deux ou plutôt, elle va devoir m'écouter pour une fois et accepter mes choix même s'ils vont à l'encontre des siens.

Nous devons mettre les choses au clair et arrêter cette guerre.

Je baisse les yeux sur la tignasse brune de Lucas, qui dépasse de sous ma couette. Il est venu me rejoindre en pleurs parce que notre mère criait trop fort et que ça le terrifiait. Il a dormi contre moi toute la nuit, de la musique sur les oreilles.

Je lui ôte les écouteurs doucement pour ne pas lui faire peur et il ouvre un œil interrogateur.

- C'est le matin ? me demande-t-il.

- Il fait jour.

- Et est-ce que c'est fini ?

- Je ne pense pas que ça ait duré toute la nuit.

- Je n'aime pas quand ils se disputent.

- Moi non plus, je n'aime pas ça. Mais ce sont leurs histoires d'adultes et nous, on ne doit pas s'en mêler.

- Bah si c'est ça être un adulte, moi je veux rester un enfant pour toujours, comme Jacob.

Sa remarque me fait sourire.

Il a raison cela dit. Malgré tous ses efforts pour paraître un adulte responsable, Jacob à l'air d'un éternel grand enfant.

- Dis Sarah, tu crois vraiment qu'on pourra le revoir Jacob ?

- Bien sûr qu'on va le revoir. Je vais bosser à la librairie, je te rappelle.

- Mais... et Maman ?

- Elle peut bien dire ce qu'elle veut. Je te promets que je ne la laisserai pas nous en empêcher.

Et c'est même hors de question.

Lucas est tellement heureux depuis hier. Je ne me souviens pas de la dernière fois que je l'ai vu sourire comme ça, ni même si c'est déjà arrivé par le passé. Je dois tout faire pour que son bonheur continu même si pour ça, je dois affronter ma mère.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant