Chapitre 28

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18 Mars 2009

J'ouvre les yeux.

Les stores sont baissés et offrent à la chambre une légère pénombre. Je reste immobile, allongé sur mon lit. J'ignore quelle heure il est mais je sais que la journée est déjà bien entamée. Il pleut dehors et j'entends le tonnerre encore lointain de l'orage qui balaie le pays depuis hier.

J'ai encore rêvé de toi.

De notre rencontre et du si peu de temps que nous avons partagé. Tout est encore si vivace dans ma mémoire, ton visage, ta voix, ton odeur, que j'ai l'impression que je te serrais dans mes bras encore hier soir. Cette sensation, je la dois certainement à la bouteille de Whiskey que je me suis enfilé, avant de m'écrouler sur mon lit. Ça m'arrive souvent en ce moment.

Je bois trop.

Ian me le répète à longueur de temps, comme s'il était mon père. Je prends trop de risques. Je ne fais pas assez attention à moi. Je devrais manger mieux et me coucher plus tôt, arrêter de ruminer sans cesse.

Il me parle comme à un gosse.

Je n'en suis plus un depuis longtemps. Je ne lui en veux pas. Après tout, c'est grâce à lui si j'ai survécu jusqu'à aujourd'hui.

C'est lui qui a pris le premier avion pour les États-Unis après l'agression de Deirdre, lui qui m'a retrouvé dans la voiture de Jacob, grâce à la balise de la voiture alors que j'étais en train de me vider de mon sang sur le siège conducteur, lui qui m'a trouvé un médecin, lui qui m'a fait quitter le pays grâce à son réseau, lui qui m'a donné une nouvelle identité, un nouveau visage, une nouvelle vie.

La seule chose qu'il n'a pas pu faire, c'est te ramener à la vie.

Je me redresse péniblement lorsque j'entends la porte d'entrée claquer et la voix furibonde de ma sœur, alors qu'elle s'adresse à notre oncle. Il faut toujours qu'elle vienne me remonter les bretelles quand ce n'est pas le moment. Elle refuse de me laisser dans cet état, comme elle dit. Elle ne comprend pas que c'est la souffrance que m'a laissé ta disparition qui me maintient en vie.

J'ai besoin de toi au quotidien.

Et particulièrement aujourd'hui parce qu'aujourd'hui, c'est ton anniversaire, celui de ta naissance mais aussi celui où tu m'as quitté définitivement. J'ai encore du mal à me dire que tu ne vis plus, que j'ai laissé ta vie s'échapper. Ça fait pourtant cinq ans maintenant. Peut-être que je devrais tourner la page une bonne fois pour toute mais j'en suis incapable.

Je me dirige vers la salle de bain alors que j'entends ma sœur grimper rapidement les escaliers. Dans quelques secondes, elle va entrer dans cette chambre, me faire un nombre incalculable de reproches et repartir en hurlant que je suis le plus stupide des frères de toute la planète.

– Où est-ce que tu te caches ? m'agresse-t-elle à peine entrée.

– Je ne me cache pas.

Je me dirige vers elle en soupirant. J'ai la gueule de bois et je n'ai aucune envie qu'elle se mette à hurler. Ma tête est déjà assez douloureuse comme ça. Elle pose les poings sur ses hanches et me regarde avec un air de réprimande.

– Je voulais seulement m'habiller, avant que tu débarques comme une furie.

– Si tu t'étais levé plus tôt, tu aurais eu le temps de t'habiller.

– Je sais.

– Mais tu es resté au lit à cause de ta petite fiesta d'hier soir.

– J'avais quelque chose à célébrer.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant