Chapitre 26

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18 Mars 2010


Ma chère Sarah,

Cela fait si longtemps que je ne t'ai pas écrit, que j'ignore comment commencer cette lettre. Il s'est passé tellement de chose cette année que j'en ai le tournis rien que d'y penser. À bien y réfléchir, cela fait presque deux ans que je ne t'ai pas donné de nouvelles.

Le temps passe trop vite.

J'ai tellement de choses à te dire sur moi, sur celle que je suis vraiment, celle que tu n'as jamais vraiment connue. Mais j'ai aussi des choses à te dire sur ce qui t'es arrivée à toi, en supposant que tu l'ignores encore, et en quoi je m'en sens encore coupable aujourd'hui. Je crois que je m'en sentirai responsable toute ma vie. J'ai conscience que je n'y suis pour rien mais je n'ai pas su te protéger comme j'aurais dû et, que tu le crois ou non, cela était pourtant mon vœu le plus cher.

En revenant en arrière, je me rends compte que je n'avais pas fini ma dernière lettre. Les évènements se sont tellement bousculés depuis, que je n'y avais plus repensés. Moi qui ne savais pas par où commencer, cela me paraît être un bon début.

Comme la date l'indique, nous étions au début de l'été. Je m'étais installée à ton bureau, comme à mon habitude. De la fenêtre, je pouvais voir Lucas jouer dans sa cabane. Je lui jetais un œil de temps en temps, mais sans vraiment le surveiller.

Quand j'y pense, j'en frissonne encore.

C'est fou comme tout peut basculer, en une fraction de seconde, mais tu es bien placée pour le savoir. Tu en as malheureusement fait l'expérience.

Lucas est simplement tombé.

Je crois que jamais de toute ma vie, je n'ai ressenti un tel sentiment d'impuissance et d'angoisse mêlées. Je me suis ruée dehors aussi vite qu'il m'était possible de le faire. Ensuite, la seule chose dont je me souvienne, c'est d'avoir prié pour qu'il n'ait rien de grave, pour qu'il se relève comme s'il ne s'était rien passé. J'ai cru que la terre se dérobait sous mes pieds lorsque je l'ai découvert inconscient dans l'herbe.

Je crois même que mon cœur s'est arrêté.

Te perdre a été une expérience traumatisante mais si je perdais Lucas aussi... Je crois que n'aurais pas pu y survivre.

J'étais complètement paniquée et je ne savais pas quoi faire, alors j'ai appelé ton père. Il était de garde à l'hôpital et la pauvre infirmière qui avait eu la malchance de décrocher ne savait plus comment me demander de me calmer pendant qu'elle le cherchait pour le prévenir.

Moi, tout ce que je voyais, c'était que mon fils, mon petit garçon, mon bébé, était en train de mourir, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour le sauver. J'ai été tentée de prendre la voiture pour le conduire moi-même à l'hôpital mais j'étais dans un tel état... Sans compter que je prenais des calmants puissants et j'avais, Dieu merci, encore assez de jugeote pour refuser de prendre le risque d'avoir un accident, qui pourrait lui être fatal.

Et puis, il avait fait une chute d'au moins trois mètres.

Je suis partie du principe qu'il devait avoir quelque chose de cassé et son inconscience me confortait dans l'idée qu'il avait quelque chose de grave. J'ai préféré ne pas le déplacer.

Comme ton père était toujours introuvable, j'ai raccroché et j'ai appelé chez les Jensen. Ils ont toujours été nos plus proches voisins et j'avais bon espoir de trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. Malgré le fait que je ne leurs avais pas parlé depuis ton départ, en dehors de Keith et uniquement pour lui demander de tes nouvelles, mais je savais que je pourrais y trouver de l'aide.

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