Remember Me

Chapitre 29

25 Décembre 2014

Je me réveille en sursaut.

Sacha est partit en début d'après-midi et il est presque six heures à présent. Je n'arrive toujours pas à croire que tu lui aies sauvé la vie mais je comprends mieux que vous soyez aujourd'hui si proche.

Elle m'a raconté tout ce qu'elle savait.

Tout ce que tu as bien voulu lui confier, sur tes sentiments pour moi, l'agression de Deirdre, la mort de Kyle, ta fuite avec l'aide de ton oncle, ta déchéance, le décès de Jacob, ton appartenance à un groupuscule terroriste, uniquement motivée par le fait que ça pouvait mettre ta vie en danger. Elle m'a expliqué que ton seul souhait à l'époque était de mourir, ce qui explique que tu aies été, plus d'une fois, blessé au cours des cinq années que tu as passé en Irlande.

Plus je l'écoutais parler et plus j'avais l'impression qu'elle me parlait d'un autre toi, qui m'était complètement étranger. Puis, je t'ai lentement retrouvé lorsqu'elle a abordé ton retour, tes retrouvailles avec Lucas, puis avec mes parents, ton installation dans la librairie, l'arrivée de ta sœur, sa rencontre avec ma mère et Stephen, leur mariage, jusqu'à mon retour, notre dispute et notre deuxième « premier baiser ».

Tu lui as absolument tout raconté.

Excepté ce qui m'est arrivée après que tu sois venu me rejoindre chez moi, ce soir-là. Cette partie de l'histoire, personne ne semble la connaître, sauf toi. Je me demande pourquoi tu ne lui as rien dit. Sacha pense que cela t'était trop douloureux à évoquer. C'est sûrement vrai, à moins que tu aies voulu porter seul le fardeau de ce souvenir, te torturer encore et encore, comme une punition.

Tu m'as parlé d'un accident et je te crois. Sans compter que tu as dit à mon père que tu me croyais morte et que cela était l'unique raison de ton départ, ce qui corrobore cette version mais je me pose tellement de questions encore.

Je passe ma main sur mon visage, en me redressant. Tu es toujours inconscient mais Stephen m'a assuré que tu souffrais moins ainsi. On ne peut pas dire que cela m'ait rassuré mais au moins, la douleur ne te torture pas.

C'est déjà ça.

Ma main vient se glisser dans la tienne. J'ai besoin d'avoir un contact avec toi, de te retrouver après tout ce temps. On en a perdu tellement tous les deux. J'aurais voulu que tu me parles de tout ça dès nos retrouvailles, que tu me dises qui tu étais, ce qui s'était passé...

Je dois avouer que j'ignore qu'elle aurait été ma réaction.

À mon arrivée ici, la semaine dernière, je n'avais aucuns sentiments et je t'aurais certainement envoyé sur les roses. Finalement, tu as bien fait d'attendre que mon cœur se remette à battre. J'accepte un peu mieux les choses, même si mes œillères ont eu du mal à tomber et que la vérité est difficile à avaler.

Je m'en veux terriblement de ne pas t'avoir reconnu. Pourtant, tu as essayé de me le faire comprendre. Je ressasse ces derniers jours encore et encore et à plusieurs reprises, tu as essayé de me parler mais à chaque fois, j'ai trouvé une échappatoire.

Ces dernières années ont été compliquées pour moi aussi.

Je n'acceptais pas que tu puisses être le monstre que tout le monde m'avait dépeint. Je n'acceptais pas de m'être trompée à ce point et j'avais pris la décision de fuir dès que ça devenait trop sérieux, que ce soit en termes de travail, où j'ai fini par opter pour la solitude du free-lance, ou en termes de vie sociale avec des voisins ou de potentiels amis. Ma vie amoureuse n'ayant été qu'un désert aride entre toi et... toi.