Chapitre 32

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J'ouvre la porte a Scarlett qui fronce directement les sourcils en me voyant. J'avoue que je ne dois pas avoir une super mine. J'ai fais un effort, je me suis habillé et même maquillée mais ma fatigue doit être voyante.

Tandis que je referme la porte, elle s'assoit sur mon canapé et prend les magazines. Je la laisse faire en silence, me plaçant à coté d'elle.

Lorsqu'elle relève la tête, une expression indéchiffrable sur le visage, elle balance les magazines sur la table.

- Qu'est ce que c'est que cette merde ?!

La question est rhétorique et je ne réponds pas. Je ne sais même pas quoi lui dire en fait.

- J'arrive pas à y croire. J'arrive pas à croire que tu y crois ! C'est pour ça que tu fais cette tête ? 

Je hausse les épaules.

- C'est que des conneries ça. J'en ai eu des dizaines ou on me prêtait une relation avec Chris et pourtant y'a jamais rien eu. Il faut pas y croire.

- Je sais.. mais...ils ont eu bon pour nous. Enfin, pour moi.

Ma voix se brise. Je sais que j'essaie de me convaincre que c'est pour cela que je ne répond plus à Seb. Alors que ce sont les paroles d'Arthur qui résonnent dans ma tête.

Ma sœur me lance un regard compatissant et passe son bras autour de mes épaules.

- Vous étiez ensemble ? Secrètement ?

- Non. On a jamais été ensemble mais...pour moi c'était...un "peut-être" tu vois. Un très grand peut-être même.

Ca me fait du bien de me confier à Scar, j'ai l'impression de me délaisser d'un poids immense. A vouloir garder ma fierté en niant mes sentiments pour Seb, je me suis retrouvé noyé par eux.

- Je vois...

- C'est pas grave tu sais. J'ai passé ma vie à tomber amoureuse de ceux qui ne m'aimaient pas en retour. C'est rien de nouveau.

- Dis pas ça...Il t'aim...

Je la coupe d'un geste en secouant la tête.

- Non, non. Je ne veux pas entendre ça.  Ca va faire encore plus mal. Peut-être que c'est mieux de tout laisser se finir comme ça. En étant à nouveau des inconnus.

Je prends une grande inspiration, sentant les larmes perler aux coins de mes yeux malgré tout mes efforts pour les retenir.

- Oh...putain pourquoi ça fait aussi mal...?

- Parce que c'était réel. 

Je hausse les épaules à nouveau.

- Le pire c'est qu'il s'en fout, il doit être avec Margarita je sais pas quoi là...

- Tu sais, peut-être qu'il pense autant à toi que tu penses à lui.

- Oui bien sur, je lâche avec un ricanement amer, je te l'ai déjà dis. Je ne suis pas le genre dont on se languit. On passe facilement à autre chose. Arthur en est la preuve.

Ma sœur penche la tête, s'humidifiant les lèvres.

- Arthur ? Pourquoi tu parles de Arthur ?

Je détourne le regard, consciente que je n'aurais pas du le mentionner. Elle va se poser des questions et je vais devoir avouer que je suis à nouveau faible face à lui.

- Oh..tu sais...parce que c'est toujours Arthur.

- Si tu le dis, lance-t-elle, sans vraiment y croire.

-  Si tu savais comme je me sens pathétique... Etre à la limite de pleurer pour quelqu'un qui n'a jamais été mien.

- Dans tous les cas, personne n'appartient à personne. Mais je vois ce que tu veux dire. Ce n'est pas parce que vous n'étiez pas ensemble que tu n'as rien ressenti.

C'est vrai je pense, il n'a jamais été à moi mais le perdre me brise le cœur. Et cela fait à peine une semaine. Comment ce sera dans un mois, un an ? Est ce que ça fera toujours aussi mal ? Est ce que j'aurais toujours l'impression qu'un morceau de mon cœur se détache dès que je pense à lui ?

- C'est sans doute pour le mieux. C'est moins dur que de se retenir à quelque chose qui n'existait pas. 

Je prends une nouvelle inspiration, cherchant mes mots. D'un geste furtif, j'essuie les larmes qui coulent sur mes joues. Ca fait si mal de le dire.

- Je ne peux même pas dire que je l'ai perdu puis qu'il n'était pas à moi. Peut-être qu'il a failli l'être mais dans un autre sens il ne l'a jamais été. Ca aurait pu. Je l'ai aimé...je l'aime, du mieux que je peux, du mieux que je peux aimer quelqu'un avec qui je ne suis pas. Si il l'avait été j'aurais eu quelque chose à laquelle me raccrocher, une certaine clarté m'indiquant la nature de notre relation, mais non. Et tout ce à quoi je peux penser c'est au fait que j'aurais du me lancer. 

Je renifle, n'essayant même plus de retenir mes trop nombreuses larmes. 

- S'il te plait Scar...ne lui dis rien. 

Elle hoche la tête avant de me prendre dans ses bras et je m'y laisse finalement aller. Je laisse aller Arthur et toute cette peine que je n'avais pas évacué, je laisse aller Sebastian, que je n'ai pas envie de laisser partir.  Jusqu'à ce que je puisse me dire d'arrêter d'être mal, de grandir à nouveau et de passer au dessus.


Everything [T O M E 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant