Chapitre 38

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La lumière du jour m'agresse la rétine, me réveillant brusquement. Ma tête me fait si mal et je grimace en regardant la chambre. Ce n'est pas la mienne. Des affaires sont éparpillées un peu partout et je panique, vérifiant si j'ai toutes mes affaires. Les draps à côté de moi sont froissés mais il n'y a personne. Je dois être chez un mec avec qui j'ai couché, je pense en grimaçant à nouveau.

Je ne me rappelle de rien. Seulement que j'ai été au bar avec l'équipe de Vanity Fair et que j'ai bu, beaucoup. Je me lève et manque de tomber, cherchant mes repères quand une musique m'interpelle.

Je sors de la chambre suivant la musique, débouchant sur un couloir avec pas mal de porte. Il doit être riche je pense, un appartement aussi grand a New York coûte une fortune. Le salon apparaît sur ma gauche, avec une immense baie vitrée. Je trouve la tête à gauche et remarque une cuisine où s'attable un homme de dos. Il cuisine en battant du pied, en rythme avec la musique avant de se mettre à chanter.

- With these hungry eyeees ! One look at you and i can't disguise, i ve got hungry eyes !

Je me fige en reconnaissant la voix de Sebastian. Si l'on avait toujours été amis, je l'aurais charrié sur sa chorégraphie et son karaoké. Mais nous ne le sommes plus et je me demande avec angoisse ce qu'il s'est passé hier.

Il se retourne et se stoppe à son tour, la poêle avec des pancakes dans une main, une spatule dans l'autre. Ses cheveux sont ébouriffés et il a l'air encore un peu endormi. Mon cœur se serre et j'attends toujours au milieu du salon.

- Euh... salut. Assieds toi j'ai préparé le petit déjeuner.

Je m'exécute un peu gênée de me retrouver chez lui, m'interrogeant sur la soirée et sur ce qui a bien pu se passer pour qu'il soit autant de bonne humeur. Comment peut-il être assez gentil pour me faire le petit-déjeuner et me laisser dormir chez lui après que je l'ai ghosté ?


- Seb, je demande après quelques minutes de silence.

- Mh ?

Il relève la tête de son assiette en mâchant un bout de pancakes alors que je tapote le bord de la table nerveusement.

- Il s est passé quoi hier soir ?

- Tu ne te rappelles plus ? Tu t'es bourré et je t'ai ramené ici. T'as insisté pour que je dorme avec toi, ajoute t il. 

- Alors.... on a pas....?

Le poids dans ma poitrine s'en va un peu et il ricane en secouant la tête.

- Nan, t'en fais pas.

Je soupire de soulagement et prend ma tête dans mon visage. Je sais très bien qu'il me reste à le remercier et à lui dire que ça ne changera rien au fait que l'on ne va plus se voir.

- Merci en tout cas...

- De rien. Tu restes ce midi ? Il faut qu'on parle je crois.

Je ferme les yeux et secoue la tête.

- Non. Je suis désolée Seb mais... c'est pas possible. Je n'aurais pas du rentrer avec toi et on aurait jamais du se revoir.

Il repose bruyamment sa fourchette et me regarde, les yeux écarquillés.

- Quoi ?! Pourquoi ?

- Parce que, c'est tout.

- Si c'est à cause de Margarita il n'y a rien du tout entre nous je t'assure.

Il essaie de me prendre les mains pensant sincèrement que cela résoudra tout. Si seulement je pense. Mais de l'autre côté, Arthur murmure toujours que cela ne mènera à rien, que je pourrais convenir à Sebastian.

- Je suis d'accord la dernière photo laissait penser certaines choses mais il n'y a rien. C'est juste une amie.

- ... Je sais. C'est pas pour ça.

- Alors c'est pourquoi ?

- Je veux pas te dire.

Je me sens si honteuse de l'avouer même a lui. J'ai honte de me l'avouer a moi même. Je me lève en tremblant et en baissant les yeux pour ne pas faire face à son visage inquiet.

- S'il te plaît reste avec moi. Hier soir tu m'as demandé de rester près de toi, de t'empêcher de partir à nouveau.

- J'étais bourrée et fatiguée Seb

- Si tu pars, je vais m'écrouler. Tu peux pas rentrer dans la vie des gens comme ça et en ressortir sans que ça fasse de dégâts. C'est juste égoïste de penser ça !

Je détourne à nouveau les yeux. Égoïste. Il a raison c'est exactement ce que je suis.

- Je suis désolée...

- Je veux pas de tes excuses ! Je te veux toi avoue t il en se levant.

Mon cœur se brise à nouveau un peu plus - comme si c'était possible. Pourquoi ne baisse t il pas les bras ? Pourquoi il ne me laisse pas partir ? C'est tout ce que je mérite après tout. Il est là à m'attendre alors que je suis partie sans explication.  Je m'en veux à moi même.

- Reste. Pour moi.

- Mais pourquoi tu veux autant que je reste, putain!?

- Parce que je t'aime ! Voilà pourquoi ! Parce que comment je vais faire si tu pars ? 

Je ferme les yeux et serre les poings. C'est bon. Il l'a dit, je suis fixé. Cet aveu me réchauffe et me détruit à la fois. Ca va être encore plus dur de supporter son absence maintenant que je le sais. Je lève le regard vers l'homme qui vient de prononcer ces mots, de se mettre a nu. Malgré sa hauteur, ses muscles, il semble apeuré, minuscule à coté de moi. Son visage, inquiet, attend une réponse que je ne donne pas, sachant que si je lui avoue mes sentiments maintenant, je ne serais plus capable de me retenir. Et je devrais lui expliquer pour Arthur.

- Qu'est ce qu'il y a entre nous ?

- Même moi je ne sais pas pas. Mais ne plus te parler a été la chose la plus dure à faire de toute ma vie, je murmure espérant qu'il puisse lire entre les lignes.

-  Je comprends rien. Tu pars et tu me dis que ça t'a fait du mal. Et je t'avoue ce que je ressens tu ne réponds pas. J'arrive pas à comprendre putain !

- Pourquoi... pourquoi tu ne m'aimes pas comme je t'aime, reprend t il, espérant véritablement une réponse.

Je sens les larmes perler aux coins de mes yeux et prends une grande inspiration pour me contrôler.

- Tu sais ce que je ressens pour toi. Je ressens, je prends une nouvelle respiration, je ressens la même chose. 

- Non ! Arrête de dire ça ! C'est pas pareil que moi. Si tu m'aimais autant, tu serais pas partie sans explication, tu m'aurais pas lâché putain.

Il a raison. Je le regarde prendre sa tête dans ses mains. Je ne peux pas lui expliquer, pas maintenant. Parce que je sais qu'après il me pardonnera. Et je ne veux pas car je mérite sa colère, son dégoût, sa déception. Et lui mérite de trouver quelqu'un de mieux que moi.

Il passe une main sur son visage alors que je me tiens toujours au milieu de la pièce sans rien faire.

- T'avais surement raison. C'est mieux que tu partes, on aurait jamais du avoir cette discussion.

Je baisse les yeux tentant de cacher mes larmes et pars chercher mes affaires. C'est plus dur quand c'est lui qui le fait et je comprends ce qu'il a ressentit quand je suis partie. Sans un mot, je sors en me retournant pour l'observer une dernière fois.


Everything [T O M E 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant