Chapitre 36

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Au même moment, la porte s'ouvre sur lui. Il se fige à son tour alors que nos regards s'aimantent.

- Y/N ?

Je ne réponds pas: il n'y a pas de réponse à donner. Il voit bien que c'est moi. J'ai l'impression que mon cœur va sauter de ma poitrine. La température de la pièce, déjà haute, vient d'augmenter encore selon moi alors qu'il me sonde, ne sachant pas comment réagir. Je ne sais pas comment réagir non plus.

- Bon, Sebastian met toi en place, exige un des superviseurs envoyé par le magazine.

Je le remercie silencieusement, heureuse qu'il coupe ce moment gênant. Sebastian se place dos au décor et je m'installe près de mon appareil photo. 

J'observe mon ami - puis je encore l'appeler comme ça ?- à travers ce dernier. Il porte une veste noire sur une chemise blanche un peu déboutonnée, parfaitement dans le thème noir et blanc. Le tournage de Civil War étant passé depuis longtemps, il a coupé ses cheveux et laissé poussé sa barbe. Ca lui va bien, pensais-je en ajustant le focus. Ses yeux bleus me fixent traduisant un mélange de sentiments indéchiffrables. Je crois que même lui ne sait pas ce qu'il ressent. Après tout, je suis aussi perdue que lui.

- On commence, demande t il me sortant de ma contemplation.

- Mh ? Oui, oui, je règle tout.

Je prends une grande inspiration et zoome pour le prendre en plan serré. Seul le bruit du flash brise le silence au fur et à mesure de la séance, à part quand j'indique à Seb de changer de pose ou à un assistant de changer la lumière. Mon travail me permet de faire abstraction des yeux océans qui me perturbent plus qu'autre chose.

 Mon travail me permet de faire abstraction des yeux océans qui me perturbent plus qu'autre chose

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- Ca vous dit d'aller boire un verre ?

La voix d'un des assistants me sort de mon mutisme dans lequel je me suis enfermé pour arrêter de penser à Sebastian. Je l'observe du coin de l'œil en train de parler avec les stagiaires. Mon sang bat dans mes tempes quand je vois l'une d'elle flirter comme elle peut avec lui. Je ferme les yeux quelques secondes et me retourne vers l'assistant.

- C'est à dire ?

- On va tous boire un verre dans un bar du coin. Si ça vous dit.

- Tu peux me tutoyer. Oui pourquoi pas, je lui adresse un sourire, contente de sortir un peu.

- Mr Stan vient avec nous en plus. C'est pas tout les jours qu'on peut boire avec Bucky Barnes, ricane-t-il.

Si tu savais, je pense en finissant de ranger mon matériel.

- Je vais juste poser mes affaires dans ma voiture, je reviens.

Il hoche la tête et s'éloigne vers les autres assistants. Je galère un peu à porter tout mes sacs, ployant sous le poids. 

- Attends je vais t'aider. 

La voix de Sebastian me fait sursauter et je manque de lâcher mes affaires. Il esquisse un sourire et les prend sans rien dire d'autre. Nous sortons de la salle, rentrons dans l'ascenseur, sortons dans le hall, puis finalement dehors en silence. 

J'ouvre ma voiture et dépose mon précieux matériel. Mon cœur bat la chamade et je me dis que je vais faire une crise cardiaque à force. L'odeur de Seb m'enveloppe alors qu'il s'approche et se penche pour m'aider à tout mettre dans le coffre. Quelques fois, ses cheveux m'effleurent même et je résiste à l'envie de passer mes mains dedans. C'est ce genre de proximité que je ne peux plus m'autoriser.

Je me rends bien compte que je n'ai pas tourné la page. Comment tourné la page d'une personne qui vous faisait sentir à votre place ? 

J'aurais aimé dire que nous étions à nouveau des étrangers, que c'est ça qui m'a fait le plus de mal. Car je me suis rendu compte que nous n'avons plus rien en commun. Sauf que ce n'est pas le cas. Le plus dur est de constater que nous avons cette même alchimie qui nous unissait et nous unit donc toujours. J'essaie de cacher au mieux le sourire irréfrénable qui s'étire sur mon visage et je vois bien que lui aussi. C'est ça le pire: nous sommes toujours aussi complices et cela indique que je dois encore plus m'éloigner.

Ironique n'est ce pas ?

- Merci, je murmure alors que nous repartons vers l'entrée ou nous attendent l'équipe.

Il hoche la tête sans répondre et nous partons chacun vers une personne différente.


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