8.

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Ça lui est complètement sorti de la tête. Le jour des livraisons est de loin le plus pénible de la semaine. Il faut étiqueter tous les paquets et les ranger soigneusement dans la réserve.

Lorsque le camion de livraison se gare devant le magasin, Clara les rejoint et les aide à décharger la marchandise.

- Alors Mila, dit-elle lorsqu'elles sont toutes les deux dans la réserve à étiqueter les cartons, comment s'est passé ta journée de repos d'hier ?

La jeune femme soupire et répond :

- C'était tout sauf une journée repos.

Elle lui raconte tous les événements de la veille, de son enlèvement dans la librairie, jusqu'à l'immense jardin de l'Étrange. Cependant, elle ne parle pas de la subite déclaration de ce dernier. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs.

Clara n'en revient pas.

- C'est dingue ! s'exclame-t-elle. Si tu veux mon avis, ce type est un ancien détenu de l'asile psychiatrique.

Milaine ressent un petit pincement de cœur devant le ton méprisant qu'emploie Clara vis-à-vis de l'Étrange. Elle se force tout de même à rire devant cette affirmation.

Elles en finissent enfin avec les cartons vers quatorze heures et retournent en salle pour aider Samantha à accueillir les clients.

À chaque fois qu'elle entend le bruit de la clochette annonçant que la porte du magasin s'ouvre, Mila lève la tête, s'attendant à voir l'Étrange débarquer et la fixer de ses yeux gris sans dire un mot. Mais l'heure de la fermeture arrive et l'Étrange ne se montre pas. Le jour d'après non plus d'ailleurs. Pas plus que le jour suivant. Et toute la semaine suivante.

- Enfin un peu de tranquillité, a-t-elle dit à Clara.

Mais elle éprouve en réalité un grand agacement. Alors comme ça tu me harcèles depuis des semaines et hop tu disparais dans la nature, pense-t-elle alors qu'elle est au volant de sa 207 récupérée de la librairie pour rentrer chez elle.

Dans son appartement, alors qu'elle avale sans grande conviction un dîner fade, le téléphone sonne. Le fixe bien entendu, car c'est l'Étrange qui a toujours son portable. Ce maudit gars, jure-t-elle en allant décrocher.

- Allô ?

- Mila ! s'exclama joyeusement la voix de Clara. Félicitations ! Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?

La jeune femme se creuse la tête sans comprendre.

- Clara ? De quoi parles-tu ?

- De ton animalerie patate ! Tu viens bien d'acheter les locaux que tu m'avais montrés ?

- Je n'ai rien acheté du tout ! s'énerve Mila. C'est quoi cette histoire ?

Le silence se fait à l'autre bout du fil.

- Tu...tu veux dire que ce n'est pas toi ? demande Clara d'une toute petite voix.

- Qu'est ce que ça veut dire ? questionne la vendeuse qui commence à comprendre.

Elle s'assoit sur son canapé, le cœur battant à tout rompre, le sang battant contre ses tempes. Sa main se cramponne au téléphone comme à une bouée de sauvetage.

- Dis-moi que c'est une plaisanterie ! explose-t-elle. Ne me dis pas que...

- Mila calme-toi... je me suis peut-être trompée, j'ai peut-être mal vu... mais quand je suis passée par les locaux que tu convoites, il y avait une pancarte indiquant qu'ils venaient de se vendre...

Coup de foudre pour un criminel !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant