〔⊱⋅ Le procès du cœur | Terminé ⋅⊰〕

Chapitre 32 : Accepter

Assise sur le canapé, la main bien ancrée dans celle de Kira, Clarke venait de la présenter comme étant sa petite amie. En regardant leur visage un par un, Clarke vit de l'incompréhension, du jugement. C'est à ce moment précis qu'elle comprit qu'elle les avait laissés dans un désarroi sans nom.

Après son accident, elle est restée deux ans dans le coma avant d'avoir son éveil. D'un point de vue médical, c'était digne d'un miracle. Se réveiller après plus d'un an de coma, c'était impossible pour les médecins. Et pourtant, le mot 'impossible' pour Clarke n'existait pas.

Elle avait vécu énormément d'épreuves depuis sa naissance. Celle-ci avait été la pire. Imaginez-vous, en tant qu'adulte, devoir réapprendre à parler, à marcher, tout ça, sans aucun souvenir. Elle avait dû réapprendre des bases qu'on apprenait bien souvent aux bambins.

Elle avait dû vivre dans la frustration, à travers des cauchemars et des crises d'angoisse.

Imaginez, à quel point, Clarke avait été empruntée également au désarroi. Lorsque sa mère lui montrait des photos ou qu'elle lui parlait d'eux. De leur famille, alors que tout cela ne faisait pas écho en elle.

Elle n'était pas idiote, à son réveil, elle avait toujours su qu'elle avait eu un passé, un travail, une famille, des déceptions, des amours, une identité. Qu'elle ait vécue tout simplement, mais son objectif premier était de se concentrer sur elle-même.

Peut-être que ceci avait été égoïste, mais quand nous faisons face à l'inconnue, soit on plonge, soit on reste en sécurité sur la rive. Clarke n'a pas voulu se mouiller, jouant la sécurité. Inconsciemment, elle s'est elle-même protégé. Lors de sa retraite, elle avait énormément réfléchi et elle en avait déduit que si elle avait autorisé cette famille qui se trouvait devant elle à venir la voir, cela n'aurait pas fonctionné, surtout pour sa guérison. Cela lui aurait donné une pression monstre, alors qu'elle n'était déjà pas en état.

Elle avait fui, mais n'était pas lâche pour autant. Pendant que certains vivent en fonction des autres, elle, elle a juste fait tout cela pour son bien-être.

Alors peut-être que cela avait été compliqué pour eux, mais ça avait été compliqué pour elle aussi. Il ne fallait pas l'oublier.

Elle ne sait d'ailleurs pas par où commencer. Pouvait-elle se faire pardonner de son absence ? Tout leur raconter serait-il suffisant ?

Elle ne le savait pas, mais même si son subconscient lui disait de fuir, là, maintenant, elle ne le fera pas. Surtout après s'être entièrement retrouver. Elle avait trop longtemps fui certaines situations par le passé pour recommencer aujourd'hui.

Son regard se pose sur Luna, dont le sien était noir. Elle déglutit, fermant une demi-seconde les yeux, en inspirant longuement pour éviter que les larmes ne coulent, mais aussi pour éviter une nouvelle crise, bien qu'elle sût qu'elle ne pouvait rien faire contre ça. Elle se racle finalement la gorge avant de se lever, rompant le lien entre Kira et elle.

« Excusez-moi... » lance soudainement l'ancienne avocate. « Je dois dire deux mots à Kira. » explique-t-elle alors qu'elle fait signe de la suivre, sortant de la pièce. La blonde s'arrête à un endroit assez discret et se tourne vers Kira. Celle-ci essaye une approche, mais Clarke recule aussitôt.

« Hm, je ne vais pas aimer ce que tu t'apprête à me dire. » devine Kira, en observant simplement le visage neutre de sa petite-amie.

« Je... J'apprécie que tu sois venue, vraiment. Même si je t'avais explicitement dit de rester à l'hôtel... » commence-t-elle doucement.

« Pour ma gouverne, ta mère m'a appelée et au vu des regards malveillants, je veux être là pour toi. » Explique Kira.

« Je sais et je suis totalement reconnaissante de ton soutien, mais... Je... Je dois le faire seule. » souffle Clarke alors que Kira grimace. « Je sais... mais comprends les, ils ne s'attendaient pas à me voir en couple. Je les déçois, et ce, depuis deux ans. » dit la blonde alors qu'elle baissait la tête. « Alors s'il te plait, laisse-moi faire face à cette situation seule. » finit-elle en relevant le regard.