Manipulative

Chapitre 16 : Dévorée

Face à nos propres cauchemars, les choix sont restreints : se battre ou s'enfuir. On espère trouver la force de lutter contre nos peurs. Mais parfois, on fuit malgré soi. Et si le cauchemar nous poursuit, alors ou peut-on se cacher ? Heroes

Circé

Les cauchemars sont souvent le fruit de notre imagination, mais lorsque ce sont des souvenirs ça rends les choses plus compliqué. Il ne suffit pas de se dire que « Calme toi ça n'existe pas » comme lorsque nous imaginions un monstre vert caché sous notre lit qui nous tirait par les pieds en plein milieu de la nuit, car si ça a réellement existé.

La bouche pâteuse et le corps en sueur, j'ouvre les yeux, mon cerveau embrumé met quelques instants avant de se rappeler les événements passés.

Dans le coin de la pièce, une silhouette endormie est assise dans un fauteuil, après un léger temps d'ajustement de ma vision, je reconnais Andrea. Les jambes croisées, la tête reposant sur son bras droit lui-même reposant sur l'accoudoir, il arbore un visage détendu.

Les lèvres entrouvertes laissant entendre un léger ronflement, et la cage thoracique qui se soulève à intervalle régulier, je me surprends à vouloir retracer les contours de sa bouche. Fasciné par son corps exposé par une chemise déboutonnée, mon regard dévie sur ses abdos parfaitement ciselés que j'adorerais sûrement lécher. Une vraie tentation.

Ce n'est que lorsque jusqu'à que sa voix grave vient effleurer mon esprit, que je remarque qu'il s'est réveillé.

- Bonjour, la vue te plaît ?

- Amusée, je souris et réponds : Bonjour, j'ai vu pire.

- Tu te sens mieux ?

- J'ai chaud, mais ça va.

- C'est le poison qui t'a donné de la fièvre, mais elle a déjà pas mal baissé. La dose qu'on t'a administrée n'était pas mortelle s'était simplement pour te mettre KO. Ça n'a pas l'air de te choquer, tu sais pourquoi cet homme à fait ça ?

- Oui

- Qui est-il ?

- Ma réponse n'a pas changé ça ne vous regarde pas. Dis-je d'une voix autoritaire.

- Il inspire profondément, se lève et vient se positionner juste devant moi. Son regard bleuté encré dans le mien. Ça a un lien avec Damian ?

- Ma respiration se coupe à l'entente de ses 6 lettres, je déglutis et tente de répondre avec un visage que j'espère neutre : Qui est-ce ?

- Bizarre que tu ne le connaisses pas étant donné que c'est le prénom que tu à hurler pendant ton sommeil.

- Ça doit être un prénom d'un personnage imaginaire de mes rêves. Tu sais celui d'un beau surfer qui me ferais vibrer. Je lance sarcastiquement pour m'éloigner du sujet.

- Tu ne semblais pas emprunte à un rêve mais plutôt à un cauchemar si tu veux mon avis. Assise sur le côté du lit, il prend mon visage en coupe et se baisse pour que nos corps ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Tu es bien plus cassée que ce que je pensais. Ton caractère et ton assurance donnent l'image d'une femme forte, mais au fond, tu es terrifié par je ne sais quoi et c'est en train de te ronger de l'intérieur.

Je recule et me lève perdu par ses paroles qui me donnent l'impression d'être nu bien plus que si je l'étais physiquement.

- Je dois rentrer chez moi.

- Vas-y continue à fuir.

La respiration saccadée et le cœur lourd, je sors de la villa et monte dans ma voiture. Les mains tremblantes agrippées au volant comme si c'était la seule chose qui m'empêchait de tomber dans l'abysse, le paysage défile promptement devant moi, telles les pensées qui assaillent mon crâne.

J'ai la terrible sensation d'être faible, car sinon il n'aurait pas pu me percer à jour si facilement. Je n'ai plus le contrôle sur ce que je renvoie de moi-même et je déteste ça. Il a raison mes angoisses sont comme des vers me dévorant de l'intérieur. J'aimerais avoir le courage de lui demander de me sauver, mais je ne peux pas, car lui révéler la vérité lui donnerait également le pouvoir de me trahir.
Lui et moi sommes comme un soigneur et un animal sauvage. Je voudrais lui faire confiance, mais mes instincts me rappellent sans cesse les dangers de l'homme.

Arrivée à l'appartement, mon regard porte immédiatement sur un bouquet de fleurs violettes qui contraste grandement avec ma table blanche. J'attrape mon flingue et parcours toutes les pièces à la recherche d'un intrus, mais il n'y a rien, je retourne donc au salon. Les fleurs sont disposées en longues grappes dont les pétales formes des sortes de casques elle ne ressemble à aucune variété dont j'ai connaissance. Après, avoir soulevé le bouquet avec un torchon en guise de gant afin de ne pas toucher les fleurs directement, j'aperçois un mot dont l'écriture manuscrite ne met pas inconnu. La panique m'envahit et les larmes menacent de ruisseler sur mes joues.

« On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. 3 ans, c'est assez froid pour toi ?
Ps : Ces fleurs sont de l'aconit napel, du poison, mais tu dois avoir l'habitude ces derniers temps.
D. »

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