Chapitre 17 : Génitrice

3.6K 149 41
                                    

On peut oublier son passé, mais cela ne signifie pas que l'on va s'en remettre.
Frédéric Beigbeder

Andrea

Début du Flash-back

Comme tous les jours, je rentrais du collège en traînant les pieds. Pour les autres enfants, la maison était signe de sécurité, un endroit paisible où règne l'amour du moins, c'est l'idée que je m'en fais. Malheureusement, pour moi il en est tout autrement, je vis seul avec ma génitrice, je la nomme ainsi, car elle ne mérite pas le terme de « mère ».

Les clefs tournent dans la serrure et la porte s'ouvre, l'odeur de la marijuana me prend à la gorge.

- Matt, c'est toi ?! Hurle ma génitrice.

- Non, c'est moi. Aucune réponse.

Je retire mes chaussures dans l'entrée et part déposer mon sac dans le salon. J'ai bien conscience que malgré mes efforts la maison est dans un état dégueulasse, la vaisselle sale s'entasse dans le lavabo, des miettes et de la nourriture qui doit dater de ce midi trône sur la table, des tâches d'alcool sont visibles sur le canapé et le tapis. Ma mère regarde la télé allongée une bière dans une main un joint dans l'autre. Son maigre corps ne prend qu'une toute petite place sur le canapé marron.

- T'aurais pu au moins ranger ce que tu as mangé à midi. Je lance excédé.

- Pourquoi je le ferais ? T'es là non ? Faut bien que tu serves à quelque chose à part me coûter de l'argent.

L'alcool et la drogue, c'est ça qui coûte de l'argent. Ce n'est pas le t-shirt à 2$ qu'elle m'a achetée il y a 4 ans qui l'a ruinée.

- Il y a quelqu'un qui vient après t'a intérêt à être sage.

- C'est qui ?

- Un ami. Traduction un camé.

Le frigo étant vide, j'avale une barre de céréale que j'ai trouvé au fond d'un placard et monte dans ma chambre. Celle-ci est simplement composée d'un matelas posé à même le sol et d'une petite commode où je range mes quelques vêtements. Après plus d'une heure passée devant mes exercices de maths, j'entends l'affreuse voix de ma mère me crier de descendre.

J'arrive dans le salon. Un homme s'y trouve, il doit avoir au moins 30 ans, il est grand et bien portant son pantalon est tâché et sent la cigarette. Un étrange sourire est plaqué sur son visage et un frisson parcourt mon échine.

- Dis bonjour Andrea, je ne t'ai pas élevé comme ça !

- Bonjour.

- Bonjour, petit, je m'appelle Matt. Dit-il en se baissant pour être à ma taille.

Ma mère semble nerveuse, elle se triture les mains de façon inhabituelle, je la fixe et je vois passer dans son regard une étrange émotion. De la culpabilité.

- Vous avez 1 h. Dis ma mère stressée en se dirigeant vers la porte à la hâte.

- Je hurle : Où tu vas ???! Elle ne se retourne pas et ferme la porte à clef emportant également mon trousseau.

ManipulativeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant