Manipulative

Chapitre 19 : Les deux faces d'une même pièce

« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. » Oscar Wilde

Circé

Une tueuse. On m'avait appris à tuer depuis l'enfance et j'ai fini par y prendre du plaisir. 

Voir s'éteindre la dernière étincelle de vie dans les yeux de mes victimes, lorsque ma lame tranche leurs tendres chaires est jouissif. L'extase. Le contrôle total, le choix de la victime, de la méthode, du lieu. Un jeu.

Pourtant, contrairement à ce que l'on peut croire, je ne suis pas dénuée de sentiment, la colère, la tristesse, la pitié ou encore l'amour, je peux tout ressentir. Cela, ne rend t-il pas la chose encore plus horrible ? Savoir, qu'aucun trouble psychologique ne justifie mes actes.

Damian n'est pas le seul à être un monstre, et je compte bien le lui montrer. Tu as noirci mon cœur alors, je compte bien arracher le tien.

La chasse va s'inverser, parce que tout ça dure depuis bien trop longtemps, alors prépare toi mon amour, car bientôt, je tiendrais ton cœur encore palpitant entre mes mains.

Depuis la lettre, je n'ai pas remis un pied dans mon appartement, on a violé mon intimité, impossible de me sentir en sécurité là-bas. C'est donc dans un hôtel du centre-ville que je passe mes nuits. Une chambre plutôt confortable, bien que trop colorée, des murs bleu pastel, une parure de lit jaune et un affreux canapé vert. Le décorateur, était-il daltonien ?

Allongée sur le canapé un verre de vin rouge à la main, j'analyse la toile immonde en face de moi serait-ce un clown ? Un ballon ? Un ovni ? Les couleurs criardes se mélangent au centre du tableau, formant une masse ronde.

Agacé par mon incapacité à comprendre, l'œuvre mon cerveau vient aborder un autre sujet.

Bien que je sois une guerrière digne du Valhalla, je suis ne suis pas sotte, me battre seule serait une folie, il me faut des Hommes, une putain d'armée.

Demander à Andrea ? Il voudra forcément quelque chose en échange.

De l'argent ? Il est déjà plein aux as.

Que désir t-il ?

Le pouvoir ? Bien sûr, tout le monde veut du pouvoir, la Rosa Blanca, c'est ça ma carte à jouer.

Et Paolo ?

Est-il vraiment celui qu'il prétend être ?

Si c'était un piège envoyé par Damian?

Est-ce que je peux lui faire confiance ?

PERSONNE, tu ne peux avoir confiance en PERSONNE Circé.

N'ayant rien avalé depuis la veille au soir, j'enfile des bottines à talons et mon long manteau en laine vert émeraude qui permet de cacher mon revolver ainsi qu'un magnifique couteau au manche incrusté de rubis. On n'est jamais assez prudent.

J'avance vers le restaurant italien qui fait l'angle entre Lake Street et Oak Street. La nuit, est tombée depuis un moment, mais la rue est toujours très animée.

Un stand ambulant, vend des ballons en forme d'animaux, un petit garçon au visage angélique tente d'amadouer ses parents afin qu'ils cèdent devant le magnifique éléphant gonflé à l'hélium.