Sa Protégée pt4

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La pause se termine, la journée reprend son cours, j'ai livré le merdeux, et maintenant je ramène Lola chez elle.

-Tu n'as toujours pas cherché tes pa...

-Non. Je ne les chercherais pas.

-Manon, ils sont ta famille.

-Non! Ma famille c'est toi et Felicie, c'est le cartel dans lequel je suis! Mais ce n'est certainement pas eux!

-Manon...

-J'ai dis non Lola! Quelle famille abandonne un de ses membres? Quelle famille ose mettre à la rue un de ses membres?! Hein?!

-Aucune.

-Alors pourquoi je les chercherais?! Je m'acharne sur ce volant, je roule seule, un convoi serait trop visible. Pourquoi je chercherais des gens qui ne veulent pas de moi?!

Elle reste silencieuse, et enfin je la dépose chez elle, je reste dans la voiture, je ne prend pas le risque de m'approcher de sa famille, même si la seule envie qui me prend est de me jeter dans leurs bras. Je reste dans la voiture. Et je rentre. Je fais plusieurs détours pour ne pas être suivie, et quand j'arrive enfin, je monte sans un mot dans la chambre, je claque les portes, personne ne parle, et je reste seule.

Deux ans, deux ans que ceux que je pensais appeler ma famille ne veulent plus de moi. Deux ans que j'ère comme un fantôme en ville. Et six ans que mes parents m'ont laissé, ils m'ont donné à ma grand mère, car ils ne voulaient simplement plus de moi. Et à mes seize ans, elle m'a jeté à la rue, comme une malpropre. J'ai du habiter dans une vielle baraque abandonnée pendant six mois, la famille de Lola m'a accueilli jusqu'à ce que je tombe entre les mains de Preto.

Et ça, ça il ne le sait pas, il n'a aucune idée de ce que j'ai vécu. Il n'a aucune idée que je suis l'enfant dont personne ne veut, parce que j'étais trop colérique, trop méchante, trop distante. Alors la vielle en a eu marre de moi, et le jour de mes seize ans, elle m'a poussé hors de sa maison, et hors de sa vie.

J'ai trouvé une maison abandonnée, et j'y ai trouvé un lit, des armes, et un brin de chaleur. Pendant ces six mois j'ai disparus de la civilisation, j'allais au lycée une fois par semaine. Pour que Le Chacal ne m'enfonce encore plus dans mon silence, pour qu'il se moque de moi, de ma maigreur, de ma santé qui ne faisait que pourrir.

Et Lola m'a accueilli, sa famille m'a montré ce que c'était une vraie famille, ils m'ont remis sur pieds, ils m'ont donné de l'amour, et, le temps de quelques mois, j'ai eu des parents, une sœur, et même un petit frère. J'ai appris a me débrouiller toute seule, et j'ai plus appris durant ces 18 mois que depuis ma naissance.

Et quand j'ai croisé les yeux de Preto ce soir là, j'ai su que je n'allais plus jamais le quitter. Son regard froid, son visage impassible, la mort dans ses yeux, c'est ca qui m'a attiré. J'ai mis un de ses hommes a terre, avec un seul doigts, un seul point de compression et en quelques secondes il dormait. Et j'ai fuis, je suis retournée dans ma vielle bâtisse, et j'ai attendu qu'il vienne me chercher.

Et quand enfin il est venu me chercher, il n'a pas eu a me tenir ou a me pousser dans le coffre de sa voiture. Je m'y suis installée de moi même, et je suis restée silencieuse, je n'ai ni crié, ni pleuré, ni frappé. J'ai marché de moi même jusqu'à ma cellule et je me suis installée dans un coin en boule. Et quand il voulais que je parle alors là je parlais, je regardais un point imaginaire dans ses yeux, j'y trouvais refuge et ne les lâchais pas, ils étaient devenus ma nouvelle maison.

Et comme le dit si bien Le Chacal, je suis un fantôme, je ne mangeait pas, je buvais, je ne dormais pas, je comptais. Et même lorsque je voyais la mort m'approcher dans les yeux bleus de Preto, je ne flanchais pas, j'y trouvais quand même un échappatoire. Lorsque sa main passait autour de ma gorge je m'endormais, avec l'espoir qu'il m'arrache enfin a cette vie.

La Folie Des Rêves.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant