La Folie Des Rêves.

Sa Protégée pt1

Onze

Douze

Treize

Treize pas...il lui faut exactement treize pas et quinze secondes pour passer de la chaise, sur laquelle il est assit, au comptoir de la cuisine.

Il faut trente quatre secondes au café noir pour remplir la tasse.

Treize autres pas...non finalement, il lui en faut trente sept pour se diriger vers le canapé avant de s'y affaler. Toujours à la même place, sur la place de gauche.

Dix-sept petits cercles de cuillère dans le liquide brun foncé, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre. Un café sans sucre, à dix heure neuf du matin, tout les jours.

Je reste assise à l'observer, comme je le fais si bien. Ma vision capte absolument tout, de la moindre poussière qui passe dans un rayon de soleil, jusqu'à la feuille qui tombe de l'arbre au fond du jardin.

Mon ouïe entre en action. Alex. Ses pas lourds qui viennent de sa chambre, soixante dix-huit pas jusqu'à la même cafetière.

Comme à son habitude le dimanche, il se lève à dix heure, il lui faut neuf minutes pour émerger de son lourd sommeil.

-T'as ronflé. Dis-je avec un air presque agacé.

-Qu'est-ce t'en sais? Tu dors à l'autre bout de la maison. Me répond t'il, avant de laisser couler le même café.

-Alex je te rappelle qu'elle ne dort pas. Lance un troisième homme, Greg, en activité depuis six heure vingt six du matin.

-C'est pas possible, t'es un vampire ou quoi? Sérieux mec, ta meuf est flippante. Lance Alex, il ne répond pas.

Il s'est mit à bouger hors de la chambre à cinq heure et quatre minutes. Il ne répondra pas, il ne parle pas avant d'avoir finit son quatrième café dont il ingurgite la malheureuse dernière goutte, qui glisse sur ses lèvre.

-La ferme. Ose dire ça encore une fois, et ton corps sera entre les racines de cet arbre. Dit-il finalement, en désignant le saule pleureur qui trône au fond du jardin.

-On fait quoi aujourd'hui? Demande Greg, pour changer de conversation.

-On se prépare pour demain. Amore ?

-Je sais. Dis-je sur un ton neutre, je sais déjà ce que j'ai a faire.

Huit mois...huit mois, dix-sept jours, dix heures, quinze minutes et quarante-cinq secondes...quarante-six qu'il m'appelle comme ça.

Je me lève et marche jusqu'à ma chambre...notre chambre. Il me faut quatre-vingt deux pas pour atteindre la porte. Je suis réveillée depuis cinq heures et huit minutes, soit quatre minutes après lui.

Je compte absolument tout, j'observe et retiens absolument tout. Mon cerveau est en constante réflexion, chaque chose à sa place, et chaque place à sa chose.

Dormir m'est une épreuve chaque nuit, je pense trop...beaucoup trop. Et chaque soir, c'est la même histoire, je ne peux enfin m'endormir qu'une fois que je suis dans ses bras.

Un de ses t-shirt est posé sur le lit, il en laisse toujours un...toujours. Je quitte le mien, me retrouvant en soutien gorge le temps d'enfiler le siens.

Je m'allonge de son côté pour sentir son odeur, une odeur d'homme, de musc, de bois, et une pointe de tabac. Je ferme les yeux, j'ai déjà compté trop de choses ce matin, j'en ai mal à la tête.

Je suis un vrai disque dur à moi toute seule, c'est moi qui vérifie que les comptes ont bien été faits. Je garde en mémoire le moindre détail, le moindre petit accros sur une voiture, le moindre centime dépensé.