Chapitre 44

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PDV ELÉA

Samedi 10 juin 2017

20 h

Cela faisait trois semaines que Ken était parti.

Tout autour de moi me faisait penser à lui.

J'étais chez lui, avec ses potes. Il ne manquait que le brun à l'appel.

Je reconnectais en entendant Mika m'appeler doucement.

《 Rubis ?

- Oui ?

- Il nous manque tous, mais ne t'en fais pas, il va revenir. 》

Je hochais la tête et tentais tant bien que mal de me reconcentrer sur Violette et Mo. Ce dernier avait enfin sauté le pas de nous annoncer officiellement qu'une jolie brune partageait sa vie et avait décidé de nous la présenter ce soir.

Elle était magnifique et ne cessait de rire aux blagues de Mo, pour son plus grand plaisir. Violette semblait tout de même être quelqu'un d'assez timide et réservée, tout le contraire de son copain.

Une vingtaine de minutes plus tard, je partis remplir mon verre d'ice-tea dans la cuisine et croisais Violette, elle aussi à court de boisson.

《 Mo m'a dit que tu bossais dans la comptabilité. Tu bosses où exactement ? Demandais-je pour briser la glace.

La brune se mit à fixer ses pieds et ses joues rougirent.

《 J'ai mon propre cabinet. Répondit-elle. Je gère les comptes de diverses entreprises ou de cabinets médicaux.

- Ce n'est pas trop dur ?

- Non, ça va. En général, ils me donnent tous les papiers, je n'ai pas besoin de leur courir après pour récupérer des documents.

- Tant mieux, c'est toujours mieux. Moi, je n'ai jamais rien compris à la paperasse. 》

Violette replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille et rit timidement.

《 J'ai entendu tes sons sur Instagram, j'adore ta voix. Confia-t-elle. Tes textes aussi sont superbes. 》

Ce fut mon tour de rougir.

《 Je te remercie. Dis-je, émue. C'est la première fois que quelqu'un d'extérieur à mon entourage me le dit. 》

Nous échangeâmes un sourire.

《 Bah alors Rubis ? Rit Mo en arrivant dans la cuisine. Je ne t'ai pas invité pour que tu me voles ma meuf.

- Ah bon ? Répliquais-je, faussement surprise. Je croyais. Bon et bien tant pis, je finirai seule avec une ribambelle de chats.

- Toi ? Seule ? Je n'y crois pas une seule seconde. Le fennec ne lâchera pas le morceau. 》

Ne remarquant pas la perte soudaine de mon sourire, Mo prit la bouteille de whisky qui traînait sur la table et sortit de la pièce.

《 Ça va aller, ne t'en fais pas. Me réconforta Violette.

Elle posa sa main sur mon avant-bras.

《 Il va revenir. 》

Je ravalais les quelques larmes qui menaçaient de couler.

La brune me prit dans ses bras et nous rejoignîmes les autres dans le salon.


Dimanche 11 juin 2017

2 h

《 Alors, comment elle est ? Demanda Ken, impatient.

- Très gentille et assez timide. Répondis-je dans le combiné. Elle n'a pas beaucoup parlé de la soirée.

- Elle a le même humour que Sneaz ?

- Elle rigole à ses blagues mais je ne l'ai pas entendu en faire. Cela dit, quand j'étais à sa place, je ne savais pas trop où me mettre.

- Tu as quand même fini dans mon lit. Rit-il. Tu l'as tout de même bien trouvé ta place. Une place VIP, je dirais même.

- Oh non mais l'égo ici. Fis-je faussement outrée. Tu es sûr qu'ils ne t'ont pas fait payer un supplément de bagages à l'aéroport ? Parce qu'entre tes chevilles, ta tête et ton ego, tu dois en prendre de la place. 》

Nous rîmes.

Les papillons s'affolèrent de nouveau.

Il me manquait de plus en plus. J'avais hâte qu'il rentre.

J'avais beau me consoler en me disant qu'il était là-bas parce qu'il faisait quelque chose qu'il aimait mais une partie de moi voulait qu'il rentre à Paris.

C'était égoïste, je le savais.

Je profitais de son absence en travaillant un peu plus à la boutique pour gagner un peu plus d'argent. Le soir, j'écrivais et composais mes chansons. J'avais réussi à investir dans un piano numérique, plus pratique et moins cher qu'un vrai piano. Il ne me servait qu'à composer. J'avais prévu d'enregistrer les accompagnements avec un vrai piano, en studio.

《 Ton absence est la pire des présences. Soufflais-je comme si je ne voulais pas qu'il l'entende.

- T'as les yeux revolver, le sourire désarmant, j'avais aucune chance. Rappa-t-il.

Mes lèvres s'étirèrent en un sourire sincère.

Ma vue se brouilla et une larme dévala ma joue avant de finir sa course sur l'oreiller.

À peine retrouvés et il était déjà parti.

《 À moi aussi, tu me manques. Souffla-t-il à son tour.

Quelques minutes passèrent sans qu'aucun de nous ne parle.

《 Alors tu l'as écouté ? Demanda Ken.

Je séchais mes larmes à l'aide de ma manche, enfin de la manche du sweat de Ken qu'il m'avait prêté avant de partir.

《 Oui. Répondis-je simplement.

- C'est tout ? Juste oui ? Dit-il faussement vexé.

- Si tu veux des éloges, tu n'as qu'à ouvrir tes DM Instagram. Tes groupies seraient ravies de te cirer les pompes.

- Serait-ce de la jalousie que j'entends ?

- Non, même pas. Elles, elles n'auraient jamais osé poser un lapin et faire patienter le grand Nekfeu devant un café.

- Tu en es fière de celle-là, pas vrai ?

- En plein dans le mile. Je vais demander à ce qu'on écrive « Eléa aka la meuf qui a osé poser un lapin au fennec » sur ma tombe.

- Je prends note. Rit-il.

Je ne lui parlais pas la fin de Saturne.

Je savais que ce texte m'était adressé, mais ce que Ken ne savait pas, c'était que j'avais été tout aussi bouleversé que lui lors de cette entrevue silencieuse.

Nous parlâmes encore un peu de son album avant que je ne finisse par m'endormir, bercée par le son de sa voix.

RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant