Chapitre 15

327 22 5
                                    

PDV ELÉA

《Ken ? Il se retourna vers moi. Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ? Il se gratta la nuque.

- Je suis sorti marcher et mes pas m'ont emmené jusqu'ici. Je vais rentrer, t'as l'air épuisée.

- Nan c'est bon, reste.

- T'es sûre ? J'hochais la tête de haut en bas. Tu reviens du taff ? Un nœud se forma dans ma gorge et une larme roula le long de ma joue. Merde ! Qu'est-ce qui a ?

- J'ai plus de boulot. Reniflais-je.

J'explosais en sanglots. Ken me prit dans ses bras. Nous nous assîmes sur la dernière marche. L'appartement à coté du mien n'était pas loué donc personne ne viendrait nous déranger.

Je tentais de lui expliquer ce qu'il venait de se passer. Plus j'avançais dans mon récit, plus sa mâchoire se contractait.

《Mais quel fils de... S'énerva t-il. Tout ça c'est de ma faute en plus.

- Pourquoi ?

- Si je ne t'avais pas offert ces fleurs, tu n'aurais pas du arrêter de travailler.

- Dis pas n'importe quoi. Je séchais mes larmes avec ma manche. Allez vient, on ne va pas rester sur le palier. Je me levais et partis vers ma porte.

- Je vais rentrer, je ne veux pas te déranger. Je baissais les yeux.

- J'ai pas envie de rester seule. Je vais tout casser sinon. Avouais-je timidement.

Il se leva et me suivit. Je partis me préparer un thé après avoir proposé un café à Ken qui refusa. Quand je revins, je trouvais Ken devant une étagère en train de lire les titres des livres.

《Sans boussole, sans rames, sans port à l'horizon, il se laisse aller à la dérive, sans lutter davantage, puisque lutter c'est vivre... Récita t-il.

- Et que vivre c'est souffrir. Finis-je.

Ken se rapprocha de moi, il était près, beaucoup trop près. Ma raison me hurlait de reculer mais mon corps refusait d'obéir. Sa main vint replacer une mèche derrière mon oreille et s'attarda sur ma joue.

《Ça va mieux ?》

Je voyais de la culpabilité dans ses yeux. J'hochais la tête, incapable de prononcer un seul mot. Mes yeux s'ancrèrent dans ses iris marron et nos têtes se rapprochèrent lentement. Ses lèvres vinrent à la rencontre des miennes et nous échangeâmes un tendre baiser.

Nous nous séparâmes. Je rouvris les yeux sans même avoir eu conscience de les avoir fermé. Mon regard se perdit dans le sien.

《On ne devrait pas jouer à ça. Murmura t-il.

- Je sais. Répondis-je tout aussi bas.

Ken s'éloigna et sa main jusqu'alors posée sur ma joue se retira. Une sensation de froid se fit ressentir là où sa paume reposait quelques secondes auparavant. Il tourna le dos et sortit.

Flash-back

Mardi 3 août 2010

《Non ! Il est hors de question que tu abandonnes tes études pour aller pousser la chansonnette ! S'écria mon père.

- Penses à tout ce que l'on fait pour toi, tout ce que l'on a sacrifié. Compléta ma mère.

- Ecoute-les Eléa. Intervint Alice.

- Je ne vous ai jamais demandé de sacrifier quoi que ce soit, c'est vous qui m'avez forcé à poursuivre mes études. J'ai eu ma licence, c'était le deal. Je tournais la tête vers ma sœur et pointais mon couteau vers elle. Et toi ne t'emmêles pas.

- NE POINTE PAS CE COUTEAU SUR TA SŒUR ! S'exclama ma mère. Et tu espères quoi ? Trouver un boulot qui paye suffisamment avec une simple licence de lettre ?

- Et bien pourquoi pas ? Osais-je les défier.

- Maintenant ça suffit ! Tu vas cesser tes caprices et tu vas faire ce que l'on te dit de faire. Trancha mon géniteur.

- Je n'en ai pas envie. Je n'entrerai pas à Sciences-Po pour vous faire plaisir.

- Je suis sûr que c'est ton rappeur là qui t'a mis cette idée de carrière stupide dans la tête.

- Parle mieux de Mika ! Une larme coula le long de ma joue. Il me manquait.

- Tu n'as pas d'ordres me donner jeune fille ! Alors tant que tu vivras sous mon toit tu te plieras a ma volonté. Rugit mon père.

- JAMAIS ! De toute façon vous avez toujours préféré Alice. Vous passez votre temps à me comparer à elle. Elle qui vous rend si fière et moi qui passe ma vie à vous décevoir. Alice tenta de prendre la parole. Ose me dire que j'ai tord. Elle se tut.

- Laissez-la faire sa vie. Plaida mon frère. Elle est majeure.

- Tom ne commence pas. Le prévint ma mère.

- Et bien puisque personne ne veut plus de moi, je m'en vais.》

Je claquais mes couverts que je tenais depuis le début du diner sur la table et me levais pour rejoindre ma chambre en trombe. J'eus tout de même le temps d'entendre mon frère s'adresser à nos parents.

《Vous n'auriez pas dû lui parler de Mikael. Vous savez très bien ce qu'elle ressent.

- Toi aussi tu as envie qu'on te coupe les vivres ? Menaça mon père.

Une fois arrivée dans ma chambre, je sortis ma valise et ouvris mon placard. Je pris le maximum de mes affaires et les jetais dans ma valise. Je dus même m'asseoir sur ma valise pour réussir à la fermer. Je glissais mes papiers et mes économies dans un sac ainsi que quelques objets de grande valeur sentimentale.

《Ne pars pas, s'il te plaît. Me supplia mon frère en entrant dans ma chambre.

- Tu as entendu les parents. Ils ne veulent plus de moi.

- Reste s'il te plaît.

- Je ne peux pas Tom. J'en ai marre d'être toujours la méchante petite fille.

- Je vais me trouver un appartement et on habitera ensemble. Il prit mes mains dans les siennes.

- Pas la peine. Je pars pour Paris.

- Lélé...

- J'ai pris ma décision il y a longtemps, ne cherches pas m'en empêcher. Mes yeux s'embuèrent. Je t'aime. Je le serrais très fort dans mes bras.

- Moi aussi je t'aime petite sœur.》

Je me reculais à contre cœur et séchais mes larmes avec les manches de mon sweat. Je pris ma valise, déposais un bisous rempli d'amour sur sa joue mouillée et sortis de ma chambre pour ne jamais y revenir. Je quittais la maison sans aucun regard en arrière.

Fin du Flashback

RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant