Chapitre 9

370 21 4
                                    

PDV ELÉA

Dimanche 2 août

11h

《Les passagers à destination de Paris sont priés de se présenter Porte D. Annonça une voix dans le hall de l'aéroport.

Nous prîmes nos valises et partîmes en direction du comptoir.

Nous avions passé le reste de la semaine à aller à la plage, manger et rire. Bien qu'il ait assez mal commencé, ce voyage s'était plutôt bien fini. Je me suis rapprochée un peu plus de Mo qui avait même réussi à me décrocher un sourire avant d'avoir bu mon thé. Un exploit.

Une fois dans l'avion, nous nous assîmes aux places indiquées sur nos billets. Je fus placée entre Ken, coté hublot, et Mo, coté couloir. Tout espoir de dormir tombait à l'eau. Mo allait passer son temps à rire avec Malick, assit de l'autre côté du couloir, et hors de question de dormir sur Ken. Bien que nous nous entendions mieux, je refusais toujours de m'attacher.

PDV KEN

Au bout de trois heures de vol, Rubis commençait s'endormir. Je lui proposais mon épaule mais elle refusa. Je sortis mon carnet et un stylo avant de laisser mon regard se perdre dans l'étendue de nuages en dessous de l'appareil. Je sentis un poids se poser sur mon épaule. Je tournais la tête et vis Rubis, endormie. Elle frissonnait. Je la recouvris de mon sweat et pris le temps de la regarder dormir. Je replaçais l'une de ses mèches derrière son oreille et me surpris à sourire face à sa bouille endormie.

Soudain une idée me vint. Je me mis à gratter rapidement, l'inspiration étant au rendez-vous. Quand j'eus fini, je relus mon texte et décidais de le rajouter à la fin du morceau que Sneaz, Sprit et moi avions écrit pour mon prochain album.

PDV ELÉA

17h

Je fus réveillée par la douleur dans ma nuque. J'ouvris les yeux et découvris Ken endormi contre le hublot, ma tête sur son épaule. Je me maudis intérieurement. Je pris quelques secondes pour bien me réveiller. Un livre était posé sur la tablette devant Ken. Je tendis la main pour l'attraper et me rendis compte que son pull était sur moi. Je regardais de nouveau Ken et souris bêtement face à cette attention avant de me reprendre.

J'attrapais le livre et le retournais pour lire le résumé. Risibles Amours de Milan Kundera. L'une de ses œuvres préférées et également l'une des miennes. Je l'ouvris et commençais à lire « Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts », ma nouvelle préférée.

Tellement absorbée par ma lecture, je ne vis pas Ken bouger et se réveiller. Je sursautais en sentant sa respiration dans ma nuque.

《Oups, pardon. M'excusais-je. Je commençais à refermer le livre.

- Mais non t'inquiètes, ça ne me dérange pas. Tu lis laquelle ?

- « Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts ». C'est ma préférée. Il sourit.

- Moi aussi.》

Je me remis à lire. Ken se rapprocha et lut avec moi.

3h

Le pilote annonça l'atterrissage. Vingt minutes plus tard, nous fûmes dans le hall de l'aéroport, nos bagages à la main. Je repérais Mika un peu plus loin. Il salua les garçons et me fit la bise.

3h45

Mika se gara sur le parking de mon immeuble et m'aida à monter mes affaires. Quand j'eus rentrée ma valise, je lui fis face. Je mémorisais chaque détail de son visage avant de lui dire au revoir. Je le pris dans mes bras et une larme dévala lentement ma joue. Nous nous séparâmes et il remarqua mes yeux humides.

《Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu vas me manquer. Avouais-je.

- Te manquer ? Il arqua un sourcil. Pourquoi tu voudrais que je te manque ?

- Mais regardes nous. Tu as ta vie d'artiste et moi je danse dans une boite pour réussir à manger à peu près à ma faim.

- Et alors ? Je suis parti une fois mais ça ne veut pas dire que je vais de nouveau m'en aller. Il prit mes mains et je fondis en larmes.

- C'est vrai ? Reniflais-je.

- Oui.》

Je le pris dans mes bras et le serrais contre moi. Je ne voulais pas le perdre de nouveau.

RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant