🅸

1.9K 95 101
                                    

POV – Harry

« Allez Tommo ! Tu dois immortaliser ça ! » J'entends un cri venir d'en bas et j'hausse un sourcil. Putain. Encore des gens bourrés qui viennent faire chier à l'accueil pour se faire tatouer un truc débile. J'ai, de fait, l'honneur d'être Tattoo Artist dans un salon de tatouage en plein cœur de Londres. Et même si je dois avouer que je me considère souvent comme l'homme le plus chanceux au monde, vivant carrément un rêve éveillé, ce genre de délire je m'en passerais bien. Il fait venteux mais assez chaud aujourd'hui à la Raglan Street où se trouve Extreme Needle Tattoo Parlour. Ça doit être la chaleur qui pousse certains à venir se faire tatouer je suppose. Comme une fièvre passante qu'ils ne regrettent étrangement jamais.

Je peste entre mes dents quand j'entends à nouveau du bruit. Ils se marrent tous comme des idiots et sont aussi discrets que des bulldozers. Je serre un peu la mâchoire. « Tommo ! Tommo ! » Ok je viens de finir et je ne fais que nettoyer mes ustensiles, ok la musique est assez forte ici pour le style et parce que j'aime ça. Mais des beuglements de petits cons, c'est non.

« Merci beaucoup. » Ma cliente me sourit après que j'ai disposé soigneusement de la crème et du cellophane sur son poignet. Elle offre un regard complice à son mari qui lui prend la main.

« De rien, à bientôt j'espère. » Je les regarde partir, ils sont amoureux, même mariés depuis dix ans vu ce qu'ils m'ont dit. J'apprécie ça, vraiment. Mais il n'est pas venu le jour où je tatouerais un truc sur ma peau pour un mec. On va dire que j'aime juste le fait que ce genre de personne existe. Mais au loin, en dehors de ma vie. Je suis un romantique de distance. J'admire, mais je n'en veux pas. De toute façon, je n'ai pas vraiment le temps de considérer ce genre de chose. Moi mon kiffe c'est mon art, la mode un peu, le vin parfois, le sexe de rarement à fréquemment, ça dépend de mon humeur. Mais c'est devenu très rarement depuis deux ans par choix. Trop de complexités, jamais de sentiments. Je suis un solitaire et ça me va très bien. J'ai vingt-quatre ans et je suis extrêmement comblé par mon rythme de vie.

« Allez Tommo ! » Je sursaute quand les voix deviennent carrément un hurlement. Putain. Je passe ma main dans mes petites boucles courtes pour apaiser mon agacement. Et ça ne marche pas. C'est décidé, je descends. Je me lève et dévale les escaliers en vitesse mais sans bruit. Quand j'arrive dans mon hall d'entrée je suis surpris de découvrir qu'Alfie, chargé de l'accueil, se marre en les écoutant. « Ouai tu devrais grave venir mec ! » Non mais je rêve ?

« Je peux savoir ce qu'il se passe ici ? » J'hausse un peu le ton et je sais que ma voix naturellement grave et ma taille font le reste. Un petit groupe se tourne vers moi. Bande d'ahuris plus que mal élevés.

« Oh Boss ! » Alfie me sourit, mais en voyant mon expression, il toussote. « Euh... Ils veulent faire faire un tattoo à leur pote pour une occasion spéciale. »

« Je ne tatoue pas les gens ivres. » Je rétorque, glacial.

« Je ne le suis pas. » Une voix cassée mais plus aiguë que celles des autres de ce troupeau me répond. Je ne vois pas à qui elle appartient jusqu'à ce qu'un gars se faufile pour se pointer devant moi. Châtain, yeux bleus, plus petit que moi et un regard malicieux qui me fait plisser les yeux de méfiance. Il porte un pull assez large et un jean basique, de vieilles Adidas aux pieds.

Ah. Merde. Il est beau. Il est vraiment beau en fait. Mais ça ne m'empêche pas de le détester instantanément. Ce genre de comportement m'agace peu importe la gueule de celui qui agit.

« Je vais fermer. » Je réponds encore, froid et honnêtement saoulé.

« Je suis sûr que t'as le temps pour ce que je vais faire. » Il réplique du tac au tac dans un sourire amusé. Je plisse à nouveau les yeux. On dirait qu'il me provoque et je dois dire que contrairement au bruit, la provocation j'aime plutôt ça. Ça m'intrigue généralement.

Just Let Me Adore You - Larry Stylinson Où les histoires vivent. Découvrez maintenant