Chapitre 32

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                                                                                         PDV Sophie

Bon sang ! Pourquoi maintenant ? Pourquoi a-t-elle pensé que c'était une bonne idée ? Arg ! Ca va finir par me rendre folle. 

En soit, c'est une bonne nouvelle, en tous cas ça le serait si cela n'avait pas dégénéré autant. 

A présent, voilà une personne de plus à protéger des dangers du dehors. 

-Sophie ? Ca va ?

-Oui oui, la nouveauté me retourne un peu le cerveau voilà tout.

-Ah oui. Sacrée surprise, non ? Tu devrais être heureuse : ta famille s'agrandit au fil des mois !

-Oui...Je ne sais pourtant pas trop quoi en penser. 

-C'est vrai qu'à ce moment précis, et je le comprends, ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle.

-C'est la vérité : elle s'expose à de grands risques. Mais ce n'est jamais qu'une vie nouvelle qui va venir au monde et qui va embellir un peu plus encore votre belle famille.


J'étais en train de discuter avec Elwin, du fait qu'Edaline allait bientôt avoir un enfant. Il tentait de me rassurer, de me dire qu'il s'agissait de la plus belle nouvelle de l'univers, mais je n'y pouvait rien, je ne cessait de penser à Juline Diznee. Pourquoi me direz vous ? Parce qu'elle s'était battue, avait contesté même aux portes de la mort devant le Conseil de Invisibles que les femmes enceintes ne devraient pas être tuées si violemment par simple prétexte qu'elles portaient une vie en elles. 

Et oui, les Invisibles avaient, dans un premier temps, fouillé toutes les Cités Perdues dans le but de trouver chacune de jeunes femmes, mères et épouses attendant un enfant pour les tuer en priorité. Juline est restée ferme, malgré la torture que c'était injuste. Le résultat : les Invisibles avaient accéléré leurs recherches et c'était ce qui m'inquiétait. 

-Tu pense à elle, n'est-ce pas ? Demanda Elwin, en finissant de m'ausculter. 

-Oui. C'est tellement dur, Elwin. Pourquoi ? Pourquoi tant de cruauté gratuite ? Ils ont déjà décimé les trois quarts de la population humaine, ça devrait leur suffire ! Je n'ai plus de mots, plus la force de batailler incessamment contre ces tortionnaires. Malgré l'histoire humaine que j'ai étudiée il y a longtemps, je refuse de penser que cela arrive.

-Sophie...Je sais bien que c'est dur. Chaque jour, chaque heure, chaque minute est un peu plus de tristesse qui se loge dans nos cœurs. Je sais que chaque jour, des personnes meurent, simplement pour avoir voulu vivre librement. Je sais que tu es au bout de ta patience, mais il faut attendre un peu. Chaque jour est un nouvel espoir de vaincre les Invisibles, de retrouver ceux qu'ils nous ont pris, de leur prouver qu'ils ont tort de nous opprimer ainsi. Mais en attendant, nous devons apprendre à souffrir en silence, et nous montrer plus forts que jamais. 

-Keefe me manque. Mes amis me manquent. Ma famille, ma vie me manque . Je n'en peux plus. Pourquoi ne pas abandonner ? Les laisser gagner pour une fois ? Nous mourrons, et bien et alors ? La situation que nous vivons actuellement est pire que la mort. 

>>Chaque jour, on tue un peu plus de nos amis, de nos connaissances, de notre famille. Chaque jour, on nous humilie, nous recherche et nous force à se soumettre. Chaque jour, on nous torture et nous laisse seuls, dans le silence et l'oubli, abandonnés à nos souffrances et aux visions horribles de nos camarades meurtris. Chaque jour, comme tu dis, des gens meurent. Et si c'était nous, les prochains ? Cela éviterait pour un jour que d'autres soient tués. Je n'ai plus la force de me battre, et même si on jour nous gagnons, la vie ne sera plus jamais comme avant, nos coeurs seront marqués à jamais de cette épreuve et nous ne pourrons plus jamais vivre dans la paix car le souvenir de tant de personnes tuées nous reviendra en mémoire chaque sourire tenté ou joie envisagée. 

>>Je veux mourir, je n'ai plus de raisons de vivre.

-Sophie, écoute-moi bien . Dit le médecin en prenant mon visage pâle dans ses mains abîmées. C'est vrai, notre vie ne sera jamais plus comme avant, nous ne pourrons plus faire comme si de rien n'était, ignorer les actions passées. Mais si tu abandonne maintenant, tu donnera raison à tous ceux qui massacrent tes amis chacun les uns après les autres. Il te suffit d'attendre. C'est vrai aussi, cette situation est terrible, inhumaine. Mais, un jour, les gens qui aujourd'hui se croient puissants grâce à la torture dont ils font preuve verrons à quel point leur pouvoir ne tien qu'à un fil. Et ce fil, c'est toi, Sophie. Ne les laisse pas t'abattre, comme ils essaient depuis bientôt quinze ans et demi. 

>>Au contraire, montre-leur qu'ils ont tort. Montre-leur que, malgré leur cruauté, malgré ce qu'ils ont fait, tu es capable de te relever. Avec des séquelles, certes, mais tu doit leur prouver que tu seras debout malgré les épreuves. ainsi, tu pourras reconstruire un monde meilleur et faire en sorte que même ceux qui ont besoin d'attention, de canaliser leur violence arrivent à vivre avec les autres. 

>>Cette période fera partie de notre histoire. Celle d'une jeune fille aux talents multiples qui aura sut garder la face devant une cruauté sans nom et qui prouvera au monde que, peut importe la différence, nous sommes tous des êtres sensibles qui ont besoin, plus ou moins d'une peluche ou d'une personne pour les réconforter et continuer à avancer. Ce sera ta blessure de guerre. Ta cicatrice.

J'esquissait un sourire au mot peluche, en me rappelant les nombreuses fois où j'avait dû câliner Ella, ou qu'un de mes amis avait accueillit dans ses bras une peluche offerte par Elwin en guise de réconfort. Je me remémorais Monsieur Câlin, Madame Schlinguette, Lady Sassystrass et toutes les autres. 

Une larme coula sur ma joue. Et dès lors, une chaleur nouvelle m'emplit : l'espoir. Je devais me battre pour de nouveau pouvoir offrir du réconfort à mes amis. Pour les revoir. Il fallait que je me batte pour eux. Pour tous ceux qui avaient besoin d'un câlin.

-Merci Elwin.

-De rien ma grande. Et, un conseil, ne réfléchis jamais trop, qui sait, ça pourrait être mauvais et te faire basculer du côté sombre. J'aimerais que tu reste une elfe, et pas que tu devienne une chauve-souris déprimante. 

Je pouffais, et ça me faisait du bien. Oui, des tonnes de personnes mourraient chaque jour, mais elles auraient voulu que je rigole à chaque blague, que je continue ma vie malgré cet oppression. 

Pour partager mon nouvel optimisme, je contactait la seule personne capable de rire à ses propres blagues, même si parfois elles sont un peu lourdes : Keefe.


   

La guerre façon GiselaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant