Chapitre 34

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                                                                                PDV Eltian

Je sens qu'avec cette petite, notre quotidien va être sacrément mouvementé ! J'aime déjà Gisela. Franchement, tenir tête à Licaïl en venant juste de le rencontrer, ça tient du suicide.

Et c'est la mère de Keefe ? Mais c'est génial ! Bon, je m'inquiète un peu pour lui en temps normal, parce que, si j'ai l'habitude de faire la conversation tout seul, lui a l'air vraiment choqué. Quand on voit le dossier de sa mère, il y a de quoi, en effet. Mais j'espère qu'il arrivera à passer outre ses épreuves.

-Eltian, tu viens de violer trois des règles mineures de notre organisation. Tu vas être transféré dans ton dortoir et tu sera convoqué demain en court délitionnale . Sur ce, au revoir.

-Mais Lic...

-Je ne veux rien entendre.

-J'ai simplement exécuté la mission qui m'a été confiée, commandant Licaïl. J'ai donc procédé à la vérification de l'identité de la patiente. Certes, avec des mesures peu orthodoxes, mais j'ai simplement réalisé ce qu'on m'avait demandé. Ceci change donc votre décision de m'exclure, à tort de ma propre mission ?

-Rejoignez...Votre...Dortoir...Immédiatement...Soldat. Avant que je ne me fâche.

-Bien.

-Maïs pourquoi ? Il était gentil !

Avec un dernier regard pour la petite, je m'en allais le sourire aux lèvres, heureux d'avoir agacé une fois de plus mon commandant. Et une journée de repos, une !
Ce n'est pas le conseil qui me fera peur, ils ont l'habitude, je doit être un des pires.

Il n'y a pas beaucoup de manières de s'amuser, entre ces murs. C'est comme ça. On naît ici, on est éduqué comme le veut le commissiateur, on participe au programme reproducteur et on fait notre taff. C'est une vie un peu nulle , donc avec les copains, on fait des compétitions de celui qui commettra le plus de délits jusqu'à notre appel au programme.
Pour l'instant, il n'y a que Armand qui a été appelé, donc on peut encore faire ce qu'on veut.
Quelque part, on se dit qu'Armand doit être père en devenir pour l'instant, et qu'il doit vivre sa meilleure vie, lui qui voulait être pris au sérieux pour son travail exemplaire.

Malheureusement, il ne pouvait pas trop être promus, puisque quand on voyait le niveau des ses camarades, c'était pas trop incroyable.

Donc bref, je m'enfonce dans les couloirs des dortoirs masculins, à la recherche de ma chambre. La 1789, deux lits. Je cherche ma clé en saluant Samius, qui sort de son cours de combat. A la voilà cette coquine ! Je déverrouille ma porte, jetant un coup d'œil à l'intérieur avant s'ouvrir la porte, histoire de voir si mon coloc n'est pas en train de se changer. Non, c'est bon.

Malgré le fait qu'on soit entre mecs, je préfère éviter de déranger Keefe. Torse nu, les jambes repliées sur lui, il est assis dos au mur, le regard perdu dans le vide . Je lui glisse un « Salut » auquel il ne répondra pas -il ne répond jamais- avant de grimper à l'échelle du lit superposé pour regagner mon coin.

Je me plonge dans la lecture d'un bouquin, avant de me dire qu'il faudrait peut-être dire à Keefe que j'ai vu sa mère aujourd'hui. Je lance alors la discussion, persuadé que ça finira en monologue.

-Au fait, j'ai vu ta mère aujourd'hui. C'était ma mission, vérification d'identité. Elle avait l'air moins coincée que toi, mais quand même un peu perturbée sur les bords.

-Quoi ?
Sa voix, éraillée, est plus grave que je ne le pensais. Soit, il a mué pendant qu'il me boudait, soit il a une irritation à force de ne pas utiliser ses cordes vocales, parce que j'avais entendu sa voix à l'interrogatoire, et elle était un peu plus fluette et aiguë. Enfin bon, c'est sans importance, puisqu'il me parle enfin !!

-J'ai vu ta mère aujourd'hui. Gisela, c'est ça ?

-Oui...Mais comment ça se fait qu'elle soit ici ?

-Ça, j'en sais rien mon pote, je devais juste l'interroger.

-Je ne suis pas ton pote.

-C'est bon calmos ! Ta maman va bien, et avec un peu de chance tu pourras la voir, normalement ceux qui ont un lien sanguin peuvent aller à la salle des visites féminines. Clémian, un de mes amis, à put rencontrer sa sœur de cette façon.

-D'accord.

-Te renfermes pas sur toi même s'il te plaît. Je ne suis pas contre toi et ça me fait tellement de bien de pouvoir dialoguer avec quelqu'un. Je sais ça fait désespéré et un peu fou sur les bords, mais sincèrement, je pourrais t'aider !

-Je ne pense pas. Ni toi ni personne ici ne pourra m'aider dans ma mission.

-Quelle mission ? C'est une donnée par l'organisation ?

-Non et ne me pose pas de question là-dessus s'il te plaît. Tu ne comprendrais pas.

-Tu n'en sais rien. Tu ne me connais pas et tu ne sais rien de ma vie, comment pourrais-tu savoir si je comprendrais ou non ?

-Disons que c'est privé et que je n'ai pas envie d'en parler, d'accord ?

-Ok, mais si jamais y'a besoin, je suis là, et je ne suis pas aussi con que j'en ai l'air.

-Je prends note.

-Sinon, je peux te poser une question ?

-Ça dépend quoi. Dit-il en soupirant

D'accord, je le fait chier. C'est pas pour autant que je vais arrêter. Quand je suis énervant, c'est jusqu'au bout.

-C'est vrai que tu viens de la surface ? Je veux dire, j'étais là à ton interrogatoire, mais je veux vraiment avoir la confirmation.

-Oui, je viens des Cités Perdues. Pourquoi tant de curiosité ?

-Ben personnes n'est jamais allé à la surface depuis des décennies, alors je me demandais si, si c'était vrai, comment avait-tu atteints un de nos repères si tu viens d'en haut ?

-Disons que j'ai été enfermé dans un cachot je ne sais où et j'ai cherché une issue, j'ai trouvé un passage, je m'y suis glissé et on m'a demandé si je voulais devenir un prince de l'aube. J'ai dit oui, parce qu'en ce moment c'est un peu la cata en haut dans les Cités Perdues et que je pensais que devenir prince de l'aube allait me permettre d'avancer dans ma quête.

-Tu m'en dit trop ou pas assez là.

-Je ne peux pas t'en dire plus. Et toi , que fais-tu ici ?

-Moi ? Je suis né ici et on m'enseigne le respect des lois de l'organisation depuis mon plus jeune âge. Normalement, durant la journée, je suis soit en cours soit en mission. Là, c'est différent je me suis fait viré alors je suis au repos. Je vais pas tarder à aller à la douche, je sens pas la rose, tu veux venir avec moi, que je te fasse faire le tour du campus ?

-Je ne sais pas...

-Allez viens, ça va te dépayser un peu, histoire de sortir de ta caverne, homme de cromagnon !

-C'est quoi un homme de cromagnon ?

-C'est un homme de la préhistoire humaine. Tu vois, ça fait cinq minutes que je te parles et tu apprends déjà des trucs !

-Tu parles, tu n'a pas cessé de monologuer tout seul pendant des heures depuis que je suis là !

-C'est peut-être un peu vrai... Mais on va dire que c'est un peu de ta faute, tu me répondais jamais !

-Tu me rappelle quelqu'un...

-Ah bon, qui ?

-Quelqu'un. On y va ? Dit-il avec le premier sourire que je voyais sur son visage.

Vraiment, je sens que c'est un bon gars. Sa mère aussi. Ils n'ont pas mérité tant de souffrances. À nous de faire en sorte que ces souffrances s'arrêtent là . En attendant, allons à la douche.

La guerre façon GiselaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant