Paume.

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Chapitre 17.

Les cris remontaient entre les hauts sapins pour toucher la lune. Cela faisait plusieurs jours que ces hurlements affamés déchiraient le ciel étoilé. Là où le froid était le plus intense, et la nuit la plus noire, les loups pleuraient. Il n'y avait rien pour eux ici. Il n'y avait rien pour personne.

Au son de ces bruits, Emilie attrapa la main de Minho. Même dans un climat extrême, ses mains restaient chaudes. Il referma fermement ses doigts sur la main d'Emilie. Il ne la lâcherait pas.

-Ils arrivent, chuchota Minho aux autres.

-Qui ? Répondit un des garçons.

Newt qui se trouvait devant, se retourna les yeux brumeux.

-Des loups, déclara-t-il, l'air pale.

Ils étaient déjà là.

Emilie n'eut pas le temps de le constater qu'une chose lourde se jeta sur elle. La seule chose qu'elle sentit, se fut le rompement de contact avec la main de Minho.
Alors qu'elle était dans le noir de l'évanouissement, un loup essayait de lui arracher quelques morceaux de peau.

Et d'autres arrivaient.

Bientôt, un blocard se retrouva lui aussi projeter à terre. La neige immaculée se tâcha de sang.
Minho, lui, se lança sur le loup qui approchait sa mâchoire du corps frêle de la jeune fille. Le loup était grand, mais maigre. Ils avaient faim, trop faim, et cela pouvait tourner à l'avantage des blocards.

-Combien ? Grogna Minho qui se débattait contre son adversaire.

-Ils ne sont que trois ! Répondit Newt, qui lui aussi faisait de son mieux de son côté.

Ils n'étaient que trois.
Avant ils avaient été beaucoup plus. Une grande meute. Mais le froid et la faim les avaient fait mourir un à un. Il ne restait à présent que trois mâles rachitiques, promis à la mort.
Personne ne peut vaincre le climat. Pas même les animaux les plus puissants. Pas même les hommes.

Des autres cris résonnaient à présent. Ceux de la douleur.
Déjà, deux garçons gisaient au sol. D'autres étaient bien blessés.

Minho avait reçu deux crocs énormes au milieu de la main, le rendant presque incapable de manier sa machette. Le loup se battait, s'il ne réussissait pas à manger cette nuit, il mourrait dans les jours à venir. Il était comme Minho, il était le chef. Si bien que quand il lui adressa le coup fatal, la lame dans le ventre, Minho sentit une légère émotion. Ce loup s'était battu pour vivre, il ne cherchait qu'à manger, il cherchait à faire vivre les siens.

À son réveil, Emilie trouva Minho juste à côté d'elle, regardant sa main ensanglanté. Le corps épais du loup gisait par terre, ainsi que ceux de ses compagnons. Ils avaient en effet l'air minable et piteux. Pourtant, ils avaient réussis à tuer quelques blocards.

-T'as loupé toute l'action tocarde, souffla-t-il dans sa douleur.

Elle se releva doucement.
La nuit était entièrement là à présent.

Quelques bout de bois avait été allumé par les garçons, grâce aux allumettes fournis par le WICKED. Des tissus avaient aussi été mit par terre, en guise de lit certainement. Minho lui, était carrément assis sur son sac. Elle vint se placer à côté de lui. La surface du sac étant petite, leur corps se touchaient. La dernière fois qu'ils avaient été autant proche, c'était quand il avait un peu trop abusé du mélange de poêle-à-frire un soir. Et Emilie s'en souvient bien. Elle avait repensé à ce moment, à leur peau l'une contre l'autre.

-Montre-moi ça, fit-elle en lui prenant la main.

Deux trous se dessinaient au milieu de sa paume, et des filets de sang s'en déversaient. Cela avait l'air atrocement douloureux et ça l'était. Il suffit qu'Emilie effleure sa paume pour qu'il grogne. Son étrangement attirant aux oreilles de la blocarde.

Le Labyrinthe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant