(Image : Mathéo)
Quelques heures plus tard et j'étais assise dans le fauteuil de Mme. Thomas, attendant qu'elle finisse ses papiers. Ma jambe tremblait légèrement, je voulais avoir le fin mot de l'histoire et je n'étais pas du genre patiente. Elle s'assit et me regarda, tentant de décrypter mon état d'esprit, et je fis en sorte que plus rien ne transparaisse, devenant un mur.
« Pourquoi je reçois plus mes médicaments ? », je demandai d'un coup sans perdre de temps.
« Ton médecin a dit qu'avec tes addictions précédentes, il était plus prudent de te retirer tes antidouleurs plus tôt que la plupart des gens. Les prochains jours vont être difficiles, mais à la fin de cette cure tu te sentiras beaucoup mieux. On essaie de tacler le problème d'addiction à la racine, le plus rapidement possible », elle expliqua avec un ton trop doux pour mon humeur actuelle.
Elle avait réussi, elle avait trouvé la colère en moi, la rage, et je ne pouvais pas me retenir. J'étais une toxico avant d'arriver chez David, c'est vrai, mais j'avais besoin de ces antidouleurs pour ma putain de douleur ! Ce n'était pas si compliqué pourtant.
« J'ai mal, c'est pour ça que j'ai besoin de ces médicaments ! C'est trop dur à comprendre pour vous bordel de merde ? »
« La douleur que tu ressens actuellement est occasionnelle et bien moins intense que celle que tu ressentais au début. Tu n'as plus besoin de ça désormais, tu as besoin d'apprendre à vivre avec une légère douleur. Tu ne peux pas utiliser la drogue pour supprimer la douleur, c'est ce que tu faisais avant et ça fait partie de pourquoi tu as été envoyée ici. On essaie d'éviter ça et de travailler dessus »
« Les médicaments m'empêchaient de passer par l'étape du sevrage. Vous voulez que je souffre encore plus ? », mes yeux étaient probablement sombres et tentaient de percer à travers les siens.
« N'essaye pas de m'intimider Zoé, je n'ai pas peur de toi. Je pensais que tu te foutais bien de tout, pourquoi en avoir quelque chose à faire tout à coup ? »
Je restai silencieuse, gardant mon calme et n'affichant aucune émotion sur mon visage. Mes yeux étaient désormais aussi froids que la glace et vides, mais Mme. Thomas ne semblait pas aimer cela. Je m'en foutais, je n'étais pas là pour la satisfaire, elle pouvait disparaitre de la surface de la terre que ça ne me ferait aucun effet. Mon docteur pouvait la suivre aussi s'il le voulait.
Je fis en sorte que le reste de la séance soit extrêmement inconfortable et lente. Je ne répondais pas aux questions, tournant autour de celles-ci sans dire quoi que ce soit de consistant. Je pouvais être une vraie connasse quand je le voulais. Cela affecta son humeur aussi, je pouvais sentir que ses questions étaient plus sèches et l'expression sur son visage était plus creusée, montrant qu'elle faisait des efforts pour garder un visage sympathique.
Je sortis de la pièce en sachant qu'il s'agissait de mon dernier jour sans douleur et avec des antidouleurs. Peut-être que j'allais me mettre à tuer des gens dans les prochains jours, qui sait ? Il était midi et comme d'habitude, je n'avais pas faim. Je ne voulais pas vraiment aller à la cafétéria non plus, mais l'administration allait me réprimander si je loupais encore un repas, j'avais reçu un avertissement la dernière fois.
Je n'avais pas trop envie de finir en colles, donc je me dirigeai vers la cantine. Je pris le repas principal seulement et m'assis seule à une table, comme j'aimais le faire. Je me mis à penser à ce qui allait se passer dans les prochains jours, j'allais rentrer dans la phase de sevrage et ça allait être une épreuve. J'avais l'habitude de soulager la douleur avec toutes sortes de drogues, grâce à celles-ci je pouvais fonctionner normalement, mais elles ne faisaient que masquer la réalité, elles ne soignaient rien. Et quand j'en prenais trop elles finissaient par produire l'effet inverse...
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Saint Georges
Teen FictionAprès l'incarcération de son père et la mort de sa mère dans un accident de voiture, Zoé arrive à Saint Georges, un lycée pour les jeunes délinquants ou turbulents perdu en pleine campagne. Faisant face aux blessures de l'accident et aux séquelles d...