Chapitre 20

18 3 0
                                    

Avant la pause de midi, je coinçais Noah dans un coin dans le but de le questionner concernant le deuxième réseau de drogue du lycée. Soit il se procurait la drogue qu'il me refilait chez la personne qui la faisait tourner, soit c'était lui qui vendait sur le territoire de Rayan.

« Tu m'en veux encore pour la dernière fois ? », il me demanda dos au mur. « Et tiens, j'ai ta dose si besoin »

Je glissais les sachets dans ma poche avant de reconcentrer mon attention sur lui.

« C'est toi qui revends de la drogue à Saint Georges ? »

« Ouais pourquoi ? Je faisais ça à l'extérieur, mes contacts m'ont proposé de faire de même à l'intérieur », il répondit en haussant les épaules.

« T'as envie de crever ou quoi ? Je t'ai prévenu que c'était le territoire de Rayan »

« Ecoutes, il se doute pas du tout que c'est moi et mes clients restent discrets parce que je fais des meilleurs prix que lui. Y'a vraiment zéro soucis, détends-toi un peu »

« Me détendre ? T'as du bol que je suis pas une balance Noah, mais tu prends de gros risques là »

« Je t'ai vu discuter avec lui ce matin. Il a mentionné mon nom concernant la drogue ? »

« Non »

« Tu vois, tout est sous contrôle »

« J'espère pour toi. Comptes pas sur moi pour te sauver la peau quand il le découvrira, on en est plus là toi et moi », je lâchais avant de partir.



Tout était chaotique, et en rentrant dans la cantine, je pensais que j'allais pouvoir me poser quelques minutes et manger en paix, mais à la minute où mes pieds touchaient le sol de celle-ci, j'entendis une voix masculine s'échauffer. Quelqu'un était en train de s'en prendre à Hayao et je m'approchais pour essayer de comprendre.

« Je sais pas pour qui tu te prends le bridé, mais t'es tout frais ici, laisses les grandes personnes garder leurs petites habitudes »

Le bridé ? J'haussais les sourcils, le feu de la colère démarrant en moi à l'aide de cette étincelle. J'avançais encore un peu et je reconnus le visage de son interlocuteur, je l'avais vu ce jour-là dans le parking...

« Tu passes devant qui tu veux, c'est pas mon problème, mais pas devant moi », répondit Hayao sans broncher, il était d'un calme assourdissant.

« Devant toi ? Mais t'es qui même ? Ton peuple d'hommes faibles aussi épais que vos putains de baguettes. Tu penses que tu fais peur à qui ? »

« Et toi ? Tu penses toujours savoir à qui tu t'en prends ? »

J'avançais encore, désormais Hayao savait que j'étais dans un périmètre d'action. La petite bande du trouble-fête le regardait de loin depuis leur table au cas où la situation dérapait. Mais j'étais là aussi, et ça ils l'ignoraient tous. Mon père m'avait entraînée ainsi, une femme dans un milieu d'hommes doit savoir ruser quand la force vient à manquer. J'attendais de voir si Hayao pouvait gérer seul ou si le gros débile n'allait pas comprendre qu'il était temps de laisser tomber.

« Zoé, c'est pas ton combat, vient t'asseoir avec nous », déclara Cass à côté de moi, ayant remarqué que j'étais attirée par ce conflit.

« Va t'asseoir Cass, ça me concerne plus que personne »

Au-delà du racisme évident qui m'avait déjà bien lancée, Hayao avait été là quand j'avais besoin de lui, quand il s'agissait d'un simple mouchoir, de s'interposer entre moi et Noah, ou d'une conversation. Mes yeux sombres scannaient la scène avec attention, ma main glissant sur la table la plus proche de moi, attrapant un objet métallique bien familier.

Saint GeorgesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant