Chapitre 17

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J'étais désormais sur les marches du bâtiment, fumant un joint sans me préoccuper du monde autour de moi, je ne cherchais pas à me cacher. La fumée dans ma bouche était la seule chaleur que je pouvais sentir, à l'intérieur mon cœur était orné d'engelures. Mais il n'était pas gelé, non, je ressentais tout et encore plus. Des larmes tombèrent sur mon visage alors que la drogue faisait le contraire de ce que je voulais. Je reniflais dans le froid, yeux rouges et cœur meurtri.

Mes mains commencèrent à trembler à cause du froid alors que je fumais. J'avais vraiment l'impression d'être au plus profond des enfers actuellement, le ciel gris et le brouillard tombant sur la forêt sombre n'aidaient en rien. Je voulais marcher parmi ces arbres, laisser leurs branches m'étouffer, comme si elles pouvaient faire ressortir tout le mal être que je ressentais.

« Je savais que j'avais raison, on ne me la fait pas à moi », soupira Mme. Thomas en s'asseyant à mes côtés.

Je me dépêchai d'essuyer mes larmes, comme si elle ne les avait pas déjà vues. Elle prit ce qu'il restait de mon joint et le finit avant de jeter ce qu'il restait.

« J'en ai besoin aussi ces temps-ci », elle sourit un peu. « Rentrons ok ? On se les gèle ici »

Elle me dirigea par les épaules, on s'arrêta devant la machine à café et elle en prit un pour moi et l'autre pour elle. La chaleur du gobelet dans mes mains les réchauffa, je le tenais comme une veste de secours. Mes anciens amis passèrent dans le couloir, Mathéo me lança un regard que j'étais incapable de déchiffrer, suivit par Rayan quelques mètres plus loin. J'avais probablement l'air d'une déterrée.

Après cela, on se retrouva dans son bureau pour un peu d'intimité. Je m'assis dans la chaise habituelle, ayant l'impression d'être à des années lumières, la laissant me trimbaler comme si j'étais sur le plus haut des nuages. Je ne pouvais même pas me souvenir du chemin qu'on avait pris pour arriver ici.

« Qu'est-ce qui te pèse autant Zoé ? », elle demanda dans une voix aussi douce que le miel, me rappelant ma mère quand elle ne voulait pas me brusquer.

« Je suis juste vraiment triste, j'ai cette douleur aigue dans mes veines qui traverse tout mon corps et c'est insupportable. Parfois je veux juste me faire du mal physiquement pour la faire partir, toute autre douleur est largement plus gérable », je répondis d'une voix abîmée, ma gorge était irritée.

« Qu'est-ce qui t'attriste à ce point ? »

« Tout. Le passé me hante et j'essaie de repousser mes amis avant d'exploser en face d'eux et de faire encore plus de dégâts. Je veux juste me séparer du monde à tout jamais »

La drogue me faisait dire des choses que j'aurai probablement gardées pour moi dans d'autres circonstances. Je vidais mon cœur sur le tapis du bureau et ce n'était pas beau à voir, c'était comme si de petits monstrueux affreux rampaient autour de nous, je pouvais sentir l'odeur de la chair pourrie, m'empêchant de respirer correctement.

« Pourtant j'avais l'impression que tes amis avaient accepté tes problèmes et qu'ils voulaient vraiment t'aider à aller mieux. Je ne pense pas qu'essayer de les protéger ainsi est une bonne façon de gérer la situation. Ils ont montré que tu pouvais leur faire confiance, ils doivent se sentir trahis »

« Ils s'en remettront rapidement, on se connait depuis combien de temps ? Quelques mois ? Rien comparé à ce qu'ils vivront s'ils essaient de me réparer. Je préfère qu'ils souffrent quelques jours plutôt que de les contaminer »

Et encore une fois, je portais le poids pour tout le monde sans qu'on me le demande. Un de mes traits les plus autodestructeurs. Le cycle était voué à se répéter pour l'éternité, j'étais coincée dans ces sables mouvants et je commençais à sérieusement fatiguer. Je ne voulais plus me débattre.

Saint GeorgesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant