Chapitre 9

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Je me rendis à mon prochain cours, quand je rentrai, la salle fut envahie par le silence pendant quelques secondes et revint à la normale. Je m'assis à ma place avec un visage sans expression, telle une page blanche, ne disant pas un mot. Il y avait trop de choses dans mon esprit, c'était comme si je vivais à l'intérieur mais pas à l'extérieur. Les choses devaient changer, j'avais besoin de devenir plus forte, de faire face à mes peurs. Si je voulais aller mieux je ne pouvais pas me faire piétiner par mon propre passé, je devais me rebeller comme je l'avais fait maintes et maintes fois au cours de ma vie. Mais je ne me sentais plus comme une guerrière depuis l'accident, la perte de l'usage complet de mon bras créant un complexe en moi.

Rayan se leva pour venir s'asseoir à mes côtés, je le regardai bizarrement, ne comprenant pas pourquoi il était là, ce n'était pas une habitude. Silencieusement et discrètement, il me glissa un sachet de marijuana. Je le pris pour que personne ne le voit, mais j'avais un mauvais pressentiment à ce sujet. Qu'est-ce qu'il voulait en échange ?

« Qu'est-ce que tu veux ? », je chuchotai.

« Rien, c'est pour la douleur dans ton bras », il répondit.

« Non merci, je peux gérer sans cette merde »

Si je devais changer c'était un bon départ, ne plus prendre de drogues. Je lui rendis le sachet et il sembla confus de ma réaction.

« Il t'es arrivé quoi ? A ton bras », il demanda.

« Un accident », je répondis d'un ton sec pour couper court aux questions de ce genre.

« Si tu veux pas en parler on peut prétendre que ça n'existe pas, mais ça change rien au fait que c'est réel »

« Est-ce que tu peux juste te taire et me laisser tranquille ? Je veux pas parler de ça avec toi ! », je m'exclamais, de nombreuses personnes tournant leurs têtes dans notre direction sous le coup de la surprise.

Super, exactement ce dont j'avais envie, que tout le monde s'intéresse à ma vie et mes sautes d'humeur. Quel enfer.

« Dégage maintenant avant que je perde la tête », je déclarai à voix basse, prenant ma tête dans mes mains.

« T'es sourd ? Va à ta place sale détraqué », j'entendis la voix de Mathéo dire derrière moi.

Il venait probablement d'arriver dans la classe, parce qu'il était loin de sa place habituelle. Rayan se leva doucement, lançant le regard de la mort à Mathéo et retournant à son bureau sans dire quoi que ce soit. Il semblait tellement à fleur de peau que même Rayan savait qu'il ne servait à rien de jouer au plus malin. Mathéo s'assit à côté de moi.

Ma tête était toujours dans mes mains et je ne levai pas les yeux vers lui, j'avais peur qu'il soit toujours énervé contre moi pour aucune raison comme la dernière fois. Il ne s'asseyait jamais à mon bureau, donc il devait avoir quelque chose à me dire sur quelque chose que j'avais mal fait. Mais il ne dit rien, le cours commença, ma tête était toujours baissée et il n'avait pas prononcé un mot. Je me perdis dans le passé, Rayan me rappelait trop Noah et tous ces moments qui m'avaient valu des cauchemars sans fin.

Maintenant j'avais un bras en steak haché qui était si horrible qu'aucun homme digne de ce nom ne m'approcherait plus de toute ma vie. Personne ne pouvait m'aimer ou apprécier ma présence, j'avais trop de problèmes et ils étaient bien évidents sur mon bras. Noah m'avait déréglé le cerveau et le cœur, me volant ma beauté à tout jamais en me rendant pleine d'amertume, imbuvable.

Alors que l'heure passait je m'enfonçai de plus en plus dans ma déprime. Tout s'écrasait autour de moi, prenant avantage de mon silence. Je ne pouvais pas entendre le prof et je me sentais seule, cela devenait une constante avec ce blues qui s'invitait en moi bien trop souvent. Des larmes silencieuses glissèrent le long de la structure anguleuse de mon visage, aucun mouvement de mon corps n'indiquant qu'elles se frayaient un chemin à la surface de ma peau.

Saint GeorgesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant