Je vois que vous avez les mêmes problèmes. Vous ne savez pas si je dois ouvrir ou pas. Astou est là depuis cinq minutes et ce n'est pas un signe de respect de ma part. Elle a toujours été bienveillante et attentionnée avec moi, donc la logique voudrait que j'ouvre la porte, ne serait-ce, pour l'écouter. Je n'ai pas à m'inquiéter. Elle m'appelle une dernière fois et j'ouvre enfin la porte. Dernièrement, cette porte a reçu je ne sais pas combien de coups. Astou est très calme. Contrairement à Nabou qui a voulu défoncer la serrure, elle me laisse refermer la porte. Je l'invite à s'asseoir à côté de moi. Nos deux corps sont très proches. Je me charge d'entamer la discussion.
- Qu'est-ce que tu as Astou ? J'espère juste que tu vas bien ? Je sais bien que mes questions sont absurdes. Comment une fille qui vient à pareille heure dans la chambre d'un homme peut être calme ? C'est une façon de dépoussiérer l'énigme qui se cache derrière sa venue. Je suis hébété, à la limite, confus, de constater que mon invitée ne parle toujours pas. Depuis qu'elle est dans ma chambre, elle est restée muette. Je suis du genre à détester le silence. Le silence est grouillant de paroles. Et il n'y a rien de plus bavarde qu'une lèvre au repos. Le silence cache des mystères, il n'assaisonne pas les discours, il ne pimente pas les discussions. Ce que signifie le silence, personne ne peut le savoir. Voici, au moins, un trait de caractère qui est plus favorable à Nabou. Elle est un moulin à paroles. Elle ne sait rien du silence. Mieux vaut que je me taise car ça devient vraiment chiant à la fin.
- Ne te gêne pas. Tu peux continuer à poser tes questions. Je suis heureuse de t'écouter. Ça me donne de la chair de poule.
À quoi joue Astou ? Je parle et elle ne répond pas. Je me tais et elle veut que je parle. Je ne suis pas un expert en monologue. Une discussion, de surcroît un dialogue, se fait entre au moins deux personnes. J'arrête de fouiner. Je la regarde. Je suis toute ouïe. Il veut se la jouer à la douce petite fille. Donc je vais lui montrer que je suis plus doux qu'elle. Je peux certifier que je suis bizarre. Tantôt, je suis comme-ci, tantôt, je suis comme-ça. On donne libre cours aux échanges symétriques de regards.
- Je n'ai jamais vu un mec comme toi, affirme Astou.
- Je suis si rigolo que ça ? Je ne savais pas. J'essaie de fulminer pour désorienter le débat dans un autre angle. Je comprends très clairement le sens de son affirmation. Une fille qui dit à un homme une telle phrase à cette heure de la nuit n'en a que faire du degré de folie ou des talents de comédien de l'homme avec qui elle s'adresse. La majeure partie du temps, il y a des sentiments quelque peu inavouables qu'on veut avouer. Je me mets dans mon tour d'Ivoire. Je bloque toutes les issues. Je ne veux qu'une chose : limiter la sémantique de cette phrase à ma réponse.
- Je suis d'accord que t'es rigolo mais là je te parle d'autres choses. Tu n'es pas fou à ce que je sache.
Un petit sourire s'échappe de mes lèvres. C'est un sourire sournois, un sourire moqueur, un sourire qui ne signifie absolument rien. Mais il le faut pour au moins décrisper l'atmosphère, on ne peut plus, décrire. Je réponds d'une manière plus directe. J'ai très sommeil et ce ne sont pas les caprices d'une jumelle qui me doit elle aussi une revanche qui vont m'en empêcher.
- Dis moi ce à quoi tu penses Astou. Tu sais ta mère ou un autre membre de la famille peut passer par-là. Je ne veux pas avoir de problèmes. Je te demande de sortir et d'aller te coucher. Fais ça s'il te plaît.
Ma réponse est accueillie par Astou d'une manière assez incompréhensible. Brusquement, elle se met debout. Là voilà en train de se déshabiller devant moi. J'essaie de changer ses idées. Têtue, elle l'est comme sa jumelle. Elle ne lui reste que son slip et je me leve subito pour récupérer ses autres habits à terre. Je ne veux pas coucher avec elle. Comment dois-je faire pour qu'elle sache cela ?
- À toi de voir à présent. Soit tu fais ce que je veux, soit je crie pour que tout le monde vienne. Tu ne sais même pas la chance que tu as. Nombreux sont les mecs qui rêveraient de m'avoir dans leur lit. En toute gratuité, je te donne ce pourquoi beaucoup de mecs viennent dans cette maison. Je suis pressée. Laquelle des deux options préfères-tu ?
Je mets mes deux mains sur ma tête pour voir si ce sont des hallucinations qui me frappent actuellement ou bien si je suis en train de rêver. Je me suis encore trompé. Il n'y a pas de différence entre Nabou et Astou. Elles sont toutes les deux de vraies salopes. Inutile de garder le mot qui me vient à l'esprit. Elles sont toutes les deux de capricieuses putes. Le temps que je me déshabille, je n'aspire qu'à finir mon ambition de vengeance. Pourquoi pas l'étrangler une bonne fois pour toutes ? Ça serait très facile. Il faut que tout le monde dans cette famille paie. Une seule victime est pour moi un échec monumental. Je me livre à elle. Je satisfais ma libido. Je trempe mon biscuit dans son lait. Je ressens un bonheur immense mais un malheur indescriptible. Je ne peux plus perdre trop de temps. Vivre dans cette maison est une punition. Que des pétasses ces jumelles. En sortant, Astou me dit qu'elle va revenir dès qu'elle aura encore besoin de moi. Quelle insulte !
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REVANCHE
Mystery / Thriller« Il n'y a que moi qui connais ce que j'ai vu et ce pourquoi je suis comme ça. Je veux que tout le monde paie. Je veux ma revanche » dit Boulaye. Si vous voulez voyager avec un récit d'une exemplarité sans doute, lisez l'histoire de Boulaye.