Des départs pour l'enfer

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— Mon ami, depuis des jours, tu me fais le récit de ton histoire. J'ai bien aimé la tournure au présent et le style que tu as utilisé. C'est une histoire qui dépasse un thriller simple, la violence, le mensonge, le péché, les mauvaises choses constituent la charpente de ton histoire. Je suis vraiment désolé pour ce qui t'es arrivé. Je n'ai jamais entendu une histoire aussi sale et démesurée que la tienne. Les gens y font ce qu'ils veulent, ils croient que le sexe est un moyen pour rendre justice. On ne rend pas justice par soi-même. La colère qui habite dans le cœur de tous ces personnages est l'unique facteur qui a déclenché cette interminable suite de malheurs. La désolation et l'affaiblissement de toutes les personnes qui ont participé à ta venue ici sont de loin les maîtres mots qui expliquent la dangerosité et le caractère violent de ton histoire. Personne ne peut te croire. La fin de ton histoire n'est pas celle que tout le monde attend. Mais je reste toujours sur ma faim ; mes questions sont de plus en plus croustillantes ; je veux savoir maintenant comment as-tu réagi après avoir reçu ce concert de surprises, de vérités cachées, de mensonges érigés en rois. Je veux que tu me dises enfin qu'est-ce qui t'a réellement amené en prison. Tu y es depuis quinze ans et j'ai su que tu ne vas pas y sortir indemne, tu vas mourir en prison, tu as été condamné à la réclusion criminelle. Heureusement que la peine de mort a été abolie au Sénégal sinon tu ne serais plus de ce monde.
— Tu me fais rire mon frère, je te jure que cette prison est ma vie, je l'aime plus que tout. Depuis que j'y suis incarcéré, j'ai senti une tranquillité d'esprit. La véritable liberté se trouve dans cette prison. Je fais ce que je veux sans que personne ne me dérange. Je vis la vraie vie sans être surpris par une quelconque vérité. Je dors suffisamment. Aucune douleur ne peut désormais avoir raison sur moi. Je t'assure que j'aime ce lieu. Toi aussi, tu es incarcéré dans cette cellule depuis douze ans. Tu es un criminel comme moi sauf que tu as suivi la mauvaise route alors que moi j'ai été animé par une volonté inouïe et inflexible de prendre ma revanche. Une revanche que maman m'a forcé de faire. Une revanche qui a connu ses premiers balbutiements avec maman. Une revanche qui m'a permis de savoir toutes les vérités et le poids de tous les mensonges. C'est aujourd'hui qu'on va finaliser le récit. Mon explication a duré des jours. C'est parce qu'en prison, on n'a pas toujours le temps pour penser à ce qui s'est passé. On accepte son destin et on avance. On est dans cette cellule ensemble, la prison est devenue notre demeure éternelle. Et dire que j'avais peur de la prison quand on m'a accusé de la mort d'Astou. Je vais continuer à t'expliquer la suite et la fin de l'histoire.

J'ai dit à Étienne que le moment est venu pour que Tonton Birima et sa famille paient. Je n'ai plus le temps de garder cette histoire. Car elle n'a plus d'importance à mes yeux. Heureusement qu'Étienne a eu des éléments de preuves concernant les actions illicites de Yamar. Je ne réponds plus aux appels de maman. J'ai quitté nuitamment la maison de Tata Chimène. J'ai pris un appartement à Thiokhna. Beaucoup ont pensé que je ne suis plus à Louga. J'ai mis toutes les preuves dans une enveloppe. Au lieu d'une revanche, j'ai décidé de faire des revanches. La première personne qui va payer s'appelle Tonton Birima. C'est normal car il est le fils du diable. J'ai fait exprès de lui dire que j'ai des preuves tangibles concernant son réseau de blanchiment d'argent. Au départ, il ne m'a pas cru. Je lui ai envoyé une esquisse de vidéo que j'ai prise sur la clé USB dans laquelle on voit clairement Tonton Birima entrer de planifier des magouilles avec deux autorités. Je lui ai demandé de venir me voir à l'école Samba Top, à côté du CEM Artillerie, pour qu'on discute. Il n'a pas le choix. Lorsqu'il est venu, je me suis mis en cagoule pour que le suspense soit maintenu.
— Birima Chimène, le plus grand blanchisseur d'argent du pays, le plus grand trafiquant de produits illicites du pays, je te dis bonsoir.
— Bonsoir, qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?
— Je suis une personne qui a été blessée au plus profond de son cœur et de son âme par son père. Une personne qui a cherché tous les moyens pour que justice soit rendue. Une personne qui a été élevée par sa maman dans le mensonge. Une personne qui a su que son patron couche avec sa servante du nom de Mbayang. Une personne qui a été abandonnée par son papa et sa femme. Une personne qui sait que son père couche avec la fille de sa femme, une fille qui s'appelle Nabou. Une personne qui sait que son père a menacé Nabou pour qu'elle accuse un autre homme d'être le père de l'enfant qu'elle porte, son propre enfant. Une personne qui a fini par savoir que Birima Chimène cache une fille illégitime à sa femme. Cette fille s'appelle Hermione, cette même fille attend un enfant de Yamar. Une personne qui sait que Birima Chimène ne sait pas que sa fille illégitime est Hermione la petite amie de son fils aîné Yamar. Ce que cette personne sait et que Birima ignore toujours c'est que la mère de Hermione, Joséphine Chimène et Mélanie Chimène sont des jumelles. Birima tu es extraordinaire.
Je parle avec mon père avec une voix tétanisée. Je sens ma sueur suivre mes mouvements. Je suis une autre personne. Je déplace comme bon me semble mes pions. Je considère que ce que je lui dis transperce son cœur. C'est mon jour. Il s'assoit et il me fixe ses gros yeux.
— Tu es qui ? Dis-moi une bonne fois pour toutes qui es-tu ?
J'enlève ma cagoule et je me retourne pour que mon père me voit. Son abetissement, ce n'est pas moi qui vais essayer de le décrire.
— Je suis le fils de Mélanie Chimène, ton enfant. Comme tu es con pour ne pas suspecter quelque chose. Comme tu es con pour ne pas constater qu'au tribunal, lors du procès d'Astou, on m'a appelé par mon véritable nom. Je ne suis pas le fils de Zacharia Goumbale mais de Birima Chimène et de Mélanie Chimène. Je suis le  bâtard que vous avez mis au monde.
Je sors mon flingue que je pointe sur la tête de mon père. Il a peur à ce qu'il paraît. Ça m'enchante de le voir comme ça.
— Attends, je peux t'expliquer. S'il te plaît ne me tue pas. Je suis ton père et tu ne peux pas me faire cela.
— Jai hérité toutes tes mauvaises qualités papa. J'ai même fait l'amour à ta femme à Saly. Imbécile, tu vas arrêter de faire du mal aujourd'hui.
J'appuie sur la gâchette à trois reprises. Voici un homme qui ne racontera pas cette nuit. Je vois son sang s'écouler, ce sang qui coule dans mes veines, ce sang de la honte. Je prends son corps que je jette dans une fosse septique. À dieu papa, on se reverra en enfer.

Des jours plus tard, la police a mené une enquête. Elle a fait tout son possible pour retrouver mon père. Dieu sait qu'elle ne le retrouvera pas. Un mois après, j'ai décidé d'activer la deuxième opération. Cette dernière va me mener à Yamar. Pourtant, il ne m'a rien fait. Mais pour Hermione sa petite sœur, ma petite sœur, notre petite sœur à nous deux, je veux rendre justice. Je l'ai convoqué au même endroit et j'ai fait la même chose. J'ai eu grâce à Étienne des vidéos de Yamar en train de recevoir ses cargaisons de stupéfiants. Sans oublier, une vidéo dans laquelle il est en plein ébats sexuels avec un homosexuel. Je ne sais pas comment Étienne a obtenu ces vidéos.
— Je ne suis pas Marody, ne t'en fais pas.
Je parle avec lui tout en me cagoulant.
— Combien tu veux ? Un million ? Dix millions ? Cinquante millions ?
— Je veux plus ; tu n'as pas le prix que je demande.
— Tu veux combien ?
— Ma revanche, celle de Hermione et de Marody. Oui je sais tout ; ce que Marody a fait à ta mère ; ce que tu as fait à Marody en l'emprisonnant ; comment Gaëlle Chimène, ta mère, a fait tuer Marody. Je veux le prix de la vengance. Est-ce que tu l'as ?
— Je n'ai rien fait à Marody si ce n'est prendre ma revanche. C'est maman la commanditaire de sa mort alors c'est elle qui doit payer.
— Tu ne sais même pas que Hermione est ta petite sœur. Imbécile que tu es, tu as engrossé ta petite sœur. Mais c'est normal car tel père, tel fils.
J'enlève ma cagoule et je sors la même arme.
— Ah non, c'est impossible Boulaye ? Ça ne peut pas être toi. S'il te plaît, on peut parler comme des gens civilisés. On peut tout régler ensemble.
— Grand frère, oui tu es mon grand frère. On est de même père. C'est moi qui ai tué ton papa, notre papa. J'ai oublié de te dire que notre père est le père de l'enfant que porte Nabou. T'es surpris non ? Ce n'est pas tout ; Hermione est également sa fille. Hermione, l'enfant que Nabou attend, toi et moi sont de même père. Dommage que tu n'as pas très tôt découvert que j'ai couché avec ta mère ; hélas tu ne vas pas raconter cette histoire.
Quatre coups de flingue et il a rejoint son père en enfer. L'enfer aura beaucoup de clients. Je suis moins sadique cette fois. J'ai pris une machette et j'ai dépecé le corps de Yamar. Je ne suis pas un vampire ou un cannibale. Ne pensez pas que je vais cuisiner les morceaux de son corps. J'ai creusé un profond trou et j'ai tout enterré. Un crime n'est jamais parfait ; le mien sera parfait. À chaque fois que je termine avec un corps sans vie, je caillasse le téléphone du propriétaire. C'est plus sûr.

Qu'elle est incapable cette police. Elle ne peut même pas attraper un criminel qui a tué un père et son fils. Je suis d'avis que Hermione et Étienne me soupçonnent mais ils ne savent pas que je suis toujours à Louga. Je suis injoignable. J'ai quitté le pays pour aller en Gambie le temps que mes crimes soient oubliés. Je suis resté dans ce pays deux ans avant de revenir. J'ai su que Hermione est morte en donnant naissance à son enfant qui est aussi décédé. Sa mère Tata Joséphine n'a pas résisté à l'annonce de la mort de sa fille. Je ne sais pas encore est-ce qu'elle a été mise au courant de la venue de Mère Joséphine, de son lien de parenté avec ma mère, et de toutes les parties de cette terrible histoire. Que leurs âmes reposent en paix en tout cas car mieux vaut mourir que de découvrir ces merdes. J'ai fait parvenir une lettre à maman. Je lui dis dans cette lettre que je ne serai plus dans ce monde quand elle la lira. Je ne veux pas laisser de traces. Tata Chimène, maman, Mère Joséphine doivent toutes payer. Nabou ne m'intéresse plus. Elle ne m'a rien fait.

La troisième partie de ma revanche est consacrée à Tata Chimène. Avec elle, je dois être super ingénieux pour qu'elle retrouve son mari et son fils en enfer. De retour au Sénégal, je l'ai suivie partout. Un jour, elle est partie à Saly et je me suis mis à ses trousses. Elle est entrée dans cette maison où on a passé cette inoubliable séance de jambes en l'air. Une autre ne serait pas une mauvaise idée. J'ai appuyé sur la sonnette et mes pensées m'amènent au premier jour où j'avais fait de même. Elle ouvre et me voit.
— Je rêve ou quoi ? C'est toi ?
— Oui Tata Chimène, j'ai su tout ce qui s'est passé et je te jure que je vais retrouver le ou les meurtriers de Tonton Birima et de Yamar. Je suis revenu pour ça.
— Mais j'ai entendu que tu es mort.
C'est toi qui va mourir thiaga rayy katou nitt bi.
— Comment ça, j'étais juste parti au Maroc pour lancer un business. Je suis de retour pour toi.

À suivre...

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