Chapitre 13

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Bien qu'aucune auberge ne se trouvait dans le dernier village avant les terres noires, les actions de Scyllia n'étaient pas passées inaperçues. Aussi, à la fin de sa tournée, la soigneuse et son groupe s'étaient vu proposer de passer la nuit à la caserne et d'y manger.

Terminant son tour du village par l'infirmerie du bâtiment militaire, la prétendante alla s'occuper des soldats blessés qui s'y trouvaient, toujours en se présentant comme une simple mage spécialisée dans la magie blanche, avant de rejoindre les autres au réfectoire.

Pour Mélandrie, Scyllia avait été incroyable. Non seulement elle avait soigné tous ces gens à tel point que certains ne se souvenaient pas s'être déjà sentis aussi bien, mais utiliser tant de sorts ne semblaient pas le moins du monde l'affecter.

— Comment fais-tu ? Questionna Mélandrie en se servant dans la grande marmite. Rien que de t'accompagner et te voir faire, je suis épuisée.

— Question d'habitude, sourit la soigneuse. Et puis, en plus d'enseigner la magie blanche, j'ai passé ces dernières années à faire des recherches dessus, que ce soit sur l'efficacité des sorts ou sur la réduction de leur consommation.

— Moi qui croyais que tu te tournais les pouces à l'académie, commenta Ronan en s'installant à leur table.

— Notre vie est sans doute plus tranquille et confortable que la vôtre, mais ça ne veut pas dire que nous ne faisons rien, répondit Alex.

— Ne le prends pas mal, il vous taquine, rit Camille en s'asseyant à son tour.

— On le sait, ne t'en fais pas, lui assura Scyllia. Si je m'étais vexée, j'aurais répondu qu'il était inadmissible qu'autant de monde ici ait un tel état de santé alors que deux personnes ici peuvent les soigner.

— La magie blanche n'a jamais été mon fort, se défendit Ronan en se grattant l'arrière de la tête, gêné.

— Et puis, nous sommes aussi très occupés ! Ajouta Camille. Si le général ne voulait pas que nous partions, c'est justement parce que nous sommes tous débordés ici.

— Pas la peine d'être aussi sur la défensive, je vous taquinais aussi, dit Scyllia pour éviter toute querelle. Je sais bien qu'être partout est difficile voir impossible, surtout dans une zone sensible telle que celle-ci. Cependant, je pense qu'il serait bon pour tout le monde ici, civil comme militaire, d'engager un soigneur.

— Crois-moi, ça n'est pas faute d'envoyer des demandes, mais le front contre les terres noires n'est pas très attrayant, souffla le demi-dieu de la guerre.

— C'est tout de même étonnant que personne ne réponde à vos demandes, s'étonna Mélandrie.

— Pas tellement. Contrairement à Trémiss, l'académie de magie est réservée à la noblesse. Ceux qui vivent depuis toujours dans le confort des riches n'ont aucune envie d'aller s'enterrer ici. En plus, si tu as soigné tout le monde gratuitement, ceux qui voudraient éventuellement venir ne seraient pas intéressés par de telles conditions et voudraient être payés à la consultation. Hormis les soldats dont les soins seraient pris en charge, les civils ne viendraient pas faute d'argent.

— Mais c'est en phase de changer, ajouta Ronan. Le général est en pleine négociation pour régler ce problème.

— J'ai une question, s'avança Malacine. Les nobles sont des humains comme les autres et l'hérédité n'intervient que très peu dans les capacités d'un individu à user de la magie. Alors pourquoi est-ce que ce domaine leur est réservé ?

— Deux mots. Hypocrisie et contrôle, répondit sèchement Ronan. Hypocrisie car en manipulant des pouvoirs que les autres n'ont pas eu l'occasion d'apprendre, ils se sentent supérieurs et contrôle car ils ont peur qu'une révolte n'éclate si le peuple a accès à une telle puissance. Même sans compter la proximité avec les terres noires, tout est loin d'aller bien dans ce royaume.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant