Chapitre 22

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 Pendant cette deuxième partie du voyage, tout semblait aller pour le mieux. Bien que les ouromanes chassaient aisément la neige devant eux, cela les ralentissait tout de même, ce qui n'était plus le cas ici. Avec plus de nourriture à leur portée, ils étaient aussi plus rapides et plus endurants.

Le climat était aussi plus clément. Il faisait plus chaud et, bien que le nom de plaines venteuses ne soit pas usurpé, la toile tendue en arc sur la charrette les protégeait de ce désagrément. Le nombre de bêtes qui peuplaient ces terres étaient aussi beaucoup plus importantes. Kahina et Harcos ne cessaient de s'étonner de voir, au loin, des troupeaux entiers de ce qui étaient pour eux du gibier et qui se faisait sir rare dans leur propre terre. En suivant le déplacement de l'un d'entre eux, il aurait été facile de nourrir tout un clan sans pour autant que le troupeau ne disparaisse et n'ait pas le temps de se renouveler.

Le mode de vie d'ici n'était cependant pas celui de nomades chasseurs, mais de sédentaires. Plus ils avançaient en direction de l'est et plus les cultures les entouraient. Au milieu de ceux-ci, des orcs se relevaient pour observer les intrus passer tout en se demandant ce que des humains faisaient sur leur territoire. Ils ne semblaient malgré tout pas agressifs et retournaient bien vite à leurs occupations.

— Je ne comprends pas ! s'exclama Harcos, presque en colère. Toute cette nourriture, nous n'avons vu qu'une petite partie des plaines venteuses et pourtant nous en avons déjà vu assez pour nourrir la moitié des clans des tribus humaines ! Pourquoi vivons-nous dans la misère alors que eux s'empiffrent et que les plaines venteuses pourrait accueillir tous les peuples ?

— Il doit y avoir plusieurs explications à ça, s'avança Mélandrie. Je ne suis vraiment pas une experte dans ce domaine, mais nous devons être tombés pendant la saison des récoltes. Si cela donne l'impression que la nourriture s'y trouve à profusion, il faut aussi se dire qu'elle n'est pas faite pour être consommée directement, mais doit tenir pour toute l'année.

— D'accord, mais tout de même...

— Il y a aussi le problème de l'énergie limité que peut donner la terre-mère. Les champs tels que ceux-ci ne doivent pas être trop nombreux ou bien elle ne pourra pas tous les nourrir.

— Il n'y a qu'à abandonner les autres terres, ainsi, elle ne perdra pas d'énergie à essayer de les faire survivre.

— Tu oublies que nous ne sommes pas les seuls, intervint Kahina. Il y a les animaux qui vivent sur les autres terres, mais il y a aussi d'autres races intelligentes qui ne font pas partie du pacte des cinq tribus. Laisser mourir les montagnes, le désert et les marécages reviendrait à les condamner.

— Si notre mission se retrouve couronnée de succès, il n'y aura bientôt plus ce problème, tempéra Mélandrie en voyant que cette discussion énervait Harcos qui la voyait comme une injustice. Dans le meilleur des cas, tous les territoires deviendront viables.

Si la jeune ange comprenait qu'il puisse ressentir une telle injustice, surtout du haut de ses douze ans, elle se devait de le calmer. Pour l'instant ils n'avaient pas eu à parler à qui que ce soit, mais si ce devait être le cas, elle devait s'assurer qu'il ne crée pas de problèmes.

Tout en discutant avec lui pour régler le problème avant qu'il n'arrive, Scyllia souleva un nouveau point important. Ils recommençaient à traverser des territoires habités, donc devaient passer inaperçu. De ce fait, il était temps de mettre les vêtements fournis par le village.

— On est vraiment obligé ? Souffla Camille.

— Tu préfères ça ou te faire attaquer à vue ?

— J'ai vraiment le droit de répondre à ça ?

— Enfile ces vêtements et considère que tu es en mission d'infiltration ! Insista la soigneuse en lui jetant une tenue au visage.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant