Chapitre 15

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 Totalement paniquée, l'assaillante qui avait vu tous ses compagnons mourir sous ses yeux sans que ceux qu'ils avaient pourtant pris en embuscade ne peinent à se débarrasser d'eux, balançait devant elle son bras et son bâton qui lui servait de masse. Par ce geste, elle voulait sans doute empêcher quiconque de l'approcher, mais cela avait un tout autre effet sur celle qui lui faisait face.

Tel un chat devant lequel on agitait une brindille, Malacine suivait le bâton du regard. La déesse semblait incroyablement concentrée sur le mouvement et, lorsque le bâton passa au plus près dans un énième coup dans le vide, finit par s'en saisir.

Surprise d'être ainsi stoppée, l'assaillante lâcha son arme et tomba à la renverse dans la neige. Elle faisait de la peine à voir, se dit Mélandrie. Contrairement aux autres qui gisaient dans une neige rouge imprégnée de leur sang, elle ne semblait pas taillée pour le combat.

— Bon, je m'en occupe, déclara Camille en s'avançant, épée en main.

— Attends ! s'exclama Scyllia. Tu comptes lui faire quoi ?

— La même chose que pour les autres, répondit-elle avec un haussement d'épaule.

— Ce n'est qu'une gamine !

Tout en ignorant ce que la soigneuse venait de dire, Camille s'approcha de l'adolescente des terres noires et leva son épée au-dessus de sa tête. Sa victime était terrorisée et tremblait de tous ses membres. La lame s'abattit soudain pour en finir, mais plutôt que de goûter au sang de sa victime, le fil de l'épée rencontra plutôt une autre lame sur son chemin.

— Laisse-moi faire !

— Ce n'est qu'une gamine, répéta Scyllia en la repoussant.

— Ça se voit que tu ne vis pas ici. Tu n'as jamais vu des gamines, comme tu dis, égorger des villageois qui ne faisaient que fuir leur pillage. Ils ne sont pas humains, ce sont des monstres !

Croyant sans doute qu'elle avait réussi à la convaincre, la soldate tenta de contourner Scyllia. La soigneuse ne la laissa cependant pas faire et s'interposa de nouveau, échangeant avec elle plusieurs passes sans qu'aucune des deux ne prenne le dessus.

Pendant ce temps-là, Malacine s'était assise dans la neige, à côté de son assaillante. Avec un geste qui se voulait amical, elle plaça une main sur son épaule, puis continua à énoncer les différentes raisons qui faisaient que se battre était mal.

Si, pour Mélandrie, il s'agissait d'un geste amical, la jeune assaillante devait plutôt voir cela comme un moyen de la garder le temps que les deux femmes aient terminé de se battre. Était-elle au moins consciente que Scyllia affrontait son amie pour qu'elle ait la vie sauve ? Peut-être pensait-elle qu'elles se battaient pour savoir qui allait pouvoir en finir avec elle.

Après plusieurs échanges de coups, une feinte de la part de Camille éloigna la soigneuse de celle qu'elle voulait protéger. Sans attendre, la soldate tenta de pourfendre l'habitante des terres noires, mais trouva de nouveau Scyllia sur son chemin. Sortant d'une brume noire dont elle s'était servie pour se téléporter, elle coinça la lame entre les siennes et exerça une pression dessus pour que Camille ne puisse pas s'en libérer.

— Tuer une enfant à terre et désarmée, ça c'est de la bravoure, railla Scyllia. Le dieu que tu dois remplacer doit être fier de toi.

— Je n'ai pas de leçon à recevoir d'une prétendante à la vie que tout un pays appelle la nécromancienne ! Ragea Camille en finissant par dégager son arme.

La situation dégénérait de plus en plus. Les coups se faisaient de plus en plus violents et donnaient l'impression qu'elles se battaient réellement. Il fallait faire quelque chose pour les arrêter, mais quoi ?

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant