Chapitre 24

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 Devant le petit cratère où se dressait avant la pierre des vents, la désillusion et le désespoir étaient total. Les orcs, voyant que leur divinité leur avait été enlevée, tombèrent à genoux, le regard fixé dans le vide.

Seul Mahat bougeait encore dans la pièce qui semblait, pour le reste, figée dans le temps. L'ange aux ailes grises se rendait de corps en corps et inspectait le pouls de chaque orc qui s'y trouvait. Son visage grave montrait cependant qu'aucun d'entre eux n'avait survécu.

— Nous avons échoué, souffla la jeune ange, dépitée. Les terres noires sont condamnées.

— Qu'allons-nous faire ? s'inquiéta un habitant de la ville. Sans la terre-mère à nos côtés, nos cultures vont dépérir.

— Et vous, qui êtes-vous ? Questionna soudainement un autre en se tournant vers ceux qui n'étaient pas de son espèce.

— Je suis... J'étais la messagère de la terre-mère, souffla Mélandrie. Moi et mes compagnons devions trouver un moyen de répartir plus efficacement l'énergie prodiguée par la pierre des vents tout en empêchant les démons de s'en emparer... Nous sommes arrivés trop tard.

Lentement, Mélandrie s'avança pour se tenir là où elle aurait pu toucher la pierre des vents quelques minutes avant. Le trou en face d'elle était parsemé de veines qui pulsaient encore d'une faible lueur bleutée, sans doute les restes de l'énergie distribuée par la pierre. Bientôt celles-ci s'éteindraient totalement et annonceraient officiellement le déclin inexorable de la moitié du continent.

Qu'allait-il advenir de ces peuples ? Ils étaient tous de fiers combattants. Nul doute qu'ils n'allaient pas se laisser mourir et allaient tout faire pour survivre. Le pire scénario était en train de se réaliser. Elle en était certaine, ils allaient s'unir et partir en guerre ouverte contre les humains de l'autre côté de la chaîne de montagne pour pouvoir survivre.

Que devait-elle faire à présent ? Retrouver la pierre des vents au plus vite ? S'il était aux côtés des rois démons il y avait peu de chance que cela arrive. Après que son père l'ai retrouvée, il avait envoyé ses anges passer le plan démoniaque au peigne fin pour retrouver leur trace et même s'ils n'avaient toujours pas terminé, ils n'avaient pour le moment décelé aucune trace d'eux. Partir dans sur ce plan dans l'immédiat n'était pas la bonne chose à faire vu qu'ils pouvaient très bien retrouver le cristal le lendemain comme jamais.

Devait-elle demander d'urgence de l'aide aux humains ? Après tout, s'ils leur tendaient la main avant qu'ils ne songent à les envahir, peut-être que la guerre pourrait être évitée. Un problème majeur se dressait devant elle. Elle pourrait convaincre le roi de Trémiss de suivre ce plan, peut-être que ses relations lui permettraient de rallier d'autres nations, mais elles seraient loin d'être suffisantes. Pour la grande majorité d'entre elles, cette annonce sonnerait comme une bonne nouvelle et les pays limitrophes des terres noires pourraient y voir l'occasion rêvée de leur donner le coup de grâce.

La solution se trouvait-elle au sanctuaire ? Cette ville peuplée d'êtres comme eux était prospère et Senca était un dirigeant à l'écoute. Ses pouvoirs et son savoir pouvaient être la solution idéale pour leur venir en aide.

— Je suis arrivée trop tard, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver toutes ces personnes, murmura-t-elle.

Comme pour adresser cette promesse à la terre-mère, Mélandrie effleura l'une des veines encore emplie d'énergie. Elle sentit alors un picotement partir de ses doigts et recouvrir entièrement son corps. La sensation n'était pas douloureuse, mais tout de même dérangeante et surprenante, si bien qu'elle avait retiré sa main par réflexe.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant