Chapitre 18

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 Escortés par le second groupe qui les aurait sans doute attaqués sans l'intervention de la jeune prêtresse et son insistance pour ne pas leur faire de mal, le groupe se dirigeait vers le village de leur clan. La confiance était encore loin de régner et Mélandrie, ainsi entourée, avait plus l'impression d'être une prisonnière.

Après plusieurs dizaines de minutes, ils finirent par sortir de la forêt de conifère. Comme du côté des terres humaines, la neige se fit plus importante dans la plaine et ralentit leur progression. Les guerriers des terres noires prirent la direction du sud-est, là où s'élevait au loin de la fumée. Ils ne semblaient pas paniqués, ce qui voulait dire que ces volutes devaient être normales.

— Un village entier de ces barbares, souffla Camille. Le combat ne va pas être facile.

— Il n'y aura pas de combat, assura Mélandrie. J'ai confiance en Kahina.

— Moi pas, grinça-t-elle.

— De toute façon, nous voulions nous rendre à leur village avant que ce groupe ne nous tombe dessus, ça ne change rien pour nous, commenta Alex en haussant les épaules.

— La seule différence est que nous sommes attendus, s'avança Scyllia. L'un de ceux de ce deuxième groupe est parti en avance. Je sens qu'ils sont en train de se rassembler.

— Combien sont-ils ? s'enquit Ronan.

— Je ne peux pas dire précisément. Cent... Peut-être cent-cinquante. Par contre, je ne peux pas distinguer ce qu'ils sont. Parmi eux, il doit bien y avoir des enfants ou des personnes qui ne sont pas aptes à se battre.

— Et ils se rassemblent tous ?

— À quelques exceptions près, oui.

— Pour moi, c'est engageant, se dit la jeune ange. Si c'est tout le village qui se rassemble, même ceux qui ne peuvent pas se battre, c'est peut-être qu'ils ne veulent pas combattre.

— N'oublie pas qu'ils leur apprennent à se battre dès qu'ils savent marcher, contredit Ronan. S'ils nous prennent pour des envahisseurs, il ne serait pas étonnant que tout le monde prenne les armes pour nous tuer. Personnellement, je reste sur mes gardes.

— Comme nous tous, affirma Scyllia.

— Ah bon ? Pas moi, commenta Malacine.

Comme à son habitude, Malacine semblait être totalement à côté de la situation et ne comprenait pas les inquiétudes de ses partenaires. Pour un être immortel comme elle, ou du moins ne craignant rien de la part des mortels, ce genre de préoccupation lui échappait totalement.

— Je comprends que vous soyez ainsi, mais n'agissez pas sans que je vous le dise, demanda Mélandrie.

— Et pourquoi ça ? Questionna la soldate.

— Parce que vous ne les comprenez pas et que vous pourriez vous méprendre sur leurs intentions.

— C'est vrai, admit-elle. Cependant, si l'un d'eux nous charge, je n'hésiterai pas, prévint la prétendante à la bravoure.

— Évidemment. Je ne vous demande pas de ne pas vous défendre, mais de ne pas réagir s'ils haussent un peu le ton.

Cette mise au point faite, le groupe resta silencieux et continua à s'approcher du village. Peu à peu, les habitations se dessinèrent au loin. Elles n'étaient ni en bois ni en pierre, mais plutôt en toile ou en peau. Leur mode de vie dans ces terres ne devait pas leur permettre de rester toujours au même endroit, ce qui faisait que ces types d'habitations étaient plus adaptés à leur mode de vie.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant