Chapitre 14

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 Cela faisait déjà plusieurs heures que le groupe avait quitté le village pour prendre la direction de l'est. Si les premières minutes s'étaient passées sur une route pavée, ils l'avaient bien vite quittée pour marcher dans une herbe épaisse qui ne devait pas voir passer beaucoup de monde.

Cette étendue verte s'était peu à peu drapée d'une couche de neige qui, à mesure qu'ils avançaient, devenait de plus en plus épaisse. Le froid était mordant et Mélandrie sentait l'humidité rentrer dans ses bottes et lui geler les pieds tandis que la neige lui arrivait jusqu'aux genoux.

Si Camille et Ronan paraissaient imperturbables, comme si les éléments n'avaient pas de prise sur eux, il n'en était pas de même pour Scyllia et Alex. Sans doute un peu trop habitués au confort de la ville, ils peinaient à avancer sans pour autant être dans l'état de la jeune ange.

— Ça va Mel ? s'inquiéta la soigneuse en la voyant grelotter malgré ses vêtements chauds.

— Je vais bien, assura-t-elle. C'est juste que je ne suis pas habituée à ce genre de températures. Il n'y a pas ce genre de climat sur le plan démoniaque.

— Nous allons bientôt arriver à la forêt qui marque la frontière avec les terres noires, indiqua Ronan. Nous serons à l'abri du vent et la neige sera moins épaisse.

— Toute cette partie des terres noires est comme ça ? Questionna Mélandrie

— Nous ne contre-attaquons que très peu, mais de ce qu'on sait, le temps y est encore plus rude, répondit Camille.

Voilà qui semblait rassurant. La jeune ange était déjà frigorifiée alors qu'ils n'étaient partis que depuis quelques heures et on lui promettait que cela n'allait faire qu'empirer. Même s'il ne faisait pas vraiment chaud non plus là-bas, elle regrettait déjà le dortoir de la caserne et redoutait les nuits qu'ils allaient devoir passer dans la nature et par ce froid.

— Il va falloir t'y habituer, nous ne sommes pas près de quitter ce climat, dit sèchement Ronan en voyant qu'elle avait du mal à avancer.

— Allons, comprend-la un peu, la défendit Alex. Comme elle l'a dit, elle n'a jamais eu à affronter ces températures.

— Si vous vouliez être au chaud, vous auriez dû passer par le sud-est du continent. Le passage qui s'y trouve mène à un désert.

— Mais je ne me plains pas ! Se défendit la jeune ange. C'est vrai, j'ai les pieds gelés. C'est vrai, je n'arrive pas à me réchauffer. C'est vrai, j'ai du mal à avancer avec cette couche de neige, mais je ne me suis pas plainte ! Tout ce que j'ai fait, c'est répondre à Scyllia qui me demandait si j'allais bien.

— Excuse-le, il n'est plus habitué à marcher ainsi avec des civils, dit Camille. Même ceux qui tombent en garnison ici ne partent pas aussi rapidement dans ce genre d'endroit en patrouille et ont un temps d'adaptation.

Personne ne voulant ajouter quelque chose à cela, le silence retomba sur l'étendue blanche qu'ils traversaient. Au loin, une discrète ligne verte se dessinait à l'horizon. Ce devait être la forêt dont ils parlaient. Ils allaient bientôt arriver dans les terres noires.

Soudain, sorti de nul part, Mélandrie sentit une douce chaleur se répandre depuis son dos et parcourir tout son corps. Cette sensation était des plus agréables et couvrait tous les inconvénients de cet endroit. Mieux, elle avait l'impression de se trouver dans une maison, installée près de l'âtre d'une cheminée.

Était-ce un nouveau pouvoir qu'elle avait développé ? La provenance de cette chaleur venait effectivement de ses omoplates d'où sortaient ses ailes, mais elle sentait quelque chose de différent, comme une légère pression. En se retournant pour voir si quelque chose d'extérieur était à l'œuvre ou si cela venait d'elle, la jeune ange aperçut effectivement Malacine qui la regardait avec un large sourire. Ses mains étaient posées sur son dos, à l'endroit exact où elle sentait la chaleur se diffuser.

Mélandrie tome 3 : Les terres noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant