Mélandrie tome 3 : Les terres noires

Chapitre 5

 Après leur balade dans les jardins en lévitation, le couple composé d'un démon et d'une ange avait continué sa journée par une visite de la ville. L'endroit le plus étonnant où ils s'étaient rendus était sans aucun doute le quartier troglodyte, lui aussi en lévitation sous le jardin qu'ils avaient parcouru.

Tous deux s'attendaient à des galeries sombres, mais c'était loin d'être le cas. Ces montagnes flottantes étaient en grande partie creuses. Les habitations étaient alignées sur les bords de ce vide dont une route parcourait les parois en une spirale pour atteindre chaque entrée creusée dans la roche.

Bien que cet endroit était fait pour les créatures qui n'appréciaient pas la lumière extérieure, de nombreux cristaux diffusaient une lumière violette qui permettait aux êtres non nyctalopes de s'y retrouver. Le plus imposant de ces cristaux se trouvait au sommet de la structure et, tel un chandelier, illuminait le tout de cette lumière qui ne dérangeait pas les habitants.

Si se trouver sous terre pouvait donner un sentiment d'oppression, ça n'était pas le cas ici pour Mélandrie qui trouvait ce quartier absolument fabuleux. Les dirigeants avaient vraiment pensé à tout pour que tout le monde puisse s'intégrer et avoir une vie paisible dans leur ville. Cela se voyait d'ailleurs par le nombre d'espèces différentes qui n'avaient pas spécialement besoin d'un tel habitat, mais qui s'y trouvaient tout de même pour côtoyer les habitants de ce quartier loin d'être livré à lui-même.

Une fois la visite de ce quartier terminée, la jeune ange et le démon redescendirent dans les quartiers qui se trouvaient sur la terre ferme et se mirent à la recherche de la boutique où Kimiri avait trouvé du travail.

Dans les rues, tous deux ne passaient pas inaperçus, main dans la main. Les passants et les habitants se retournaient lorsqu'ils arrivaient à leur niveau et illuminaient leur visage d'un sourire, bien que cela soit plus difficile à déceler chez certaines espèces. Sans doute pensaient-ils que leur couple était formé d'un démon et d'une humaine, pensa-t-elle. Toute relation de ce genre ne pouvait qu'être un pas de plus vers l'acceptation de leur ville par le monde extérieur. Ou bien étaient-ils tout simplement heureux de voir deux jeunes gens insouciants se balader main dans la main, se dit-elle aussi.

Après une longue marche qui les avaient menés au quartier attenant à celui où les anciens habitants de la ville d'Amyr avaient élu domicile, Mahat désigna une petite échoppe qui ne payait pas de mine et y pénétra. La devanture et l'intérieur ne laissaient aucun doute sur la nature de ce qui y était vendu. Il s'agissait d'une boutique d'alchimie.

— Bonjour ! Salua une créature humanoïde, à la tête reptilienne et la peau écailleuse qui oscillait entre le bleu et le vert de derrière son comptoir. Que puis-je faire pour vous ?

Quelque peu perturbé, Mahat tourna son regard en direction de Mélandrie. C'était tout à fait normal. Vu le nombre de créatures différentes qui habitaient cet endroit, il avait été décrété que la langue commune serait celle des humains et le démon ne l'avait pas encore apprise. Il n'avait donc pas compris ce qu'il venait de dire.

— Nous sommes à la recherche d'un ami qui est arrivé récemment. De ce qu'on nous a dit, vous l'auriez engagé comme apprenti alchimiste.

— Kimiri ?

— Oui, c'est lui !

— Je dois dire que je ne regrette pas de l'avoir engagé. Malgré la barrière de la langue, son envie d'apprendre et sa joie de vivre est communicative. Depuis qu'il est là, l'atelier est bien plus animé. Si vous voulez bien patienter, je vais aller voir s'il a terminé.

Tandis que l'homme-lézard partait dans l'arrière-boutique, Mahat demanda des explications à Mélandrie. Celle-ci lui résuma simplement ce qu'elle venait d'entendre en lui disant que leur ami avait l'air de se plaire ici et que son employeur était content de lui.