Chapitre 3

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Une infirmière vient de me conduire dans un bureau, ça fait peut-être un bon trois-quarts d'heures que j'attendais dans la chambre. J'entre dans la pièce, la fenêtre est ouverte, heureusement, et je prends place sur une chaise. J'attends encore un peu avant que le psy et le lieutenant entre dans la pièce. C'est moi la plus proche de la porte, ça me rassure, et elle n'a pas été fermée à clé.

-Bonjour Amanda. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Demande le psy. Le lieutenant Davies m'a prévenu du fait qu'il vous a informer du décès de vos parents.

-C'est vrai. Et je me sens ... je ne sais pas comment décrire ce que je ressens.

-On réussira à trouver les mots, ne vous inquiétez pas. Aujourd'hui, on va juste vous écouter, puisque vous voulez vous exprimer. Vous pouvez parler comme vous voulez, essayez juste d'être clair sur quand les choses se sont passés.

-D'accord.

Je hoche doucement la tête et j'essaie de remettre dans l'ordre tout ce que j'ai envie de dire, je commence par le début : mon enlèvement et mes premiers instants dans cet enfer. Je prends mon temps pour raconter, regardant mes doigts alors que j'entends le bruits de stylos sur du papier. J'essaie de donner des détails, mais j'ai beaucoup de mal à trouver mes mots. Je n'insiste pas, j'ai déjà parlé du viol. Ils n'ont pas besoin de tout savoir je pense. Je ne raconte que ça, que ce début, je n'ose pas aller plus loin pour le moment.

-Vous vous arrêtez là ? Demande le psy.

-Oui.

-Vous avez déjà raconté beaucoup, c'est très bien. Vous pouvez venir me voir quand vous le désirez, quand vous avez besoin de parler. 

-Merci. Pas de question ?

-Non. Et rien d'autre à dire. 

-D'accord. Si le lieutenant est d'accord, vous pouvez y aller.

Je regarde le lieutenant, il ferme son carnet et me regarde à son tour.

-On a déjà un bon début, surtout sur le mode d'enlèvement et de soumission. Vous pouvez y aller, pas de soucis.

-Merci.

Je me lève et sors de la pièce, mais ma curiosité est piquée, alors je reste contre la porte, un peu entrouverte. 

-Bordel, qu'est-ce qu'elle a vécu !

-Et à quinze ans. Qu'est-ce que mes collègues ont bien fait de mettre une balle entre les deux yeux de ce monstre ! 

-Et la femme ? Tu l'as trouvé ?

-Pas encore. Elle a fuit trop rapidement.

La femme ? Oh non ! C'était la pire de tous : une femme sans coeur, violente, qui nous tabassait et nous humiliait tout le temps. Et elle n'hésitait jamais à entrer dans les chambres alors que nous dormions, nous violer à son tour, nous droguer encore plus qu'on ne l'était.

-J'espère que vous allez vite la trouver. 

-Ouais. Et quoi qu'il en soit, il ne faut rien dire à ces jeunes femmes. J'ai pas envie qu'elles soient terrifiées et qu'elles se taisent par peur.

Effectivement, je n'aurais jamais du entendre ça ... Elle est encore libre, elle peut revenir nous faire du mal !

-Tu sais où elle va aller quand l'hôpital autorisera sa sortie ?

-Dans un foyer normalement. On a pas encore tout préparé pour son départ. D'autant plus qu'il faut aussi penser à la sécurité et au fait que je vais la voir régulièrement en rendez-vous.

Retrouve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant