Chapitre 4

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   Faisant vrombir une dernière fois Le moteur de sa moto noire chromé, Chris Swort se gara sur le bord de la chaussée. Retira son casque à motif rouge et attacha une lourde chaîne, servant d'antivol, à l'une de ses roues. Il tira sur la fermeture Éclair de son blouson en cuir et dévoila un teeshirt blanc qui redessinait à la perfection ses abdominaux volumineux.
   Le jeune homme était l'exemple même de l'américain pur jus. Grand blond à la carrure d'un athlète professionnel. Des yeux noir, profond et intense comme celui d'une onyx. Une voix grave, et des airs de bad-boy.
   Chris Swort plaisait, et il Le savait.  
   Cependant, il n'en profitait nullement auprès des filles. Au contraire, il fuyait presque comme la peste ces êtres qu'il considérait inférieur. Jamais aucunes n'avait trouvé grâce à ses yeux. Et quand bien même il en aurait laissé une s'approcher de lui, il savait par avance que ça ne fonctionnerait pas. Un jour ou l'autre, elle finirait pas devenir intéressante.
   Même sa propre mère s'avérait être un véritable fardeau. La pire femme qu'il n'ai jamais rencontré.
   Un rictus au coin de ses fines lèvres, Chris refusa de songer à l'être abominable qui l'avait mit au monde. Et alors qu'il posait Le pied sur le trottoir, balaya les alentours de son regard dur.
   Il le remarqua instantanément. Là-bas, vêtu d'un blouson, d'un jean et de bottes noirs, un nouvel élève se dirigeait vers l'entrée. Un type immense, battit comme une armoire à glace et assez vieux pour être son père, l'accompagnait.
   Chris plissa les yeux, de sa position et avec le passage d'élèves, il n'arrivait distinctement à voir Le visage du nouveau. Alors qu'il s'éloignait d'un pas nerveux, il passa une main dans ses épais cheveux de jais.
   Le rictus naissant de Chris s'élargit. Il ne savait pas pourquoi, mais il n'aimait déjà pas Le jeune homme.

   Lila arriva en retard. Elle avait loupé le bus et avait du attendre une vingtaine de minutes que Le prochain passa. L'un des inconvénients à vivre presque en dehors de la Ville, les transports en commun devenaient rare.
   Pressant un peu plus Le pas, Lila poussa la porte en verre d'un des bâtiments de l'aile droite du lycée. Elle franchit une première série de marches, tourna à droite et longea un étroit couloir.
   Par chance elle avait biologie en première heure. Et si M. Hudson ne changeait pas son habitude, ils arriveraient en même temps.
   - Eh bien Sweitcher, on t'as jamais dis que ce n'était pas bien d'arriver en retard ?
   Lila venait de franchir la dizaine de marche qui s'étaient dressés devant elle quand la voix masculine raisonna dans son dos. Elle se retourna et à la vue du visage carré et des yeux sombre et mauvais, se mit à jurer. La lassitude la prit et elle croisa les bras sur sa poitrine.
   Chris Swort n'avait jamais été son meilleur ami, pour ne pas dire son ennemi juré. Ils se connaissent depuis l'enfance et pour une raison sur Lila ne saisissait pas, il l'avait toujours détesté.
   Pire même, il ressentait de l'animosité envers sa personne.
   Plus jeune, il s'était toujours arrangé pour lui rendre la vie. Elle en avait même fini par se demander si son besoin d'isolement ne venait pas des humiliations publiques qu'il lui avait infligé.
   Elle aurait pensé qu'en grandissant, il prendrait en maturité et finirait par la laisser tranquille. Qu'elle idiote elle avait été de songer pareille chose !
   - J'ai rien à te dire Chris, dit fermement Lila.
   Sa rébellion l'amusa et Chris d'un prit d'un petit rire. Il franchit les marchés qui les séparaient et Lila recula, son dos heurtant le mur en crépis blanc.
   Une certaine crainte l'envahit eh son poul s'emballa, mais avec le temps elle avait appris à cacher sa peur. Elle apportait bien trop de satisfaction à Chris.
   - Tu sais, au fond, j'aime te rendre dingue, Lila.
   Il avait prononcé son prénom dans un souffle qui lui provoqua un sentiment de dégoût. Le corps robuste de Chris s'approcha un peu plus d'elle et bientôt elle se retrouva prise dans un étau. Prise au piège entre Le mur et ses épaules noueuses.
   Un doigt long et épais suivit la ligne de sa mâchoire avant de lui tenir le menton. Chris la maintant ainsi avec force, mais elle ne tenta même pas de résister, elle se savait vaincue.
   Les yeux noirs luttent d'un éclat malsain.
   - Au fond, murmura Chris en plongeant dans ses yeux, j'aime te savoir soumise. Tu es si facile.
   Lila voulut répliquer, mais il lui tenait si fermement le menton qu'elle ne parvient quasiment pas à articuler.
   Soudain, un peu plus loin dans le couloir, des bruits de pas raisonnèrent. Chris n'y porta pas attention, bien trop occupé à jouer de sa force sur Lila. Mais la jeune fille les sentait se rapprocher.
   Au pied des marches, un jeune homme à l'envoûtant regard bleuté et aux épais cheveux noir fit son apparition. Il se stoppa net, interloqué par la scène qui se déroulait devant ses yeux. Lila lui adressa un regard de panique par dessus l'épaule de Chris.
   - Tout vas bien ? demanda le jeune homme en grimpant quelques marches.
   Lâchant Lila dans un geste brutal, Chris se retourna et Le considéra d'un œil mauvais.
   - Merci Dartagniant, mais je me souviens pas t'avoir sonné.
   Le ton de Chris s'était fait hautain, comme à son habitude. Mais cette fois Lila doutait qu'il fasse taire son interlocuteur.
   Si Chris était musclé tel un rugbyman, Le Brun aux yeux bleus était un véritable bulldozer. De lui émanait une puissance presque bestiale. Ses mains larges et robustes semblaient être prête à vous briser la nuque.
   Il était aussi redoutable et intimidant qu'un félin.
   Et aussi incroyablement beau, remarqua Lila, déconcerté. Elle qui s'était toujours refusé de poser les yeux sur quelqu'un, se sentait désormais boulversé par un simple physique.
   Chris, qui faisait encore barrage de son corps s'écarta de Lila. Elle sentit la pression se relâcher dans ses épaules lorsqu'elles s'affaissèrent brusquement.
   - Je t'ai dis de dégager, gronda-y-il  en s'approchant du jeune homme.
   Le mouvement de sa cage thoracique fut d'abord imperceptible, puis prit de l'ampleur. Sa mâchoire se contracta, ses joues se creusèrent.
   Chris eut un petit rire railleur.
   - Qu'est-ce qui a t'as perdu ta langue Le nouveau ? Ça te plait pas ce que je te dis ?
   La tension grandissante qui arpentait le corps du brun semblait atteindre son apparence. Ses yeux avaient prit un air sauvage et, l'espace d'un instant, Lila avait cru y déceler une pointe d'ambre flamboyante. Ses muscles bandés, paraissaient avoir doublé de volume. L'on aurait dit qu'il allait se transformer en un monstre surpuissant.
   Contrairement à Lila, Chris ne se rendait pas compte de l'étrangeté de la scène et l'orgueil et Le mépris continuaient de sillonner fièrement ses traits.
   Lila n'osa bouger, sidéré par la menace que représentait subitement le jeune homme. Il était devenu au moins aussi dangereux qu'un semi-remorque chargé de C4.
   - Je vais partir.
   La voix du brun était grave et dans ses intonations rauque, il semblait souffrir Le martyre.
   Cette surprenante réalité surpris Lila. Qu'était-il entrain de se jouer sous sa boîte crânienne ?
   Il fit volte face si rapidement que l'adolescente eut du mal à suivre Le mouvement des yeux.
   Un sifflement retentit.
   - Personne ne tourne le dos à Chris Swort.
   Le sang de Lila ne fit qu'un tour. Chris était-il donc si stupide que ça ? Visiblement oui, comme, il bondissait sans un bruit sur le dos du nouveau.  Ils roulèrent dans l'escalier tel un amas de pieds et de jambes.
   Et, alors que Chris peinait à se relever de sa chute, son adversaire était déjà debout. Son apparence monstrueuse glaçant le sang de Lila.

La meute de l'Aldeauh Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant