Adieu

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Mikey ne sait pas combien de journées il a passé entre les quatre murs de ce hall d'hôpital. Il a fini par connaître le nombre exact de petites fleurs sur la tapisserie qui séparent chaque affiche, a pu essayer chaque siège en forme de grenouille et choisir son préféré. Il a pu dormir avec chaque peluche qui se trouvait dans la corbeille et choisir sa préférée. Il a pu lire un certain nombre des livres pour enfants disponibles dans la bibliothèque, dont les pages sont abîmées et cornées, certaines sont jaunies par le temps et il y en a de nombreux auxquels il manque des pages. Il connaît le nom de chacun des infirmiers et infirmières, connaît leurs horaires et reconnaît leur façon de marcher dans les couloirs.

Il ne sait pas combien de journées il a passé ici, majoritairement seul, à attendre comme un connard.

Il y a quelques jours, alors qu'il était proche de s'endormir, un des enfants de l'hôpital est venu s'asseoir près de lui pour feuilleter les pages d'un des livres. Mikey l'a regardé faire et après quelques minutes de silence, il lui a proposé de lui lire l'histoire. Alors l'enfant a hoché la tête et le jeune homme s'est redressé, a retiré la couverture qui le couvrait pour prendre l'enfant sur ses genoux et lui raconter ce qu'il se passait.

Les jours ont passé et de plus en plus d'enfants venaient pour l'écouter lire les livres tout haut. A vrai dire, vu le nombre de pages manquantes dans les livres, Mikey a rapidement décidé d'inventer ses propres histoires pour remplacer le vide. Avec les mêmes pages, il pouvait en raconter des dizaines différentes.

Mikey aime les regarder ouvrir de grands yeux, ouvrir la bouche sous le choc de certaines histoires et il mentirait si il disait qu'il n'aime pas quand certains lui demandent de changer d'histoire parce qu'ils ont trop peur du monstre qu'il décrit. Alors souvent, il change ses plans, pour que l'histoire soit plus douce, moins violente.

Il aime regarder les enfants sourire et rire en l'écoutant. Il aime sentir leurs mains se serrer sur son pantalon quand ils ont trop peur. Il aime répondre à leurs questions une fois l'histoire terminée, il aime les entendre en discuter, quand ils marchent dans le couloir, plus tard. Il aime que les enfants se battent pour choisir le livre qu'il va leur conter. Il aime créer des personnages en s'appuyant sur le caractère de Draken, Mitsuya ou Baji. Il aime dire des phrases qu'il a entendu sortir de leurs bouches. Parfois, il rit au beau milieu de l'histoire parce qu'il se souvient du contexte dans lequel il a entendu ces mots à la base.

Mikey finit par passer ses journées entières à raconter des histoires, parce qu'il y a toujours au moins un enfant qui le lui demande. Puis d'autres arrivent, repartent. Et vers midi, chaque jour, ils doivent tous partir manger. Alors Mikey fait de même et il a des repères dans la journée.

Bientôt, les proches des enfants viennent aussi écouter ses histoires. Parce que les enfants veulent sortir de la chambre et qu'ils finissent toujours par tirer un siège pour l'amener près de Manjiro et écouter son histoire, même s'ils arrivent au beau milieu. Alors leurs familles viennent aussi et souvent ils lui parlent, une fois qu'il a fini son livre. Ils lui demandent son prénom, s' il va bien, s' il fait partie de ceux qui sont hospitalisés ici. Et Manjiro ne répond pas vraiment à la dernière question, parce qu'il n'a pas envie de dire qu'il est là pour un ami, qu'il est là parce qu'il n'a pas le droit d'entrer dans la chambre. Depuis quelques jours, les familles des enfants lui ramènent parfois des chocolats ou des bonbons, pour le remercier et il essaye toujours de refuser. Parce que finalement, il n'a pas besoin de recevoir de remerciements. Il fait tout ça aussi pour lui. Ça l'occupe, il aime bien.

Lorsqu'un des membres du Toman passe à l'hôpital pour voir Draken, ils ne lui parlent que lorsqu'il n'est pas en train de lire une histoire. Parfois, ils s'arrêtent pour l'écouter.

dégénérescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant