les fleurs éclosent et tu es toujours là

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"Je t'aime. Et je suis désolé de ne pas te le dire assez."

Draken lève les yeux de son livre, lentement. Il est assis au sol, sous la fenêtre de sa chambre. Il fait beau, le soleil se couche lentement et laisse de fins rayons aux teintes rosées traverser le rideau et éclairer la pièce. Son regard suit la jambe de Mikey, pendant au dessus de lui, parcourt le dessin de son corps en contre-plongée, jusqu'à son visage, tourné vers l'extérieur. Il est assis sur le rebord de la fenêtre, le léger vent de dehors joue dans les quelques mèches blondes échappées de son chignon. Draken le regarde, et il a le sentiment qu'il ne regrettera jamais une seconde passée à pouvoir admirer le jeune homme au-dessus de lui. C'est comme si le monde entier s'évanouissait pour se reconstruire avec une teinte plus douce, plus délicate, comme si les couleurs se fondaient mieux entre elles pour renaître en harmonie.

"Comment ça ?"

Enfin, leurs yeux se croisent. Le regard de Mikey ne reste pas aussi longtemps plongé dans celui de Ken que les deux le souhaiteraient. Un silence s'installe, Draken hausse un sourcil et secoue lentement la tête, alors qu'un délicat sourire se glisse sur ses lèvres. Et il ne le contrôle pas; il naît sur ses lèvres, comme son coeur bat plus vite, plus fort lorsque leurs regards se croisent. Rien n'est plus naturel que ressentir cet amour.

"Tu me le dis. Ce n'est pas parce que tu ne le formules pas avec ces mots que tu ne le dis pas. Tu me dis que tu m'aimes quand tu me demandes si j'ai mangé assez, si j'ai assez de couvertures pour dormir, quand tu t'assures que mes pieds sont bien au chaud sous le plaid. Tu me dis que tu m'aimes quand tu m'écoutes te raconter des trucs inutiles et inintéressants, tu me dis que tu m'aimes quand tu hausses les épaules pour me laisser choisir. Tu me dis que tu m'aimes quand tu restes près de mon thé en train d'infuser pour être sûr que ce ne soit pas trop amer, quand tu passes tes mains dans mes cheveux, quand tu me demandes quelle couleur de serviette je veux, quand tu me laisses choisir ce qu'on va regarder. Tu me dis que tu m'aimes quand tu t'assures une fois, deux fois, trois fois, que je vais bien, que je suis heureux, que les choses se passent bien. Quand tu me fais chier pour que je mette une veste pour sortir, quand tu t'assures avec moi que j'ai ce qu'il faut pour aller en cours. Tu me dis que tu m'aimes quand tu manges, quand tu vas en thérapie, quand tu fais tout pour aller mieux, quand tu te forces à sortir pour que je sois pas seul."

Un léger silence prend de nouveau la pièce. Draken lève les yeux de nouveau et il remarque que le jeune Sano n'a pas bougé. Son regard est toujours fixé sur l'extérieur, sur la rue en bas de l'immeuble.

"Est-ce que c'est assez ?"

Et Draken s'y attendait. Il aurait pu étoffer une liste de dix formulations différentes pour cette question.

"Oui

- Alors tout va bien."

Mikey baisse enfin la tête pour regarder le jeune homme à ses pieds. Il pose son regard sur Draken, sur son sourire et les fines ridules au coin de ses yeux. Tout va bien.

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Pas assez, pas méritant, pas assez, pas légitime

Un, deux, trois

Compter sur ses doigts, le pouce contre l'index, l'index contre le majeur, le majeur contre l'annulaire, un, deux trois

un deux

annulaire, majeur, majeur, index, index

trois

Chifuyu passe ses mains dans ses cheveux et il ne sait pas il ne comprend pas pourquo

pourquoi le temps passe si vite pourquoi le

temps passe si lentement

pourquoi le monde est soudainement autant teinté de violence et de

dégénérescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant