dégénérescence

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Draken inspire, expire lentement.

Il n'a aucune idée de ce qu'il fait là, il n'a aucune idée de ce qu'il est censé faire. Il est assis sur une des marches devant le sanctuaire et il regarde la cour devant ses yeux se remplir petit à petit.Il observe ceux dont il connaît le visage, qui composent finalement son seul repère.

Il n'a rien osé dire lorsqu'un certain "pah-chin" a commencé à s'engueuler avec Baji. Parce que Pah-chin a insisté pour monter le fauteuil roulant et que Baji a décidé que c'était "complètement con, il va bien falloir que Ken remarche correctement un jour de toute façon". Parce qu'après tout Baji n'a pas tort. Et puis, l'avantage des escaliers, c'est qu'à tout moment il peut s'asseoir pour reprendre des forces. Il n'a pas vraiment trouvé quoi répondre lorsque Nahoya lui a demandé s' il allait bien. Il n'a pas vraiment trouvé comment réagir lorsqu'il a entendu son surnom, à plusieurs reprises, dans la foule qui se constitue petit à petit.

Alors, de loin, il observe Mitsuya qui se tient droit devant lui, face à la foule, en bas des marches, les bras croisés sur la poitrine. Mitsuya est silencieux, se retourne parfois pour le regarder, lui adresser un sourire et, la plupart du temps, lui demander si ça va. Il observe Chifuyu, dos à la foule, les mains dans les poches de son pantalon, en train de parler avec Baji.

Draken est assis et il attend. Il attend que le temps passe, il attend que quelque chose arrive, mais il ne sait pas vraiment quoi. Au cours de ces dernières semaines, Draken a longuement et souvent entendu parler du Toman, sans vraiment savoir à quoi s'attendre, sans vraiment savoir ce que tout cela représentait. Face à la foule, il se rend compte. Il réalise. Et il se demande comment il a pu faire face avec confiance à tout ce monde un jour puisque c'est ce que lui ont décrit les garçons à plusieurs reprises. Il se demande où il a pu trouver le courage de s'imposer devant tant de gens.

Draken tique un instant de la lèvre.

Un sourire béat se glisse sur son visage.

Il baisse la tête, se pince les lèvres.

Manjiro Sano.

La nuit est tombée sur Tokyo.

Lorsque Draken relève la tête, c'est parce qu'il entend des pas s'approcher de lui. Il lève les yeux, les pose sur Chifuyu qui se met à sa hauteur. Mitsuya se tourne vers eux, grimpe les quelques marches qui les séparent pour pouvoir les rejoindre et connaître la réponse à la question qu'il se préparait de toute façon à poser, pour la dixième fois depuis qu'ils sont arrivés ici. Mais c'est Chifuyu qui prend la parole, sa voix couvre à peine le son de la foule :

"Ca va ?"

Draken hoche lentement la tête avant de lui adresser un sourire, puis rapidement détourner le regard pour le poser sur la ville, en bas.

"Ca va. C'est.. Impressionnant."

Chifuyu ne peut empêcher un sourire de se glisser sur ses lèvres à ses mots, hochant la tête. Mitsuya rit doucement, décroisant les bras de sa poitrine pour glisser les mains dans ses poches alors qu'il tape la jambe du blond du bout de son pied :

"Tu faisais grave le malin avant, pourtant. Je te jure que tu faisais de grandes tirades à n'en plus finir devant toutes ces personnes."

Mitsuya se redresse, prend une grande inspiration avant de faire face, de nouveau, à la foule. Il l'observe quelques secondes, silencieux, avant de laisser un sourire se glisser de nouveau sur ses lèvres. Et il hoche lentement la tête, les mots lui échappent des lèvres dans un murmure :

"Ca fait du bien de retrouver ça."

Alors Draken fait de même, pose ses yeux sur les membres du Toman qui s'étendent devant eux. Et il ne sait pas. Il ne sait pas mais ses lèvres s'entrouvrent et il fronce les sourcils. Sa gorge se serre, se noue. Il cligne des yeux à plusieurs reprises, a l'impression de comprendre soudainement quelque chose. Il a le même sentiment que lorsqu'il comprend une formule de mathématiques et que tout fait sens. Il a le même sentiment que lorsqu'on lui donne une information qui fait que tout tombe sous le sens. Il lève les yeux vers Chifuyu, l'observe de longs instants en silence.